Les Serres d'Argent

Un châtiment cruel

Alkaryon ouvrit les yeux et se releva d'un bond en entendant le gong. Autour de lui, Onde et Tempête s'éveillèrent en sursaut, aussi surprises que lui.

— Que se passe-t-il ? demanda le jeune dragon.

Tempête secoua la tête.

— Aucune idée.

Étoile de Neige dormait toujours dans son lit, nullement gêné par le bruit d'enfer que produisait le grand gong et qui résonnait autour d'eux.

— Allons dans la Grande Salle voir ce qu'il se passe.

Les trois dragons sortirent du dortoir et traversèrent les couloirs, bientôt rejoints par d'autres dragonnets. Lorsqu'ils entrèrent dans la Salle Commune - aussi appelée Grande Salle, ou juste la Salle - ils s'aperçurent que tous les professeurs y étaient réunis en son centre, accompagnés de quelques gardiens et de dragons qu'Alkaryon ne connaissait pas.

Les adultes attendirent que tous les dragonnets se fussent rassemblés dans la salle, puis la Haute Directrice s'avança.

Elle s'éclaircit la gorge avant de parler :

— La Reine nous a envoyé un message, déclara-t-elle. Un message nous disant qu'elle nous trouvait bien trop bons avec vous, vous tous, pauvres dragonnets. (Elle promena un regard sévère sur eux.) Il y a quelques nuits, deux d'entre vous se sont échappés et ont tenté de se dissimuler dans les profondeurs de la forêt des Orages. Durant leur... petite escapade, ils ont défendu un clan-mêlé que des soldats de la Reine s'apprêtaient à arrêter sous leurs yeux. C'est un acte de trahison. La Reine nous demande aujourd'hui de punir ces dragons. Faites avancer les deux voleurs !

Sous les yeux horrifiés d'Alkaryon, des gardiens poussèrent violemment deux dragonnets devant la directrice. Je sais qui sont ces dragons ! songea-t-il. Il me semble que Tempête les connait. Il se tourna vers son amie et su qu'il avait vu juste. La dragonne du Feu était crispée de rage et se retenait visiblement de sauter à la gorge de la directrice. Celle-ci reprit :

— Qu'ils vous servent d'exemple à tous ! Ne désobéissez plus jamais, n'allez pas à l'encontre des ordres de la Reine ou de ses soldats, ou vous subirez le même sort.

Croc de Serpent, l'un des gardiens les plus massifs, s'avança et leva une patte, puis il gifla violemment les deux dragonnets jusqu'au sang. Il recommença, une fois, deux fois, cinq fois, jusqu'à ce que la directrice lui ordonne d'arrêter.

— Que cela vous serve de leçon. Vous pouvez disposer.

Alkaryon tenta d'ignorer la nausée qui lui tordait le ventre et s'approcha des deux dragonnets, suivi de près par Tempête et Onde.

— Ça va ? s'enquit-il en les aidant à se relever.

— Pas vraiment, grimaça l'un d'entre eux - Épine, si Alkaryon se rappelait bien.

— Merci d'être venus nous aider, souffla l'autre. Les griffes de ce gardien sont affreusement acérées !

Épine les gratifia d'un coup d'œil reconnaissant, puis ils s'éloignèrent en vacillant.

Alors qu'Alkaryon se préparait à quitter lui aussi la salle, des ricanements l'arrêtèrent en plein mouvement, et il poussa un soupir. Encore eux.

Dard et Croc, les deux dragons des Dunes qui avaient agressé Étoile de Neige plusieurs jours plus tôt s'approchèrent de lui et Tempête, un sourire mauvais aux lèvres. Tempête grogna, et ils firent face aux deux dragons.

— Qu'est-ce que vous voulez ? soupira Alkaryon.

Dard ricana et donna un coup de coude à son acolyte.