CHAPITRE 45 - Isabella

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CLIC CLAC

Le verrou de la porte fait écho dans les différentes pièces. Son bruit métallique strident résonne jusqu'à mes oreilles, et j'ouvre les yeux sans voir autre chose que la pénombre.

— Qu'est-ce qui se passe ? M'interrogé-je moi-même.

Pitié, faites que ce soit Hadrian...

Alexandra se réveille à son tour. Sa respiration devient beaucoup plus saccadée.

— Isabella ? M'interpelle-t-elle alors, à ma grande surprise.

— Ah, tu me parles maintenant ?! La provoqué-je, les sourcils secrètement froncés.

Si j'avais pu lui envoyer des éclairs à l'aide de mes billes, je l'aurais fait sans la moindre hésitation.

— C'est quoi, ces bruits ?! S'affole-t-elle.

— Bah... C'est sûrement l'heure du petit-déj' ? Ironisé-je.

Mon cœur se met à battre un peu plus fort. Je ne peux pas m'empêcher de gigoter sous les coutures, incapable de rester en place plus longtemps.

— J'ai l'impression de pas avoir dormi tant que ça... M'avoue Alexandra, ruinant mes espoirs à néant. D'habitude, depuis que je suis toute petite, je me lève aux aurores. Je sais comment mesurer mon sommeil, quand même ! S'exclame-t-elle finalement.

— Tu vas déjà commencer par te calmer ! Tempêté-je. C'est pas possible, ça !

Bon, elle n'a pas tort. Je crois que je suis bien loin du compte en m'imaginant qu'Hadrian vient nous chercher.

Me chercher.

Je me redresse lentement, en faisant craquer mon dos et mes bras dans mon ascension. Les pas se rapprochent, puis une lumière jaunâtre parsème le sol de notre chambre en provenance de la pièce de vie. Je reconnais immédiatement les pas du sous-fifre. Je fais la moue en apprenant cette nouvelle.

— Mon dieu, c'est peut-être Hadrian qui vient me chercher pour m'emmener dans la Dark Room... Oh, non, pas encore... Grelotte Alexandra.

— Raconte pas de conneries, tu sais très bien qu'il ne vient nous chercher que le soir ! Monsieur a certainement mieux à faire toute la fin de journée, tu ne crois pas ?

J'allume la lumière, croisant le regard terrorisé de ma colocataire, recroquevillée sur elle-même, puis hésite quelques secondes. Je tends l'oreille, mais n'entends pas le chariot, ce matin. Il n'est pas là pour nous apporter notre déjeuner. Ce n'est pas Hadrian non plus, sinon, il serait déjà entré dans notre chambre.

Ce qui veut dire...

C'est étrange, Victor n'entre dans la pièce que pour nous servir nos plats ou venir nous chercher à la nuit tombée. Que fiche-t-il ? C'est autre chose. Quelque chose que nous ne connaissons pas encore. Une hose dont nous n'avons pas encore fait l'expérience.

Je me lève et, sans prêter attention aux recommandations étouffées d'Alexandra, j'ouvre la porte de notre chambre. Je me retrouve nez à nez avec Victor, qui me tourne le dos, en train d'installer une jeune femme sur le canapé. Je m'approche lentement, tout en observant celle-ci, les yeux exorbités.

C'est quoi, ce délire ?

Les cheveux de la jeune inconnue sont si longs qu'ils ressemblent à une cascade de feu tout autour de son visage. Contrairement à nous, elle est endormie. Et pourtant, il ne la ménage pas. La jeune homme place ses membres correctement, en la maniant comme une poupée de chiffon.

— Mais, qu'est-ce que vous faites, Victor ?

— Ah, bonjour, Isabella ! Répond le sous-fifre en ignorant ma question. Ne vous inquiétez pas, retournez vous coucher.

BOURREAU DES COEURS - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant