CHAPITRE 29 - Isabella

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Le crissement de la porte dans ses gonds me fait sursauter. Et déjà, une odeur nauséabonde me pique les narines : l'odeur de ma prochaine mort.

— Oh !

La porte ouvre sur l'homme que je suis censée craindre. Je lève la tête pour pouvoir le regarder. Il porte toujours son costume séduisant et son masque qui ne me laisse pas entrevoir la moindre parcelle de son visage.

Mais quel dommage...

J'aurais bien aimé savoir s'il a un gros tarin !

Quoi de mieux que de se foutre de la gueule de son bourreau avant de crever ?

J'ai tendance à m'égarer : mes mots dépassent mes pensées. Après tout, qui pourra m'en vouloir ?

— Vous ne retirez pas votre masque ?

Plus le temps d'être polie. De toute manière, je crèverai ce soir. Autant d'amuser un peu.

— Bonsoir, Isabella, rétorque l'homme calmement, d'une voix qui m'aurait fait faire n'importe quoi si l'homme qui la portait n'était pas un psychopathe de bas étage.

— Oui... Bonsoir, réponds-je alors.

Il semble impressionné par ma force de caractère : il penche la tête sur le côté comme un canidé qui tend l'oreille. Sans doute les autres femmes sont-elles toutes terrorisées en sa présence et n'osent rien répondre. Ça n'est pas mon cas. J'ai le sens du défi.

C'est peu dire.

— Entrez, m'ordonne-t-il.

C'est alors que je m'avance pour passer l'embrasure de la porte. Mais à ce moment-là, Hadrian place une main devant moi pour m'arrêter, avant de se détourner de moi.

— Attends, m'adresse-t-il avant de lancer un regard mauvais à son sous-fifre. Toi, tu n'entres pas.

J'ai presque envie de lui sauter au cou. Au moins, Victor n'aura pas le privilège de me voir nue. Ça ne peut que mieux se passer. Finalement, même les pires psychopathes ont un minimum de savoir-vivre.

Ouais...

Tu vas voir le savoir-vivre qu'il a, dans quelques minutes...

Pauvre conne.

Hadrian retire sa main et je m'avance. Il fait nuit noire dans cet endroit, je me demande même si on ne pourrait pas jouer à cache-cache, pour l'avant-goût. Lorsque je me retrouve au centre de la pièce, je déglutis difficilement, attendant patiemment que l'homme se décide enfin.

Allez, saute-moi dessus, qu'on en finisse.

Si je ne te tue pas avant !

J'entends la porte claquer dans mon dos, et un verrou au son rauque cloisonner ma nouvelle prison. Les pas d'Hadrian tournent autour de moi comme un vautour autour d'un animal en perdition.

— Vous vous décidez ?!

Il ricane doucement.

— Ta force de caractère m'amuse beaucoup, Isabella. J'étais certain que tu serais plus difficile à apprivoiser que les autres.

— Allumez la lumière ! Ordonné-je, ne prêtant aucune attention à sa réflexion malsaine.

— Oh... Tu en es certaine ?

— Si je dois mourir, je tiens à vous regarder droit dans les yeux ! Insisté-je.

C'est pour mieux te poignarder, mon enfant...

BOURREAU DES COEURS - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant