CHAPITRE 51 - Isabella

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Il colle ses lèvres aux miennes et, dès cet instant, c'est un feu destructeur qui s'allume dans mon cœur. Un incendie massif qui calcine la terre entière. J'ai l'impression que cet instant dure une éternité, que ma nouvelle prison se trouve entre ses lippes. Et je souhaite m'y noyer, dans cet océan de volupté. Dans ce déferlement de passion qui provoque ces papillons sournois dans mon ventre.

Oui...

Enfin...

Un gémissement gronde dans ma gorge qui se dessèche peu à peu, ne laissant plus qu'un cratère vide dont l'eau douce se serait envolée dans les cieux, sous la chaleur ce son contact. J'ai soif. De lui. Uniquement de lui.

Bientôt, ce baiser n'a plus rien d'humain à mes yeux, face à la danse de nos bouches affolées qui se dévorent l'une l'autre et qui, à la fois, se refusent encore un contact plus intime. Déjà essoufflée, j'inspire une gorgée de notre air mêlé pour le sentir au plus profond de mon être. Son parfum me donne la force nécessaire pour éloigner de moi toute pensée néfaste et profiter pleinement de cet instant privilégié qu'Hadrian a daigné m'offrir. Loin de moi Alexandra et Marjory. Loin de moi cette solitude qui me rongeait en attendant son retour. Il n'y a plus que lui et ses lèvres qui me goûtent.

Je n'ai plus besoin de respirer. Son souffle m'apporte tout l'oxygène nécessaire à ma survie. Et pourtant, ce contact évoque à la fois la profondeur des abîmes, et la légèreté d'une plume.

Lorsqu'Hadrian inspire à son tour, il écarte les lèvres encore plus grand et faufile sa langue dans ma brèche. Cet organe chaud glissant à l'intérieur de ma bouche, je ne peux m'empêcher de pousser un hoquet de surprise. Je crois que jusqu'ici, je n'avais jamais expérimenté un tel feu d'artifice gustatif. Même après le caviar. Même après la truffe. Même après son pénis dans ma bouche, qui était seulement l'écho d'un plaisir solitaire.

Là, c'est différent.

Nous partageons cette osmose. Son goût est divin. Sa saveur est interdite, et je m'en délecte. Nos langues se fourchent et se caressent, nous transportant dans un monde de félicité.

Oh, Hadrian...

L'homme aspire et lèche mon consentement entre ses dents. Puis, jouant toujours avec ma bouche comme s'il la baisait, il se retire et aspire ma lèvre inférieure, la mordille avec acharnement avant d'enfoncer à nouveau sa langue dans ma bouche. Il est affamé. Il a faim de moi. Et moi, je ne résiste plus du tout. Le Diable sait parfaitement comment s'adresser à moi. Et moi, je tombe peu à peu dans le piège.

Oui. Je m'abandonne. Sans la moindre hésitation. Mes jambes tremblent sous mon poids qui devient de plus en plus lourd, et comme si l'avait pressenti, les mains de l'homme descendent lentement sur le mur, de part et d'autre de ma silhouette, pour rejoindre mes hanches. Nos langues s'entremêlent alors avec plus de violence, dans une danse endiablée que même les flammes des Enfers ne pourraient arrêter. Je tente à tout prix d'étouffer mes gémissements, tous ces sons qui ne souhaitent que sortir de mon corps pour lui exprimer mon désir, mais non. Je ne veux pas le faire fuir encore une fois.

Étrangement, un simple baiser de cet homme, si puissant et si singulier, pourrait me provoquer un orgasme si je baissais ma garde. Les anges et les démons courbent le dos devant notre étreinte infernale.

Non...

Non, Isabella.

Ne le fais pas fuir...

Je force ardemment sur ma gorge pour éviter que le moindre mugissement de plaisir ne passe la frontière de mes lèvres. Et tout à coup, je ressens le besoin irrépressible de le toucher. Alors, je remonte lentement mes mains le long de ses avant-bras, de ses épaules, de sa nuque, et bientôt, je peux l'envelopper entre mes doigts et ressentir la chaleur de son épiderme à travers le col de sa chemise.

BOURREAU DES COEURS - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant