CHAPITRE 62 - Isabella

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Je reste plantée devant elle, les yeux comme des cratères, à regarder le sang s'écouler de son anus dilaté à l'extrême. Ses parois ont été étirées si violemment et si largement que son canal s'est brisé net. Le bruit était atroce : les craquements de ses os, le giclement de son sang, les clapotis de ses organes internes... Son visage est dirigé vers le sol.

Je ne perçois plus aucune respiration, elle est morte sur le coup.

Étrangement, je me sens soulagée.

Tellement soulagée que je me tourne vers Hadrian, qui, les mains posées sur les hanches, m'observe avec attention. Ses sourcils arqués sont la preuve ultime qu'il ne s'attendait pas à cela. Moi non plus, je dois l'avouer. Je me suis laissée emporter par mes instincts.

Alors c'est ça, que ça fait ?

— Hadrian... Je...

Mais il m'interrompt en avançant vers moi lentement, laissant maintenant ses bras pendre le long de son corps puissant. Il s'arrête à quelques centimètres de moi, la chaleur de son corps irradiant le mien sans le moindre contact physique.

— Hadrian... Pardon...

Il reste de marbre. Cela ne me dit rien qui vaille. Je déglutis avant de m'adresser de nouveau à lui :

— Je... Je n'aurais pas dû... Continué-je, alors qu'il me surplombe.

Il est si grand que je me sens rétrécir de plus en plus. J'ai si peur. Son regard n'exprime rien. Je devrais en avoir l'habitude après ces jours passés à ses côtés, mais ça n'est pas le cas. J'en suis même loin.

Extrêmement loin...

Son visage inexpressif me paralyse. Je sens ma vessie se remplir à grande vitesse alors qu'il entre en moi d'un simple regard.

— Qu'est-ce que tu as fait, Isabella... Putain... Marmonne alors l'homme en lançant une œillade au cadavre.

— Hadrian... Le supplié-je doucement.

— Tu l'as butée...

— Mais, j...

— Putain, tu l'as butée !

Sa voix devient de plus en plus grave. Elle est rocailleuse, gutturale, la voix de l'animal en lui qui reprend vie. Cette bête dont je redoute le réveil.

Mes jambes se dérobent sous mon poids et je tombe à ses genoux. Les yeux rivés en direction du sol, je me soumets encore une fois. Je prie pour qu'il me laisse en vie. Peu importe les châtiments que mon corps subira encore, je ne veux pas mourir.

— Debout, m'ordonne-t-il.

Je m'exécute et pose une main au sol pour aider les jambes à se tendre de nouveau. Et une fois que je suis de nouveau sur mes pieds, il attrape mon menton entre ses doigts et m'oblige à lever la tête pour croiser son regard azuré.

Il a des aurores boréales dans les yeux...

Si c'est la dernière image que j'ai le droit de mirer, alors soit.

— C'est moi le sadique ici, Isabella. L'aurais-tu oublié ? Me demande-t-il.

— N... Non...

Il va me tuer.

Je le sens dans le timbre de sa voix, c'est la fin pour moi. C'est lui le dominant. Lui qui décide de qui vit, ou qui meurt. Et je suis la prochaine sur la liste. Le pire dans tout ça, c'est que j'ai creusé ma tombe moi-même.

Hadrian attrape ma gorge sans prévenir, et enroule fermement ses doigts autour d'elle. Il appuie et me force à reculer, de sorte que mon dos vient heurter le mur parallèle au corps sans vie de Marjory. J'ai presque la nausée en jetant un œil à ses entrailles visibles.

BOURREAU DES COEURS - TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant