Les Serres d'Argent

L'envoyée de la reine

Alkaryon secoua ses ailes trempées de pluie et s'ébroua.

— Aah, on est mieux au sec ! dit-il.

Il croisa le regard assassin de Tempête.

— Cette saleté de pluie m'a presque éteinte !

Cette dragonne est tout le temps de mauvaise humeur, c'est incroyable.

— Tu n'exagères pas un peu ? demanda-t-il.

— Non. Je vais détruire tous les nuages de la terre, et ils regretteront d'avoir versé leur horrible pluie sur moi ! rugit la dragonne.

Étoile de Neige recula, effrayé, et Alkaryon le poussa gentiment du bout du museau.

— Ne t'inquiète pas, dit-il. Elle grogne peut-être beaucoup, mais elle ne ferait pas de mal à une mouche.

— Des mouches, je passe ma vie à en écraser, renifla Tempête.

Alkaryon leva les yeux au ciel et secoua la tête.

— Allons au dortoir. Nous pourrons nous réchauffer là-bas.

Étoile de Neige écarquilla les yeux en pénétrant dans leur dortoir.

— Wahou, votre chambre est bien mieux que la mienne ! couina-t-il en se blottissant dans un tas de couvertures.

Alkaryon sourit d'un air amusé et écarta les ailes.

— Bienvenue dans notre chambre, dit-il. L'un des seuls lieux de cette école où l'on peut avoir la paix.

— Avec qui la partages-tu ? demanda le dragonnet.

— Avec Tempête, ainsi qu'une dragonne des Rivières nommée Onde.

Le jeune dragon promena un regard fier sur leur dortoir. Il était de forme ronde, à l'image d'un œuf de dragon, et chacun d'entre eux avait un coin qui lui appartenait. Celui d'Onde, leur autre colocataire, était encombré d'étagères en bois - bois ramassé sur le rivage de la rivière qui coulait à côté de l'école et assemblé en étagère par les bons soins du meilleur ami d'Onde, Roche, un dragon des Montagnes - qui croulaient sous les objets volés par la dragonne des Rivières. En effet, la grande passion de la dragonne aux écailles bleues était le vol, et elle passait son temps libre à voler dragonnets et adultes. Cette manie agaçait Tempête, mais faisait rire Alkaryon.

Le coin de Tempête était presque nu d'objet, une grosse pierre plate et noircie constituait son lit, et une unique petite statuette en bois représentant un dragon en train de tenir la lune entre ses pattes perché sur une petite pierre noire ornait son coin de chambre.

Quant à Alkaryon, sa partie de la chambre comportait un lit de couvertures - volées par Onde aux gardiens de l'école - quelques effets personnels, et trois ou quatre livres qu'il avait empruntés à la bibliothèque de l'école.

Il sursauta lorsque Étoile de Neige éternua.

— Je crois que je suis enrhumé, gémit le dragonnet.

Alkaryon remua les ailes.

— Mais non, ne t'inquiète pas.

Il fut interrompu par l'arrivée fracassante d'Onde dans le dortoir. La dragonne des Rivières écarta les ailes et annonça d'une voix fière :

— Regardez-moi ce butin !

Elle tenait entre ses serres un collier de perle, une petite statuette de dragon en bois et une boucle d'oreille en pierre verte, dont un motif très finement dessiné dessus représentait une feuille.