Le réveil sonna sur le coup des 9 h 30. J'étais à peu près réveillée, somnolant de fatigue après la journée de la veille. Cette journée marathon, avec le finish qu'on lui connaît, prendrait probablement plusieurs nuits de récupération. Jeff dormait paisiblement à côté de moi, un bras me servant de coussin et l'autre agrippé à mon sein. Je pris délicatement sa main et la sortis, pour aller me préparer dans la salle de bains. C'était un grand jour pour moi et il était hors de question que des cernes ou encore un pied cassé, soit des freins pour ma réussite professionnelle ou privée. « Ma fille, va falloir me faire un gros ravalement de façade, là, ton avenir est en jeu ! »
Partie dans une course folle, je posais un masque, le temps de filer à la douche. Je remerciais intérieurement Jeff d'avoir insisté pour me laver la tête, la veille, car cela me faisait gagner un temps considérable ce matin-là. Une fois la douche finie, je pris le parti d'appeler le service d'étage, pour que l'on nous monte le petit-déjeuner, afin de gagner une vingtaine de minutes. Jeff se réveilla complètement, grâce à l'odeur du café et prit peur en voyant ma tête au réveil.
— Tu espères me faire fuir ? Non, parce que ça ne marchera pas comme ça, hein ! Je te trouve toujours aussi canon, même avec ton truc chelou sur le visage !
— Tu dis ça parce que t'es amoureux ! Mon truc chelou comme tu dis, c'est un masque cent pour cent biologique, que Suzy t'a fait débourser les yeux de la tête, à base de charbon d'ortie et de pin ! Ça va me rendre toute belle, normalement !
— Comme si tu avais besoin de ça ! Tu as fait monter le petit-déjeuner ?
— Oui, ils viennent juste de le monter. Ils l'ont installé devant la baie vitrée.
— Tu es une perle, je t'aime ! Enlève ton truc là et viens manger.
— Je n'ai pas faim et puis, je préfère ne pas me mettre en retard, le planning est très serré.
— Tu ne me feras pas répéter, si ? Tu enlèves ça et tu viens manger ! Je n'ai pas envie de me disputer avec toi aujourd'hui !
Dans ces moments-là, mieux vaut ne pas insister. Le repas chez les Bettarili le stressait bien plus qu'il ne voudrait l'admettre. Je vins m'installer avec lui quelques minutes après, le visage débarbouillé, les cheveux tirés en arrière et une serviette en coton en tour de tête. Il ne put s'empêcher de me prendre en photo, en me notifiant sur le groupe : « Les femmes sont folles ! » Cela fit rire les deux garçons et fit couiner les jumelles qui criaient : « C'est bien, tu appliques nos conseils ! Contentes !» Leurs cris stridents au réveil eurent un mauvais effet sur Jeff qui, contrarié, posa son téléphone sur la table. J'avais ajouté une salade de fruits à mon traditionnel « Jus-Yahourt » du matin, histoire de ne pas agacer Jeff et me dépêchais de l'avaler pour retourner à la salle de bains.
Une heure plus tard, j'étais fin prête. Un chignon bohème, qui laissait retomber les mèches les plus courtes, un maquillage léger, mais avec une bouche corail bien dessinée et passée au gloss, venaient rehausser la tenue choisie par Suzy à cette occasion. Comme elle l'avait dit : « On ne rencontre pas une belle-famille comme celle-là tous les quatre matins ! Vous vous devez d'être sensationnelle !». Dans les teintes pourpres, cette robe en mousseline était à ourlet plongeant. Elle arrivait au genou devant et aux pieds derrière. Les bretelles spaghetti s'accrochaient à des emmanchures tombantes et volantes pour marquer les épaules. J'avais opté pour un soutien-gorge à effet Push-up, avec des bretelles amovibles fines et agréables à porter qui s'adapteraient à mon décolleté et à son boxer en dentelle assortie. J'avais l'impression d'être une princesse, que l'illusion de faire partie de leur monde serait à peu près convaincante. Seul bémol à la tenue, la chaussure noire vernie, qui essayait de se marier avec ma botte de marche disgracieuse.
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L'AFFRANCHIE - Tome 1 : L'apollon et la Noctuelle
RomansaATTENTION : CE TEXTE EST POUR UN PUBLIC AVERTI, IL CONTIENT MOULTES SCENES DE SEXE ! «Sophie, la belle noctuelle, aime éperdument, vit tout à mille à l'heure, rêve éveillé et finalement n'est jamais satisfaite Jeff, l'énigmatiqu...