Les Serres d'Argent

Étoile de Neige

Tempête grogna une fois de plus et dit d'une voix glaciale :

— Il faut qu'on le renvoie. Qu'il rentre à l'école.

Roche approuva d'un signe de la tête et Onde considéra le dragonnet avec compassion.

— Il ne peut pas rentrer tout seul, objecta-t-elle. Il est tellement petit et vulnérable !

— Il a bien réussi à se débrouiller pour nous suivre, rétorqua Tempête.

Le dragonnet jeta un regard plein d'espoir à Alkaryon, mais le dragon des Dunes ne le regardait pas, plongé dans ses pensées.

— Je refuse qu'il vienne avec nous, répéta la dragonne du Feu.

Étoile de Neige baissa piteusement la tête et regarda ses pattes.

— Il se fait tard, dit soudain Alkaryon. Nous prendrons notre décision demain.

— Comment ça, nous « prendrons » ? Mais c'est déjà tout réfléchi ; il ne vient pas ! grogna Tempête.

Alkaryon balaya ses paroles d'un geste de l'aile.

— La nuit porte conseil. Je refuse de prendre une décision hâtive alors que nous sommes tous fatigués.

Sur ces mots, il entra dans leur caverne de fortune et se roula en boule sur le tapis de feuilles mortes avant de plonger dans un sommeil sans rêve.

Quelques heures plus tard, le jeune dragon des Dunes sentit une patte le pousser sur le museau. Il ouvrit les yeux en grognant. Étoile de Neige se tenait devant lui, la mine inquiète et les yeux ronds.

Alkaryon se releva en s'ébrouant et considéra le dragonnet d'un œil sévère.

— Qu'y a-t-il ? demanda-t-il.

Le dragonnet aux écailles blanches baissa les yeux et agita les ailes, visiblement mal à l'aise.

— Je peux rester avec vous ? Je ne veux pas partir. Tu sais, Alkaryon, tu es mon meilleur ami.

Le dragon des Dunes le poussa du bout du museau, touché par les paroles du petit dragon, et dit :

— Vraiment ? Tu ne me connais pourtant que depuis quelques jours.

— C'est vrai, dit Étoile de Neige. Mais tu es gentil avec moi comme personne ne l'a jamais été. S'il te plait, ne laisse pas Tempête me renvoyer à l'école. Je ne veux pas y retourner, personne ne m'aime là-bas.

Alkaryon sentit son cœur se serrer, et il posa sa patte sur l'épaule du dragonnet dans un geste réconfortant. Une question émergea soudain dans son esprit.

— Comment as-tu su que nous partions ? demanda-t-il.

Le dragonnet leva les yeux vers lui et secoua la tête.

— Je vous ai entendu en parler, l'autre jour. Et je vous ai vu partir.

Alkaryon grogna intérieurement ; ils auraient dû être plus prudents lorsqu'ils en avaient parlé. Et si un dragon autre qu'Étoile de Neige et animé de quelque mauvaise intention les avait entendus ? Il chassa ses inquiétudes d'un mouvement de la tête et se concentra à nouveau sur le dragonnet.

— Je vais essayer de convaincre Tempête de te laisser rester, promit-il. D'ailleurs, où est-elle ?

Il releva la tête et parcourut leur camp provisoire du regard ; Roche dormait encore, roulé en boule contre un rocher, Onde se désaltérait de l'eau d'une flaque un peu plus loin, mais Tempête n'était pas là.

— Attends-moi là, dit Alkaryon à Étoile de Neige en se dirigeant vers la dragonne des Rivières.

Celle-ci releva la tête en le voyant approcher et le salua d'un sourire.