14. Soirée chill

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                    Une chose inhabituelle m'attendait à la maison : mon père. Il n'était jamais là habituellement avant 19 h. Je soupçonnais Isaac de lui avoir demandé de me chaperonner. Il parut surpris en voyant Léo. Il connaissait les ententes qu'il y avait entre Jeff et moi, mais cela ne parut concret dans sa tête qu'à ce moment précis, je pense.

     — Papa, je te présente Léo. Il est serveur au "Balcon des Cimes". Léo, voilà mon père Christian. Agent Territorial de l'environnement. Garde-chasse en somme.

     — Enchanté monsieur Stillman. Vous avez une bien belle voiture ! Et votre maison est superbe.

     — C'est la voiture de Jeff, son petit ami.

                    Papa appuya sur les mots « petit ami » comme s'il voulait signaler à ce jeune homme sorti de nulle part que c'était chasse gardée. Même s'il savait très bien que Jeff et moi ne sortions pas réellement ensemble.

     — D'ailleurs chérie, il a appelé. Il voulait savoir comment se sont passé tes entretiens aux stages. C'est gentil de m'avoir prévenu que tu avais des entretiens.


                    Je partis rapidement me changer, mais tout en laissant la porte ouverte pour continuer de parler avec eux. Je soupçonnais Léo d'avoir voulu me suivre, car papa avait émis un raclement de gorge hostile en venant s'installer entre lui et la porte de ma chambre, en appui contre le mur. Cette situation me faisait sourire. Je me retrouvais ado quand papa surveillait mes potentiels petits amis.

     — Je l'ai su que ce matin papa ! Isaac s'est pointé pour me sortir du lit et m'y emmener ! Le "20Minutes" et "Activ Mag" sont validés pour les deux premiers, mais pas au "Dauphiné". Il n'a pas aimé mon style. Je dois lui écrire autre chose.

     — Et je peux savoir ce que c'est que ces fringues de bourges ?

     — C'est Jeff qui me les a faites livrer ce matin, pour les entretiens justement. Léo, le thème de la soirée ce soir, c'est quoi ?

     — Tu as de mauvaises habitudes avec tes richous, se moqua-t-il. Y a pas de thème dans nos soirées, c'est comme chez MacDo, "Venez comme vous êtes !"


                     Cette remarque fit sourire mon père, qui se dérida légèrement. Je décidais donc d'enfiler une robe Lollipop, surexposant légèrement ma poitrine et une paire de spartiates, incroyablement confortables. Les filles diraient que c'est une grossière faute de goût d'avoir associé les deux, mais je me sentais divinement à l'aise dans ces sandales.

     — Au fait, tu as reçu un colis d'Afrique ce matin. Je l'ai posé sur ton lit ! Faudra que je dise à Jeff d'arrêter de te gâter comme ça, cela devient gênant. Les voisins commencent à jaser.

                    Sa manie de toujours accorder trop d'importance à ce que pensent les gens autour de nous devenait vraiment pénible. Une jeune femme ne pouvait-elle pas recevoir des colis de grandes marques sans, de suite, attiré les convoitises et les messes basses ?

     — Laisse-les parler si ça leur fait plaisir, papa. Tu sais bien que c'est dans la nature humaine ! Je ne compte pas bouder mon plaisir, juste parce que les voisins voient passer des colis de grandes marques !

                    Je me retournai et vis l'étui. Il était écrit en Afrikaans, la langue officielle d'Afrique du Sud. La curiosité de mon père l'avait poussé à déballer le colis et regarder ce qu'il contenait. Dans l'écrin, se trouvait un collier en ivoire et nacre, avec un fermoir à visser en or. Il était accompagné de deux boucles d'oreilles assorties et d'un petit mot que je décidais de lire plus tard.

L'AFFRANCHIE - Tome 1 : L'apollon et la NoctuelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant