4. Découverte d'un club

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               La devanture du club ne portait aucune distinction indiquant sa spécialité « peu commune ». Le videur, un grand costaud, tiqua sur ma physionomie, mais grâce à Jeff avec une tape amicale dans le dos et une parole glissée dans l'oreille, il me laissa rentrer finalement. Une fois à l'intérieur, la patronne nous accueillit comme de vieux amis, avec une accolade sympathique pour chacun d'entre nous et caresse affectueuse sur les omoplates pour Jeff.

               Prenant Jeff par le cou, elle nous plaça au niveau du carré Vip qui se situait au-dessus de la pièce, sur une mezzanine. Il y avait déjà deux bouteilles de Champagne posées sur la table, avec six coupes décorées de sucre à la fraise, une coupelle pleine du même fruit et un petit écriteau marqué : « Bienvenue, en espérant que cette philosophie de vie ne vous fasse pas trop peur ! » Cela nous fit sourire et détendit l'atmosphère.

     — Faites-vous plaisir les amis, c'est Jeff qui régale, nous dit Nadine, la patronne.

     — A la santé de Jeff ! s'exclamèrent alors les jumelles, en cœur.

                Tous lui portaient un toast pour le remercier de cette soirée, préparée en amont visiblement.

     — Raconte-nous, Jeff, comment tu as connu cet endroit ? lui demandais-je.

     — Tu te rappelles de Rachelle, la folle au téléphone tout à l'heure ? C'est elle qui m'a amené ici pour la première fois. Elle est mariée et c'est un lieu idéal pour rencontrer des hommes seuls.

     — Elle ne sera pas là ce soir, rassure-moi ? implorais-je avec inquiétude.

     — Non, j'ai pu joindre Nadine et Philippe cet après-midi et leur expliquer qu'elle risquait de venir chercher des noises. Ils m'ont dit que, ce soir, ils ne la laisseraient pas rentrer.

     — Dis donc, Monsieur pèse dans le "Game" à ce que je vois, dit Jérémie en sifflant son admiration.

     — Ça ne serait pas une bonne idée de perdre six nouveaux clients qui vont consommer et payer leurs entrées, juste pour une habituée qui rentre en tant que femme seule et qui dépense très peu, nous expliqua alors Jeff. Ici, le maître-mot, c'est "Bonne Ambiance et Excellente Humeur". Si les clients se sentent mal à l'aise, ils ne reviennent pas et risquent de faire une mauvaise presse. Ils veulent absolument éviter ça.

                Les discussions allaient bon train, mais j'étais plus occupée par ce qu'il se passait en bas. Sur la barre de pôle-danse posée sur l'un des côtés de la scène, une femme sublime dansait et virevoltait autour d'un gars attaché par une paire de menottes en cuir à une chaise, face à la scène. J'en conclus rapidement, au comportement de ses copains et de la danseuse, qu'il s'agissait d'un enterrement de vie de garçon et que la demoiselle était une strip-teaseuse.

     — Ce genre de "Prestataire de service" est autorisé ici ou ils font une entorse au règlement les soirs un peu spéciaux similaires à celui-ci ?

     — J'aime ta façon d'appeler ça, petit chat ! Chez moi, on nomme ça une "Escorte" ma belle ! me reprit Jérémie en rigolant.

     — Non, je ne crois pas qu'elle le soit. Regarde bien son attitude ! Elle reste très concentrée sur son numéro et quand ce jeune homme tente des gestes non autorisés, il est vite remis à sa place. C'est l'établissement qui fournit ce type de prestations ou il faut venir avec elle quand on prévoit ce genre de numéro pour une telle soirée ? demandé-je à Jeff.

               Nadine, qui était montée pour nous proposer une visite guidée, avant qu'il ne commence à y avoir trop de monde, entendit mon plaidoyer et applaudit à la fin de mon speech.

L'AFFRANCHIE - Tome 1 : L'apollon et la NoctuelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant