CHAPITRE 46 - Hadrian

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— Tout est réglé, Monsieur Campbell, m'annonce la voix au téléphone.

— Il y avait plutôt intérêt ! Tonitrué-je.

— Nos hommes les ont récupérés sans problème, ajoute-t-il. Mais cette mission était dangereuse, vous savez... Les g...

— Ça, ce n'est pas mon problème, le coupé-je en tapant sur mon ordinateur. Vous savez pour combien il y avait dans ce lot de marchandises, Dwayne ?! Un million quatre ! Un million quatre qui aurait pu se retrouver perdu dans la nature ! Merde !

Mon ton est à la fois calme et ferme, juste afin que ce bon à rien comprenne qu'il ne faudra plus faire d'erreur, sous peine de perdre la vie. J'en ai tué un bon nombre en guise d'exemple, et il me tarde de recommencer. Cet abruti est prévenu.

— Refaites un transfert ce soir, ordonné-je sans la moindre hésitation. À vingt heures, précises.

— Mais, Monsieur... Nous n'aurons jamais le temps de charger la cargaison... Se plaint le vieil homme, dont la voix grelotte dans le combiné.

— À. Vingt heures. Précises.

— Mais...

— ET VOUS CONTESTEZ ENCORE MON AUTORITÉ ?!

Ça y est. Cette fois, entre ses discours inutiles et la situation qui me pèse avec Isabella, j'ai ma dose. Mes nerfs se mettent en boule, et je ne serais pas surpris de voir ma main plonger sous le bureau pour déclencher une bombe dans l'entrepôt.

Je l'ai toujours conservée, au cas où la police trouverait notre point de ravitaillement. C'est astucieux et, en prime, c'est mon idée.

— Je vous prie de bien vouloir m'excuser, Monsieur Campbell... Bredouille le vieil homme. Les... En ce moment, les traf...

— Je n'en ai rien à foutre que les transferts soient risqués, Dwayne. Écoutez-moi bien : vous avez tout intérêt à surveiller les faits et gestes de vos hommes. Si un tel incident se reproduisait, je n'hésiterais pas à planter votre tête au bout d'une pique ! Le menacé-je.

— Oui, Mons...

— Et planter celle-ci devant ma baraque, pour l'exemple ! Terminé-je.

TOC TOC TOC

— Je vous laisse, Dwayne. Tâchez de réussir cette mission ! Le conseillé-je. Et ne me faîtes pas regretter de vous avoir engagé.

— Très bien, Monsieur.

Je raccroche et, après avoir vidé mes poumons de tout leur oxygène, je détends enfin mon dos et mes bras. Je fais craquer ma nuque en secouant la tête de gauche à droite puis relève la tête vers la porte d'entrée de mon bureau :

— Entre !

Victor rentre dans la pièce lentement et presque à bout de souffle. Je sais ce qu'il s'est passé dans le sous-sol. Je le sais pertinemment.

— Qu'est-ce qu'il y a ? L'interrogé-je en replongeant dans mes notes.

— Monsieur ? C'était simplement pour vous dire que tout était réglé...

— Oh, ne te fatigue pas, Victor... Je sais, lui confirmé-je.

— Ah ?

Je crois lire l'angoisse dans ses prunelles. Il sait qu'il a manqué fauter. De la plus grave des manières. Mais je ne suis pas d'humeur à lui faire subir ma colère. J'ai d'autres chats à fouetter.

Ou d'autres chattes...

J'ai vraiment un humour tordant !

— Approche, lui ordonné-je d'un geste de la main.

BOURREAU DES COEURS - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant