20. Rangement et confidence sur l'oreiller...

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                    Papa n'avait pas menti, on n'était jamais tranquille. Après avoir installé toutes mes affaires dans la chambre, Isaac et Lola nous ont rejoints pour souper avec nous. Je reçus aussi un appel des filles qui me demandaient si on était rentré. Papa partit vite, n'ayant pas spécialement envie de tous les voir. Elles ne nous ont pas laissés le temps de dire non et se sont invitées, en compagnie de Jérémie. Leur manière de s'incruster avait quand même un côté attachant. Mes amis étaient toujours là, ils se souciaient de moi. D'ailleurs, Lana et Maria commencèrent à parler de redécorer cette chambre, de façon un peu trop enthousiaste pour Jeff, qui s'empressa de dire qu'il connaissait déjà quelqu'un pour s'occuper de ça.

     — J'ai aucune envie que cette chambre ressemble à un donjon BDSM les filles ! Merci bien !

     — Tout de suite les grands mots ! Non, juste un lit à baldaquin, des velours rouges ou violines, du sombre sur les murs...

     — Ça ressemble beaucoup à la description d'une chambre BDSM ce que tu racontes. Sophie a raison, la coupa Jérémie.

     — Heu... Vous avez l'air d'oublier que ça reste chez moi ! Il est hors de question que ma chambre d'amis devienne un donjon ! De quoi j'aurais l'air !

                    Jeff mit un frein à tout ça. Il avait l'air perdu, comme si j'étais en train de le déposséder de sa maison. Le connaissant, cela ne m'aurait pas étonné qu'il soit en train de flipper à l'idée que je prenais mes aises chez lui. 

                    Je décidais donc de changer de sujet, dans le but de le faire déstresser.

     — Et vous alors, cette promotion ? Comment ça se passe pour vous ?

                    Les filles tombèrent dans le panneau et commencèrent à me raconter leur vie. Ensuite, Jérémie nous raconta aussi ses dernières acquisitions, en matière d'appartement, toujours financées par l'argent de son paternel. Ils restèrent tous environ deux heures, avant que Jeff ne les mette à la porte, prétextant ma fatigue. Après quelques insistances vaines, ils partirent, promettant de passer le lendemain soir. Jeff leur autorisa même de manger avec nous.

                    Une fois la bande déguerpie, Jeff me laissa quelques minutes, le temps de mettre de l'ordre dans la pièce à vivre.


                    Je crois que je n'ai jamais connu un homme aussi maniaque. Malgré le passage de sa femme de ménage, tous les deux jours, il ne pouvait s'empêcher de passer un coup de balai ou laver la vaisselle. Il me reprochait souvent mon bordel, ne comprenant pas comment j'arrivais à me retrouver « dans tout ce capharnaüm », comme il disait. Mon bazar était, le plus souvent, organisé. Il y avait un tas pour chaque chose : un pour les livres et magazines divers, un pour mes cours et le dernier pour mes récentes recherches. Jeff, revenu de la cuisine sans que je ne l'entende, m'observait, le nez justement plongé dans mes papiers.

     — Sur quoi notre grande reporter travaille-t-elle, à une heure pareille ?

     — Quoi ? Quelle heure est-il ?

     — Bientôt minuit. Le docteur t'a dit de ne pas trop forcer, il me semble !

     — Ça n'est pas du travail, c'est juste de la documentation personnelle ! Regarde si tu ne me crois pas.

                    Il regarda toutes mes notes, de la récente découverte du polyamour aux tableaux sur les pratiques plus ou moins acceptées. Il souriait à pleines dents à certains moments, faisait une tête de six pieds de long à d'autres. Je sondais ses réactions, essayant de comprendre ce qui, parfois, le faisait autant froncer les sourcils. Il saisit un stylo dans ma trousse et commença à rayer certaines pratiques mises dans la partie « à voir ».

L'AFFRANCHIE - Tome 1 : L'apollon et la NoctuelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant