La semaine s'écoule, et je suis assez fière de pouvoir dire que j'ai tenu le cap ! J'ai cumulé 6 heures de colles, me suis fait expulser de 2 cours, et j'ai séché tous les cours de 8h à 10h, histoire de pouvoir faire la grasse mat'. Vive le pensionnat !
Je n'aime pas sentir le regard des autres sur moi, mais au moins quand je dors, je leur échappe. Damien a essayé de venir me parler à plusieurs reprises, mais je l'ai ignoré. Il est quand même incroyablement tenace...
Olivia ne m'a pas reparlée depuis l'autre soir, et nos deux colocataires l'imitant, il règne en permanence un délicieux silence dans notre chambre.
La belle vie quoi.
Je me réveille à midi. Est-ce que je n'abuse pas un peu, là ?
Nooon.
C'est la faim qui m'a réveillé, et me pousse hors des dortoirs. Dans la cafétéria, plusieurs têtes se tournent sur mon passage. C'est incroyable le soulagement que je tire de me dire que je n'en ai rien à foutre de ce qu'ils pensent. Je ne leur donne pas le droit de m'atteindre.
Même la cantinière me regarde bizarrement, et je note mentalement : me balader en pyjamas, c'est peut-être un peu trop. Je récupère mon plateau, et sors de la cafétéria avec, en passant devant le grand panneau rappelant qu'il est interdit de partir avec de la nourriture.
Si j'avais su plus tôt que c'était si simple d'être libre.
Je suis de retour dans ma chambre depuis une quinzaine de minutes, quand les hauts parleurs du couloir se mettent à grésiller :
- Lise Otilia Oketch est attendue dans le bureau de madame la principale. Lise Otilia Oketch est attendue dans le bureau de madame la principale.
La voix marque un arrêt, sûrement pour écouter une instruction, avant de compléter.
- Sur le champ.
Je soupire profondément. Qu'est-ce que je dois faire. Je n'ai pas du tout envie d'y aller. En même temps, ça mettrait beaucoup d'huile sur le feu, non ?
Et elle serait très bien capable de venir dans ma chambre si je ne viens pas. Ce qui m'enlèverait la possibilité de sortir en claquant la porte.
Quoi que...
Non, le plus simple est décidément d'y aller. Au moins pour cette fois.
Je fais l'effort de m'habiller, puis traverse tout le bâtiment, le bureau n'est vraiment pas à côté. Ce qui est un gros avantage, étant donné que la principale a déjà bien trop le goût des petites visites impromptues.
Quand j'arrive devant le bureau, la porte est fermée.
Est-ce que je toque ?
Oui, il faudrait.
J'ai pas envie...
Avant que j'aie le temps de mettre ma bonne résolution à exécution, la porte s'ouvre. Je recule précipitamment, et me retrouve nez à nez avec mon prof de maths, et la principale.
Celui-ci me dévisage, un instant. Sa petite moustache, qui me rappelle bien trop les photos de Hitler que nous avons vues en cours d'histoire, se met à tressauter quand il se met à parler.
- On ne vous voit plus beaucoup en ce moment mademoiselle Oketch. Il serait fâcheux que vous ratiez votre baccalauréat quand nos chiffres de réussites frôlent les 100%.
Derrière lui, la principale se racle la gorge, et après l'avoir salué d'un hochement de tête, il s'éclipse enfin, me laissant en tête-à-tête avec le dragon.
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Le marchand de sable
FantasiDans le monde réel, Lise se sent seule, menacée, écœurée des humains. Sa vie quotidienne, elle la passe en apnée, s'accrochant à son secret pour supporter et survivre. Car Lise est une rêveuse. Chaque nuit, alors que les autres dorment, elle, a la c...