Étirements et cataplasmes

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— C'est bien, continue comme ça !

— Ça tire ! protesta Alkaryon.

Le dragon des Dunes grimaça puis, sous le regard insistant d'Onde, étira à nouveau sa patte vers l'arrière. Tilleul, le guérisseur qui l'avait soigné, lui avait conseillé de faire des étirements et de bouger ses pattes blessées pour éviter qu'elles ne se raidissent.

Alkaryon repensa à tout ce que le guérisseur avait fait pour lui et il sentit une bouffée de gratitude monter en lui. Il aurait toujours une dette envers le vieux dragon, après tout, il lui avait sauvé la vie. Alkaryon garderait malgré tout des cicatrices toute sa vie. Il lança un regard penaud aux traces de brûlure qui recouvraient son flanc.

— Qu'attends-tu ? lança Onde. Qu'il neige ?

Alkaryon la foudroya du regard et la dragonne ricana. Il soupira et souleva sa patte arrière pour l'étendre à nouveau. Ses muscles courbatus par les heures qu'il avait passées allongé protestèrent, mais il ignora la douleur et se força à continuer.

— C'est bien, l'encouragea Onde. L'autre patte maintenant.

— Mais je l'ai déjà étirée tout à l'heure ! s'écria Alkaryon.

Onde fronça le museau d'un air menaçant et Alkaryon se dépêcha de lui obéir. Il serra les dents et laissa échapper un sifflement rauque. Cette patte lui donnait plus de mal.

Alkaryon grogna. Si jamais une Griffe de la Nuit avait le malheur de se retrouver sur son chemin, il la réduirait en charpie. Cela risquait de se produire assez tôt. Maintenant qu'ils avaient la confirmation que les Griffes de la Nuit retenaient les villageois prisonniers, ils pouvaient organiser une offensive et lancer une attaque contre leur repère pour délivrer les dragons.

Et pour sauver Tempête.

Le cœur d'Alkaryon se serra. Son amie lui manquait terriblement, et il craignait de ne jamais la voir. Je l'ai aperçue parmi les prisonniers, se rappela-t-il. Et lorsqu'ils l'auraient sauvée, ils pourraient retourner à leur objectif de départ.

Détrôner la Reine.

Dire qu'au départ, nous voulions juste nous abriter de la pluie... Alkaryon eut un sourire amer. S'il avait fait beau ce jour-là, ils seraient sans doute arrivés au palais de la Reine. Et nous serions sans doute tous morts.

— Tu es bien pensif, commenta Onde.

Alkaryon sursauta.

— À quoi penses-tu ? demanda son amie.

Le dragon des Dunes hésita.

— À rien d'important, finit-il par marmonner.

Onde haussa les ailes.

— C'est bon, je pense que tu t'es assez étiré, dit-elle.

Alkaryon soupira de soulagement et reposa sa patte sur le sol.

— J'ai hâte d'être guéri pour aller sauver Tempête, dit-il.

Onde le dévisagea, les yeux exorbités.

— Il n'est pas question que tu ailles te battre !

— Tu ne croyais tout de même pas que je comptais rester ici sans rien faire ? s'offusqua Alkaryon.

— Je ne pensais pas que tu serais assez stupide pour ne serait-ce qu'envisager combattre !

— Eh bien si. Tu n'as pas le droit de m'interdire d'y aller.

Onde étrécit les yeux et se détourna pour partir.

Alkaryon la regarda faire, peiné, puis la colère pris le dessus et il se laissa tomber sur le flanc. Le choc réveilla sa douleur et il grimaça. Évidemment que je vais me battre... que croyait-elle ?

Les Serres d'ArgentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant