31- Lise

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Une blague, cette classe verte est une blague.

Nous arrivons au campement aux alentours de midi, en bons avant-derniers. Emma et Candice en sont clairement contrariées, et les autres, moi comprise, n'en ont absolument rien à foutre.

Aussitôt arrivés, on nous désigne les deux chalets de l'équipe bleue, un pour les filles, et un pour les garçons, où nous allons dormir.

De l'extérieur, ils sont déjà mignons, mais je dois avouer que l'intérieur est carrément confortable, bien que ridiculement petit pour quatre filles, dont une qui supporte difficilement la présence des trois autres.

Le sol est recouvert d'un épais tapis, et au fond une petite cheminée, pour l'instant vide. Peut-être que personne ne mourra de froid après tout.

Avec ses murs en bois et ses fenêtres carrées bordées de rideaux bleu clair, on dirait une maison de fée.

- Je prends une couchette du haut. S'exclame Cécile aussitôt rentrée dans la cabane.

- Pas de soucis pour moi ! Je prends celle en dessous de la tienne, j'ai le vertige. Renchérie Emma.

Comme Candice se dirige vers la couchette inférieure du lit superposé restant, je suppose que j'ai celle du haut. Ce que j'accepte sans difficulté, je crois que je m'y sentirai un peu plus en sécurité.

- Il n'y a pas de toilettes ? Demande Emma. Cette fille ne s'arrête décidément jamais de parler. Impossible d'oublier sa présence quand elle se trouve dans une pièce.

- Elles sont communes pour toutes les filles. Je crois qu'on est passé devant en arrivant. Répond gentiment Candice.

- De toute manière, il doit y en avoir à côté du réfectoire si c'est urgent. Sinon, on va bientôt pouvoir demander à Mme Merteuil.

- On y va d'ailleurs ? Je ne sais pas vous, mais j'ai fini d'installer mes maigres bagages !

Les filles se dirigent vers l'entrée, et je suis le mouvement. Ça doit bien faire deux heures que je n'ai pas décroché un mot, depuis l'aventure du ravin en fait, et ça me va parfaitement. Nous renfilons nos bottes bien trop boueuses, et nos manteaux bien trop froids.

- Damien a raison, tu n'es pas très bavarde. Fait remarquer Candice alors que nous sortons.

Je hausse les épaules.

- Peut-être que je n'ai juste rien d'intéressant à dire.

- Permets-moi d'en douter.

Sur le trajet pour le réfectoire, qu'on nous a indiqué comme le point de rassemblement à notre arrivée, je contemple le ciel.

Le temps est glacial, mais magnifique. Pas un nuage à l'horizon et un ciel bleu lumineux, mais j'ai un instinct pour ce genre de choses.

L'espace d'un instant, je visualise les entrées des chalets encombrées par la neige. Je crois que ça ne me  plairait pas particulièrement. Enfin, comme à peu près tout le reste de toute manière. Que ce soit ça ou autre chose...

Mon cauchemar continue en entrant dans le réfectoire qui même s'il est assez grand, ne l'est pas assez pour que je me fasse oublier dans un coin.

Au fond, Damien nous fait de grands gestes depuis sa table, pour qu'on s'installe avec les autres bleus. Il ne reste que quelques places sur les longs bancs en bois, et je me retrouve entre Candice et Matéo, en face du violoncelliste.

Je ne me sens pas tellement en colère, juste extrêmement mal à l'aise. Avec ce sentiment un peu excessif qu'une catastrophe pourrait se produire d'un instant à l'autre.

Le marchand de sableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant