CHAPITRE 49 - Isabella

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Sans jeter un seul regard en arrière, je continue d'avancer et de ne pas lui donner plus d'importance qu'il n'en a déjà. Je suis quasiment certaine qu'à cet instant, un vil sourire creuse ses fossettes et offre à son visage ce sourire si séduisant qui le caractérise.

Séduisant, et repoussant.

À chaque fois que je pose les yeux sur son visage ou sur son corps, je m'entête à chercher un défaut. Quelque chose qui me repousserait. Quelque chose qui me ferait vomir. Rien qu'un infime détail qui me ferait fuir, et prendre mes jambes à mon cou.

Mais rien.

Je ne trouve rien.

Tout ce que m'évoque cet homme, c'est la luxure. Le désir. L'envie. Toutes ces sensations intenses qu'on ne trouve nulle part ailleurs. J'en parviens même à me demander si je n'essaierais pas de le provoquer pour qu'il prenne la décision de me tuer. Au moins, mon corps aurait le privilège de goûter à sa chair.

Je ne sais même plus ce que je raconte.

Je continue d'avancer, en entendant les pas d'Hadrian frapper le sol, juste derrière moi. La puissance de son corps et son charisme, me font me sentir infiniment ridicule à ses côtés. Je me sens comme aspirée dans un vortex de sensations incompréhensibles. Et le pire, c'est que je suis la seule à les ressentir. Lui, ne ressent que du dégoût à mon égard. Tout ce qu'il veut, c'est me violer. Me profaner. Me soumettre. Me faire du mal, en somme.

Sa silhouette me pèse, et mes pas deviennent de plus en plus lourds, comme s'il appuyait le plus fort possible sur mes épaules. Est-ce seulement le poids de la culpabilité ? Autre chose ?

Lorsque j'arrive devant la dernière porte à franchir, je pivote face à lui, et croise son regard d'acier :

— Encore la cuisine ?

— Tu n'auras pas droit à la Dark Room, si c'est ça, ta question, répond-il fermement.

— Ce n'était pas ma question.

— J'y réponds quand même.

— Trop aimable !

Je m'arrête un instant et lorgne sur ses yeux bleu glacier en fronçant les sourcils. Je ne flanche pas. Je tiens à lui communiquer mon mécontentement. Alors, il continue de s'adresser à moi :

— Au fait... Ne te fatigue pas, Isabella, le mensonge te va très mal au teint.

— Et vous, c'est l...

— Entre, ordonne-t-il finalement en me coupant l'herbe sous le pied.

Je grogne ouvertement et fais à nouveau volte-face en direction de la porte, puis je m'exécute. J'entre dans la salle, qui comme la dernière fois, offre une teinte macabre à cette soirée. Mais un détail change la donne : la cuisine est ouverte sur le salon.

— Mais... La cuisine... Bredouillé-je.

— Oui, Isabella, j'ai effectué quelques travaux... Enfin, pas moi personnellement, tu imagines bien.

— Certes... Pourquoi se fatiguer quand on a une bande de larbins à ses ordres, le provoqué-je.

— Tu as tout compris.

Je pénètre dans cette dernière pièce et scrute intensément la salle tandis qu'Hadrian verrouille la porte derrière moi. Mes doigts s'entortillent inconsciemment les uns les autres. Et un moment donné, je suis même forcée d'essuyer la sueur qui parcourt mes phalanges sur le bas de ma robe. Je me sens comme dans une fournaise, comme si j'avais le dos collé à un radiateur bouillant, comme si j'étais attachée à une corde sans possibilité de m'enfuir, sous un soleil cuisant au beau milieu du Sahara.

BOURREAU DES COEURS - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant