16 | L'enveloppe

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Nos regards se croisèrent, et je savais déjà que j'allais passer un mauvais quart d'heure. Son regard me transperçait, et je sentais qu'il m'en voulait. Mais était-ce entièrement de ma faute ? Je n'avais pas cherché à être repéré. Allan lui-même m'avait fait remarquer !

— Désolée, balbutiai-je, mal à l'aise devant lui.

Il ne dit rien. Son expression semblait s'adoucir brièvement, mais il me lança amèrement :

— Putain, mais tu le fais exprès ?

— Arrêtez, ce n'est pas le moment. On part avant qu'un pote ne vienne nous chercher, n'est-ce pas, Peter ?

Il tourna son visage vers Jack, rempli de reproches, et se rapprocha presque de lui.

— Tu crois que je ne t'ai pas vu ? Lui sourire en face ? Mais à quoi tu joues ?! s'exclama-t-il, tu sais ce qu'il m'a fait !

— Peter.

— JE TE DÉTESTE !

Les mots moururent sur mes lèvres, et je ne pus rien dire. Je ne savais pas quoi répondre, et je sentais la colère du châtain en face de moi. Je me plaçai entre les deux : c'était la pire idée.

Mon père, — mon vrai géniteur —, m'avait toujours expliqué de ne jamais m'interposer entre deux chiens enragés au risque d'être blessée. Un bâton suffisait. Mais ces deux-là allaient se battre, et je ne voulais pas voir Peter à l'hôpital. Il fallait mettre fin à cela, et pour la première fois, ce serait moi, pas Jack.

— Arrêtez..., grondai-je, méfiante.

Peter me fixa intensément, et j'eus l'impression de mourir sur place. Quelque chose avait changé en lui. D'un simple regard, il n'était plus le même. Vraiment pas le même. Ses yeux, généralement noirs sans nuances, possédaient à présent une lueur... une clarté angoissante. Jack le remarqua, et il m'attrapa le bras avant de me reculer violemment :

— Ne la touche pas, sinon je te tue, le menaça-t-il d'une voix glaciale.

Mon regard se posa sur Peter. Était-il capable de me tuer pour si peu ? Je lui avais fait vivre l'enfer, et il n'avait jamais levé la main sur moi. Son père le tourmentait-il à ce point ?

Il avait suffi d'une phrase avec le mot « père » pour le faire exploser au Garage, après tout.

Il me regarda étrangement, et j'avais comme la sensation qu'il s'était totalement métamorphosé. Ce n'était plus Peter mais une autre personne, je ne serai dire.

Et si...
Peter était... schizophrène ?

Jack le mania : il le retourna et le poussa vers la voiture. Peter ne broncha pas, se laissant manipuler si facilement. Une fois dans la voiture, nous fûmes enveloppés d'un silence pesant. Je n'osai rien dire. Peter, du côté passager, fixait la route en silence, tandis que Jack lui jetait quelques regards méfiants.

Après une heure de route dans un silence total, nous arrivâmes enfin à la Villa. Peter marchait lentement, perdu dans ses pensées, et je ne pouvais m'arrêter de le dévisager. Il ne m'accorda pas un regard furtif, simplement plongé dans ses pensées les plus profondes.

Je vis Jack tourner autour de lui, le surveillant parfois, et mes pensées s'intensifièrent. Il se méfiait vraiment de quelque chose, mais de quoi ? Que Peter pouvait-il bien cacher ?

Jack se posa sur le canapé, refusant d'aller se coucher malgré les longues minutes qui s'écoulaient. Il se tramait vraiment quelque chose que je n'appréciais guère.

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Après plusieurs heures, je m'étais changée. J'étais vêtue d'un bas de pyjama large à carreaux ainsi que d'un débardeur fin et noir. En me déplaçant dans la pièce attenante à ma chambre, je fis une grimace : ma brosse à dents se trouvait toujours au rez-de-chaussée. J'éteignis la lumière et sortis de la chambre.

POISONOUS | T1&T2 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant