Doma x reader (Hiromi)

Chapitre 17

   Hiromi ouvrit les yeux lentement et se retrouva face à l'architecture familière du temple d'où elle avait précédemment fui. Les souvenirs de son enlèvement par Doma, survenu après leur victoire contre la huitième lune, lui revinrent en mémoire. Elle se souvint aussi qu'elle avait trop gesticulé pour le goût de son ravisseur, qui avait fini par l'assommer pour la transporter plus aisément.

   Tentant de se masser la nuque, elle réalisa qu'elle était entravée sur une chaise en bois massif, ses poignets prisonniers de liens de glace. Doma, qui avait dû l'observer depuis leur arrivée, se trouvait non loin.

- Oh, tu es enfin réveillée ! s'exclama-t-il en s'approchant.

   Malgré ses grimaces de douleur, Hiromi ne pouvait presque pas bouger ; les liens que le démon avait créés étaient bien trop solides pour être brisés sans aide. Doma s'approcha et s'assit sur ses genoux, se mettant à sa hauteur.

- Tu sais, j'ai été vraiment triste en ton absence... J'avais même acheté une broche pour toi, déclara-t-il, un ton de reproche dans la voix, en sortant l'objet de sa poche.

   Il déposa la broche, ornée d'une libellule de la même teinte verte que les yeux captivants de Hiromi, à côté d'elle, puis posa une main sur son genou avant de la laisser remonter lentement vers sa cuisse. À ce contact, Hiromi frissonna et serra les dents, refoulant toute réaction.

- Je n'arrivais pas à comprendre ce qui m'attirait tant chez toi, mais après mûre réflexion, je crois avoir trouvé : ce sont tes yeux, poursuivit-il, plantant son regard dans celui de Hiromi tout en se redressant lentement, sa main glissant maintenant sur la taille de la jeune femme. Cette nuance de vert est une couleur que je ne possède pas, et elle te confère un air mystérieux qui m'intrigue énormément, ajouta-t-il, son visage à quelques centimètres seulement de celui d'Hiromi.

   Sentant son souffle chaud sur sa peau, elle frémit et détourna son regard, incapable de soutenir le sien. Doma fronça les sourcils face à ce rejet implicite et força Hiromi à le regarder en saisissant son menton.

- Hiromi-chan, pourquoi ne m'apprécies-tu pas ? se lamenta-t-il.

   Les mots de Doma agirent comme un catalyseur, et les larmes se mirent à couler sur les joues d'Hiromi.

- Pourquoi...? murmura-t-elle, avant d'afficher un rictus amer. Tu me demandes sérieusement pourquoi je ne t'apprécie pas ? Peut-être parce que tu es responsable de la mort de mon père, ou parce que tu aurais pu me faire subir bien pire si je ne t'avais pas arrêté la première fois. Ou encore, parce que tu étais prêt à tuer mes amis sans hésiter la nuit dernière ! s'emporta-t-elle.

   Doma, affichant une expression neutre, poussa un soupir de déception envers lui-même.

- Oh... dit comme ça, je comprends que tu ne puisses m'aimer. Mais nous pouvons réparer notre relation, il suffit de recommencer depuis le début, suggéra-t-il avec un optimisme déplacé.

   Épuisée par cette confrontation, Hiromi ne répondit pas et se dégagea brusquement de l'emprise de Doma. La colère et l'ennui se lisaient sur son visage, son sourire habituel ayant disparu comme s'il n'avait jamais existé.

- Peux-tu me détacher maintenant ? Je ne tenterai rien, demanda-t-elle d'une voix lasse.

- D'accord, après tout, tu as promis de rester avec moi en échange de la vie de ton ami, rappela Doma, faisant fondre la glace qui la retenait.

   À ces mots, Hiromi sentit une vague de regrets l'envahir. Elle se leva de la chaise, massant ses poignets endoloris.

- Si tu t'échappes à nouveau, ton ami en paiera le prix. Tu avais promis Hiromi-chan !

   Ignorant le démon qui ne lui rappelait que l'énorme erreur qu'elle avait commise, elle chercha un endroit pour s'isoler un peu mais Doma saisit son bras.

- Où penses-tu aller ? Je ne te laisserai plus seule désormais.

*

   Daichi venait de terminer les préparatifs pour le retour auprès des autres piliers. Seul dans sa chambre, il ne cessait de se demander pourquoi Hiromi n'avait rien révélé. Soudain, il frappa le mur avec colère, faisant tomber des débris de la cloison.

- Je suis tellement idiot ! C'est à cause de mon comportement si elle ne nous a rien dit. C'est ma faute si elle ne nous fait pas confiance. J'ai agi comme un imbécile, persuadé qu'elle cachait sa force, alors que c'était tout le contraire ! s'exclama-t-il, submergé par le remords.

   La porte de la chambre s'ouvrit sur Riku, qui observa Daichi, poing contre le mur, d'un regard neutre.

- Ressaisis-toi. On n'a pas le temps de se lamenter. Hiromi compte sur nous pour lui venir en aide, dit-il d'une voix calme.

- Tu crois vraiment qu'elle est toujours en vie ? Elle est avec la deuxième lune ! s'énerva Daichi.

   Riku remarqua les yeux remplis de larmes de Daichi, qui criaient vengeance. Il soupira sachant pertinemment que dans son état, il était quasiment impossible de le calmer. 

- Si elle a déjà survécu une fois à ses côtés, l'histoire peut se répéter. Penses-tu vraiment qu'un démon se déplacerait pour une simple humaine ?

   Daichi se calma, regagnant un peu d'espoir. Il rassembla ses affaires et annonça d'une voix grave que le départ était imminent. Riku quitta la chambre pour rassembler les trois pourfendeurs restants. Arrivé à leur chambre, il ne trouva que Hana et Kazuki, visiblement bouleversés.

- Où est Kaito ? demanda Riku, inquiet.

- Il a dit qu'il avait besoin d'air, sanglota Hana, pointant du doigt la fenêtre entrouverte.

   Riku les invita à rejoindre Daichi et se mit à la recherche de Kaito. Il ne lui fallut pas longtemps pour le trouver, son aura trahissant sa présence. Kaito, katana en main, semblait furieux et fixait un arbre devant lui. Curieux, Riku attendit que Kaito le remarque, mais celui-ci prononça la formule du sixième mouvement du souffle de l'enfer et réduisit l'arbre en miettes.

   Interloqué, Riku interpella Kaito.

- Qu'est-ce que cet arbre a fait pour mériter ça ?

   Kaito se retourna, surpris par la présence de Riku. Il garda le silence, des cernes soulignant ses yeux. Riku savait parfaitement pour qu'elle raison il était dans cet état et vint passer un bras réconfortant autour de ses épaules.

- Nous devons partir rapidement pour organiser une réunion avec les autres piliers. On doit sauver Hiromi, dit-il d'une voix apaisante.

   Kaito essuya ses larmes et, les yeux brillants, hocha la tête. Riku le guida vers Daichi, et ensemble, ils se préparèrent à partir