Le marchand de sable

23-Will

Le fil qui me mène à Olivia est plus facile. Mon instinct reprend le dessus. Quand j'arrive, il n'y a encore rien.

Je ferme les yeux et écoute. Je sens de l'agacement. De la confusion. De la déception.

Mauvaise journée. Je dois pouvoir améliorer tout ça. Mais il faut quand même pas oublier mon but.

Je commence à créer. Le décor apparaît, des jardins, une partie de poule-renard-vipère. Olivia ouvre les yeux. Le rêve s'anime avec elle. Elle explore le lieu, et quand je le sens, je fais apparaître une copie de Lily.

Le rêve s'assombrit aussitôt, mais cette fois, c'est pas moi. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Le visage de Lily se craquèle, s'efface, disparaît. Qu'est-ce qui arrive ?

Je regarde Olivia. Un moment, elle parait en colère. Puis tout s'efface, elle est contente. Je réessaie.

Cette fois, je dois tirer plus fort sur les fils pour tisser Lise. C'est pas normal. C'est Olivia qui crée cette résistance ?

Lise s'avance vers elle, souriante, les bras ouverts.

- Olivia !

Olivia recule. Je laisse le rêve libre de se tisser. J'ai envie de comprendre.

- Qui es-tu ?

- C'est moi, Lise ! Ton amie !

J'ai donné au tissage de Lise sa voix joyeuse, pétillante. Mais plus elle parle, plus sa voix devient roc et froide. C'est l'imaginaire d'Olivia qui reprend le dessus.

- Tu n'es pas mon amie.

Cette fois, la voix de Lise est tranchante, son regard fait peur. Elle est toute proche d'Olivia.

- Je ne suis pas ton amie.

Elle s'approche encore plus. Elle est tellement proche que leurs nez se touchent presque. Lise fait si peur que ce n'est plus Lise. Je retiens mon souffle.

- Parce que, qui voudrait être ton amie ? Tu n'en vaux pas la peine, Barbie. Tu n'as aucun intérêt. Tu ne vois pas à quel point tu es fade ? Insipide ?

Les mains de Lise sont sur la gorge d'Olivia, la décollent du sol. Olivia pleure, son visage devient rouge.

- Lise, pitié...

Je sors de mon immobilité. C'est assez. Je reprends le fil. J'ai beaucoup de mal à découdre Lise. Les fils sont glissants, brûlants. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Qu'est-ce qu'il s'est passé ? L'imaginaire n'invente jamais complètement.