Alkaryon se tourna une dernière fois vers l'école qui l'avait vu grandir et murmura tout bas :— Au revoir, Mornar. Nous nous reverrons.
Certes, la vie n'y avait pas toujours été facile, mais il y avait tout de même de bons souvenirs avec ses amis, et il avait grandi dans ce lieu, ce qui n'était pas rien.
— Tu viens ?
Le jeune dragon soupira puis se détourna de la grille. Il regarda ses amis et dit :
— Allons-y.
Onde poussa un cri de joie, déploya ses ailes et s'envola vers le ciel, bientôt suivie par Roche, Tempête et Alkaryon.
— Allons sauver le monde ! cria-t-elle.
Tempête leva les yeux au ciel. Alkaryon s'approcha de la dragonne du Feu en quelques battements d'ailes et, une fois à sa hauteur, il lui demanda :
— Dans quelle direction partons-nous ?
Tempête réfléchit un instant avant de répondre :
— Vers le nord. Le palais de la reine est censé se trouver là-bas, vers le Volcan d'Ambre.
Le jeune dragon des Dunes hocha la tête et se concentra sur le paysage ; des forêts s'étendaient à perte de vue sur des collines, et en plissant les yeux, il pouvait apercevoir de lointaines montagnes. La rivière qui coulait à côté de l'école ruisselait sous eux, courant vers le nord pour se jeter dans une mer qui se trouvait bien loin de là.
Comme le soir tombait, les quatre compagnons décidèrent de s'arrêter pour la nuit et se posèrent dans un petit bois situé non loin de la rivière qu'ils avaient continué de suivre depuis les airs.
Alkaryon poussa un soupir de soulagement en atterrissant et étira ses ailes endolories ; il n'avait pas l'habitude de voler aussi longtemps, et il pouvait deviner aux mines de ses amis qu'eux aussi souffraient des ressentis de leurs longues heures de vols.
— Je vais chasser, déclara Tempête. Alka, tu viens avec moi ?
Le jeune dragon hocha la tête et disparu à sa suite dans les bois.
— Séparons-nous, murmura la dragonne du Feu. Nous aurons plus de chances ainsi.
Alkaryon acquiesça et leva le museau, à la recherche d'une piste à suivre. Ne trouvant rien, il s'éloigna, aux aguets. Autour de lui, des arbres, ayant pour certains vus de nombreux printemps, étiraient leurs branches vers le ciel. La terre sous ses pattes était nue ou presque ; seules quelques plantes rachitiques poussaient sur le sol infertile.
Le Bois Mort, le baptisa Alkaryon en frémissant. Je comprends pourquoi il n'y a aucune proie ; qui voudrait vivre ici ?
Il finit cependant par détecter le fumet d'un lapin au détour d'un sentier creusé par l'eau. Il le suivit en faisant le moins de bruit possible et arriva dans une petite clairière dont une marre ornait le centre. Un jeune lapin dont les côtes ressortaient tant il était maigre s'y abreuvait. Alkaryon le tua d'un coup à l'arrière de la nuque et l'animal mourut sans un cri, mort avant même d'avoir touché le sol.
Alors qu'il s'apprêtait à repartir avec sa prise, Alkaryon entendit un bruit étouffé dans les fourrés. Il se figea, espérant qu'une proie se cache dans les buissons et qu'il puisse ainsi l'attraper si la chance le lui permettait. Le jeune dragon s'approcha des buissons, renifla, puis il y passa la tête. Il découvrit néanmoins avec étonnement que rien ne s'y cachait.
J'ai dû rêver, songea-t-il.
Il prit son lapin entre ses crocs et slaloma entre les arbres à la recherche de la clairière où il avait laissé ses amis plus tôt.
Lorsqu'il y arriva, il constata que Tempête était revenue et qu'elle avait attrapé un canard sauvage. Onde dégustait un poisson qu'elle avait dû pêcher dans la rivière en son absence, et Roche mastiquait un animal étrange dont la queue était plate.
— Nous l'avons attrapé près de la rivière, lui dit-il en voyant son regard interrogateur. Je crois que cet animal porte le nom de castor.
Alkaryon hocha la tête puis s'assit pour manger sa propre prise.
Le lendemain et les jours suivants, Alkaryon eut de nouveau à plusieurs reprises l'impression d'être épié, mais il ne parvenait pas à mettre la patte sur celui qui les observait. Il finit par prévenir Tempête.
— Nous sommes suivis, murmura-t-il à la dragonne du Feu.
Celle-ci le considéra avec surprise.
— Tu es sûr ? demanda-t-elle.
Il acquiesça, scrutant avec méfiance les collines autour d'eux, comme si un monstre pouvait surgir du sol à tout instant pour fondre sur eux et les entrainer dans quelques sombres repaires lui appartenant.
— Je vais essayer d'être plus attentive, promit-elle.
Il la remercia, rassuré de savoir que Tempête s'occupait de la situation. Devant eux, Onde et Roche discutaient joyeusement, volant à travers quelques nappes de brumes qui flottaient au-dessus du sol, poussées à sortir par la nuit tombante et la chaleur de la soirée.
Comme la nuit tombait, les quatre compagnons se posèrent silencieusement sur le sol et partirent à la recherche d'un endroit confortable où passer la nuit. Roche découvrit deux rochers appuyés l'un contre l'autre dont l'union formait une petite caverne. L'entrée était protégée par quelques buissons qui poussaient autour des deux pierres, et ils décidèrent de s'y installer.
Plus tard, alors qu'Alkaryon était sur le point de s'endormir, un léger craquement retentit sur sa droite. Il se redressa, aux aguets, et considéra les alentours. Une autre brindille craqua et il se mit debout, parfaitement éveillé à présent. Il secoua Tempête et la prévint d'un murmure. La dragonne du Feu se redressa et ils sortirent de sous les rochers à la recherche du fauteur de troubles. Les buissons sur leur droite remuèrent soudain. Alkaryon et Tempête s'en approchèrent sans bruit et se préparèrent à bondir. Tempête poussa un rugissement, Alkaryon plongea dans l'arbuste et en ressortit le dragon qui se trouvait à l'intérieur. Il montra les crocs, puis poussa un cri de surprise en reconnaissant le dragonnet qui se trouvait entre ses pattes, tremblant de tous ses membres.
— Étoile de Neige ? s'écria-t-il stupéfait.
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Les Serres d'Argent
FantasyNwalme, terre de douleur et de chagrin. Depuis qu'une reine maléfique a prit le pouvoir sur tout le royaume, ses habitants sont persécutés sans relâche et entrainés dans des guerres sans fin. Alkaryon, un jeune dragon du clan des Dunes, vit à l'ac...