11. un mauvais souvenir

20 2 0
                                    


                   Une jeune femme jouait des claquettes avec ses doigts devant mon visage. J'avais une serviette humide sur le front et j'étais couchée en PLS.

     — Sophie ? Vous m'entendez ? Sophie ?

     — Papa ? Isaac ? Qui êtes-vous ? Je suis où ? Le stress recommençait à monter.

     — Calme-toi, petite sœur, on est là ! Tu es dans le salon, chez toi ! C'est Lola, une copine, elle était avec moi quand tu as appelé. Quand je lui ai dit pour toi, elle m'a proposé de venir. Elle est pompier secouriste.

     — Oh ! Merci !

                    Après un instant, je posai la question :

     — Isaac, pourquoi il ne m'a pas appelé ?

     — Pour te punir, il n'a pas aimé ton vocal ! Ne me regarde pas comme ça, je lui ai dit qu'il était trop con ! Il m'a dit que t'en avais l'habitude. Ils sont partis au casino de Pilanesberg pour passer la soirée et ont décidé de dormir sur place.

     — Isaac, si tu m'autorises, j'ai envie de lui rendre la monnaie de sa pièce ! Surtout, s'il connaît ses antécédents médicaux, elle aurait pu tomber en détresse respiratoire avant de t'avoir au téléphone, ça aurait pu être grave ! C'est inadmissible de telle gaminerie ! pesta Lola.

     — Oui, pas trop violent quand même, hein ?

     — Juste de quoi lui faire peur ! Christian, Sophie, Isaac : mode avion, s'il vous plaît.


                    Mon père et Lola avaient la rage après Jeff. Elle prit son numéro dans mon téléphone et le composa. Connaissant Jeff, un numéro avec l'identifiant de notre région, à 5 heures du matin, il va répondre, c'est sûr !

     — Bonjour. Désolée de vous déranger à une heure pareille. Je suis médecin du SAMU, au centre Hospitalier des Alpes. Jeff, c'est ça ?

     — Oui, c'est moi, qui a eu un souci ? Que se passe-t-il ?

                    Il paniquait, je l'entendais à sa voix. Isaac me tendit mon inhalateur et me prit dans ses bras.

     — Chut ! Ti'Chat, c'est nécessaire, me chuchota Isaac.

     — Un habitant promenant son chien nous a appelés. Une jeune fille a fait un malaise, route de la chapelle, à Amancy. Elle n'a ni papier, ni même de sac à main sur elle et son téléphone est déchargé. Elle avait juste un papier chiffonné dans la poche. Dessus, il y avait votre numéro et votre prénom. Le passant l'a trouvée au sol et s'est empressé de nous appeler. Il lui a probablement sauvé la vie. Elle est petite, un peu forte, les cheveux roux, attachés en queue-de-cheval.

     — Oh ! Mon Dieu, Sophie ! Il se passe quoi ? Elle a quoi ?

     — C'est un peu délicat. À priori, elle a fait un malaise dû à une détresse respiratoire.

     — Oui, elle fait des crises de panique sévères, avec hyper ventilation. Elle devait être allée se balader. Elle habite juste derrière, au 265 chemin des Lilas ; c'est la fille de Christian Stillman, technicien de l'environnement... Heu... Pardon, garde-chasse. Elle a dû sortir sans son inhalateur.

     — Je vais l'emmener à l'hôpital, c'est la procédure. Vous sauriez pourquoi elle aurait pu faire une crise de panique ?

     — Oui. Oui. Je pense que c'est ma faute ; je suis parti en Afrique du Sud en vacances. J'étais censé l'appeler ce soir et j'ai oublié.

L'AFFRANCHIE - Tome 1 : L'apollon et la NoctuelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant