CHAPITRE 21 - Isabella

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Voici des heures et des heures que nous n'avons pas vu Eleanor.

Si nos calculs sont exacts, elle aurait dû revenir il y a une ou deux heures, déjà. Le temps qui passe ne nous échappant plus, nous parvenons à connaître l'heure approximative.

Alexandra, Hailey et moi-même sommes assises de part et d'autre du salon. Nous prions pour que notre camarade nous revienne saine et sauve. En attendant, nous en avons profité pour regarder ce qui se trouvait dans le grand sac noir que Victor nous avait apporté. Il était rempli de vêtements en tout genre : des jeans, des robes, des jupes, des pulls, et divers sous-vêtements qui, contrairement à ce que l'on aurait pu croire, étaient tous en coton. Aucun string en dentelle, aucune nuisette sexy, rien. Juste... Du bon sens. Des tenues vouées à nous mettre à l'aise.

Mais pourquoi tant de sympathie, quand on y pense ?

Que caches-tu, Hadrian ?

J'ai enfilé un leggings basique sombre, et un gros pull à rayures blanc et noir. Comme ça, je me sens plus à l'aise.

L'ambiance est extrêmement pesante dans notre chambre. Je me sens lourde, depuis qu'Eleanor nous a été enlevée, et que Beverly est revenue complètement changée de son expérience dans la Dark Room. Elle ne nous adresse plus un mot.

Je me surprends à penser à la vie que j'avais avec Shawn, encore une fois : elle était loin d'être parfaite, surtout depuis quelques mois. Mais elle était en tout cas bien meilleure que le semblant de vie qu'Hadrian nous offre ici. Victor dit que nous sommes « tout de même en semi-liberté ».

Quelle liberté avons-nous en ces lieux, si ce n'est celui de manger, pisser ou dormir quand bon nous semble ?

Nous sommes comme des lions en cage, à la seule différence que contrairement aux zoos, on ne nous admire pas.

Sauf Hadrian, mais ça, je suis la seule à le savoir.

— Comment il a su... Murmure Hailey, m'arrachant d'emblée à mes pensées.

— De quoi tu parles ? La questionne Alexandra, sceptique.

Je reste silencieuse face à leurs interrogations. À quoi cela servirait-il d'éveiller leurs soupçons ou de provoquer une angoisse encore plus intense ?

Nous sommes déjà assez dans la merde comme ça.

— Isa...? M'interroge alors Alexandra, les bras croisés.

— Mmh ?

— Fais pas l'innocente, Isabella. Tu sais quelque chose !

— J'vois pas de quoi tu p...

— Roooh, arrête, tu veux ! Me coupe-t-elle en levant les yeux au ciel. On commence à te connaitre !

— Ça veut dire quoi, ça ?! Monté-je sur mes grands chevaux.

— Que tes cachotteries, on en a assez ! Tonne-t-elle.

VLAM !

Alors que je m'apprête à me justifier, nous entendons la porte claquer et nous tournons instantanément vers Beverly, qui sort enfin de son antre pour rejoindre la salle de bain. Vêtue d'une robe de chambre rose qu'elle a dû dénicher dans le sac quelques heures plus tôt avant même que nous fouillions dedans, elle traîne des pieds, laissant une friction couvrir nos respirations saccadées.

— Beverly ! L'interpelle Alexandra. Viens avec nous !

Cette dernière ne répond rien. Elle ne daigne même pas nous adresser un regard, et s'empresse d'ouvrir la porte de la pièce pour s'y faufiler.

BOURREAU DES COEURS - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant