CHAPITRE 8 - Isabella

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— Qu'est-ce que c'est qu'ça, encore ?! M'esclaffé-je, sous les regards ébahis des autres femmes.

Elles gardent toutes le regard rivé sur moi, à tel point que j'en viens à me demander si elles ne sont pas changées en pierre.

C'est quoi leur problème ?

Est-ce que quelqu'un va se décider à me donner des explications, dans cette foutue baraque, ou je dois me démerder ?

Il n'y a qu'une chose dont je suis absolument certaine, c'est que je ne vais absolument pas m'entendre avec ces femmes. Malgré leur âge, qui doit sans doute être à peu près le même que le mien, elles ont l'air d'être toutes retournées. Aussi préfèrent-elles me toiser comme si elles léchaient les vitrines, plutôt que de répondre à mes interrogations.

— Bon, l'une d'entre vous va-t-elle ENFIN se décider ? M'impatienté-je, en renversant un pot qui se trouve sur une petite table à côté de moi.

Le pot en question se fracasse en mille morceaux en touchant le sol. Une des jeunes femmes se couvre les oreilles comme une enfant, ce qui m'indique que je suis réellement tombée chez les ahuris.

Je me tourne vers la femme décrépite, persuadée que c'est elle qui pourra m'apporter les réponses à mes questions. Mais elle reste plantée là, se servant de l'encadrement de la porte pour se maintenir debout, à me dévisager comme une bête de foire. Ses beaux yeux bleu océan - du moins, ils l'étaient jadis - sont cernés de taches noires, dont les contours me semblent étrangement jaunâtres. Cela ne me dit rien qui vaille.

— RÉPONDEZ-MOI ! Hurlé-je en étirant les bras, comme pour prendre plus de place dans ce grand espace.

Ça y est. Je sors de mes gonds. Je ne supporte pas que l'on m'ignore de cette façon, et surtout dans un moment et une situation pareille.

J'ai une vie.

Je ne peux pas me permettre d'attendre plus longtemps. Je dois rentrer chez moi : Shawn doit être mort d'inquiétude, d'autant plus que je n'ai aucune idée du temps que j'ai passé ici. Je suis certaine d'avoir été droguée, si j'en juge par le minuscule trou dans le creux de mon coude. J'aurais très bien pu dormir plus de vingt-quatre heures, en fonction de la dose. Je n'ai pas vu mon sac à main, j'en conclus donc qu'on ne veut pas que je communique avec l'extérieur. À moins qu'il se trouve dans une autre pièce.

Je ne sais pas...

Je ne sais plus quoi penser.

Je suis interrompue dans mes pensées. La jeune femme qui bien sûr, au-delà de son apparence minable, ne doit pas être bien plus âgée que moi, tourne sur ses talons et retourne dans la pièce d'à côté, avant de claquer la porte. Je suppose que ce doit être la chambre à coucher.

Je ne dis mot et tourne le dos aux trois autres femmes qui ne me lâchent toujours pas du regard. Je cherche de quoi répondre à mes questions en analysant chaque recoin de cette pièce immense. Elles ne pipent mot et restent de marbre en m'observant sous toutes mes coutures. Je n'en ai cure.

Moi, je compte sortir d'ici.

Tandis que je circule dans la pièce, mon esprit divague : je n'ai pas de téléphone, mes affaires m'ont été ôtées, j'ai été droguée... Rien à voir avec Dimitri.

Mon regard est soudain irrésistiblement attiré par une horloge miniature dorée, posée sur un meuble, ce qui interrompt mes pensées séance tenante. Je m'en approche, dans le silence apocalyptique qui règne ici, et la prends en main. Le mécanisme est arrêté. Les aiguilles sont figées. Les quelques dorures qui parsèment le cadran me donnent l'impression d'avoir affaire à un objet assez ancien, et surtout, qu'une personne lambda ne pourrait pas se payer. Je la repose, puis m'adresse à nouveau à Alexandra, en pivotant dans sa direction.

BOURREAU DES COEURS - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant