Les Serres d'Argent

Une étrange découverte

Panthère se jeta devant Alkaryon et percuta la Griffe de la Nuit en poussant un rugissement féroce. D'un geste rapide et précis, elle trancha la gorge de la bête qui s'effondra en gargouillant, avant de faire volte-face pour plonger sur leur deuxième assaillant. Elle planta ses crocs dans la gorge vulnérable de la créature et la déchiqueta violemment, ouvrant des rivières de sang dans la chair. La dragonne s'écarta et laissa retomber le cadavre.

Choqué, Alkaryon recula d'un pas et leva des yeux horrifiés sur Panthère. La dragonne le regarda d'un air amusé et lui fit signe de la suivre.

Le dragon des Dunes obtempéra en s'efforçant de ne pas trembler. Comment a-t-elle fait ça ? C'est tout juste s'il l'avait vue bouger. Un instant, elle était près de lui, et l'instant d'après, elle se tenait au-dessus des dépouilles des Griffes de la Nuit. Son respect pour la dragonne augmenta encore.

— C'était impressionnant, dit-il en arrivant à la hauteur de Panthère.

La dragonne lui jeta un regard acerbe.

— Oups, fit-il. Désolé. Je me tais.

Ils continuèrent à avancer en silence dans le dédale des couloirs sombres. Le couloir dans lequel ils se trouvaient remonta brusquement, et ils débouchèrent sur une corniche. Alkaryon écarquilla les yeux, empli d'effroi.

— Le centre de la ruche... murmura Panthère.

Alkaryon baissa les yeux. Des Griffes de la Nuit se déplaçaient sur les étages en dessous et au-dessus d'eux. Elles traversaient des ponts dressés au-dessus du vide et disparaissaient dans des galeries. Une étrange matière  phosphorescente étalée sur les parois éclairait les lieux.

— Recule ! siffla soudain Panthère.

Elle le plaqua contre la paroi et se colla contre lui. Alkaryon ouvrit la gueule pour protester, mais sa voix mourut dans sa gorge. Une immense Griffe de la Nuit ailée passa juste devant eux sans les voir et s'élança dans le vide en déployant ses ailes.

Alkaryon se défit de l'emprise de Panthère et s'approcha du bord de la corniche pour suivre la Griffe de la Nuit des yeux. La créature plana quelques instants et se posa sur une corniche en face avant de pénétrer dans un couloir semblable au leur.

— Des ailes, s'étrangla Alkaryon. Elle avait des ailes.

Aussi secouée que lui, Panthère secoua la tête.

— Je n'avais jamais vu ça, souffla-t-elle.

Ils ne dirent rien durant quelques instants.

—  Que faisons-nous ? fini par demander le dragon des Dunes en empêchant sa voix de trembler.

— Si tu étais une Griffe de la Nuit, dit Panthère. Où cacherais-tu des prisonniers ayant la capacité de voler ?

— Je ne sais pas, répondit Alkaryon en réfléchissant furieusement. J'entraverais leurs ailes et je les retiendrais en hauteur.

Panthère leva la tête et Alkaryon l'imita.

— Eh bien, nous n'avons plus qu'à monter discrètement et chercher nos amis sans nous faire repérer.

— Comment ? Dès que nous nous envolerons, ils nous repèreront.

— Peut-être qu'en rasant la paroi...?

— Non. C'est trop risqué.

Il baissa les ailes.

— Nous pouvons faire demi-tour, suggéra-t-il doucement. Les autres comprendront.