Les Serres d'Argent

Le Dragon Dansant

Alkaryon grogna lorsque une goutte de pluie s'écrasa sur son museau. Génial, grommela-t-il intérieurement. De la pluie. Il ne manquait plus que ça. Près de lui, ses amis grognèrent lorsque le ciel se déchira et déversa sur eux une pluie torrentielle. Tempête cracha un rond de fumée, furieuse.

— Je déteste la pluie. Cracha-t-elle.

Étoile de Neige éternua et gémit.

— Ça mouille ! Dit-il piteusement. Je n'aime pas l'eau.

— Moi non plus, grogna Onde en plissant les yeux.

Roche ricana.

— T'es une dragonne des Rivières, t'es pas censée aimer l'eau ?

Onde le foudroya du regard.

— J'aime l'eau des rivières et de la mer. Mais je n'aime pas l'eau de la pluie. Elle se faufile entre les écailles et elle te gèle jusqu'aux os.

Roche ouvrit de grands yeux.

— Parce que l'eau des rivières non ?

Onde lui donna un coup de queue, le déséquilibrant. Le dragon des Montagnes perdit quelques mètres d'altitude avant de réussir à se stabiliser, puis il remonta à la hauteur de la dragonne des Rivières.

— Et toi, qu'est-ce que tu fais là ? Le provoqua-t-elle. Tu devrais pas être à la montagne, dans des mines, à ramasser de la pierre ? C'est ce que tu es, non ? Un dragon des Montagnes.

Alkaryon soupira, agacé par leur petit jeu.

— Vous allez arrêter de vous chamailler ?

Les deux dragons l'ignorèrent.

— Ce n'est pas parce que je suis un dragon des Montagnes que je dois vivre dans les pierres. Cette époque est révolue. Plus aucun clan ne vit dans son milieu de vie naturel, nous sommes tous éparpillés à travers Nwalme.

— Voilà, alors pourquoi dis-tu que je devrais aimer la pluie ?

— Mais parce que les membres de ton clan aiment l'eau, tout comme les dragons des Dunes aiment la chaleur, ou les dragon du Feu les volcans !

— Je n'aime pas les volcans, intervint Tempête.

Roche grogna.

— Merci, ne m'aide pas surtout !

— Pourquoi avons-nous cette conversation ? Demanda Alkaryon, exaspéré.

— Nous ? Tu ne fais pas partie de cette discussion, dit Onde.

Alkaryon leva les yeux au ciel en souriant.

— J'ai froid. Dit Étoile de Neige en s'approchant d'Alkaryon.

— Moi aussi.

— Je suis mouillé.

Tempête ricana et cracha un jet de flammes.

— Sans blague ? Il pleut, banane. Nous sommes tous mouillés.

Vexé, Étoile de Neige baissa la tête. Alkaryon sentit la compassion l'envahir. Ça ne devait pas être facile pour Étoile de Neige de voler comme ça, sous la pluie, alors qu'il était si jeune et sans doute fatigué par les heures de vol qu'ils venaient d'effectuer.

— Nous nous mettrons à l'abri dès que nous le pourrons, assura-t-il en regardant le dragonnet.

Celui-ci releva précipitamment la tête, un immense sourire dessiné sur ses lèvres.