La discussion

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St Paul le 25 avril 1999

Du temps, Bobby en avait eu plus qu'il ne lui en fallait.

Pour dire vrai, après sept mois de relation, il était plus que certain que Marcy n'avait pas l'intention de s'en aller encore une fois. C'était la raison pour laquelle il ne comprenait pas pourquoi, il ne parvenait pas à en parler à son fils.

Buck lisait, installé confortablement sur le canapé du salon.

Depuis qu'il était autonome dans ses lectures, il dévorait tout ce qui lui passait sous la main, avide d'en savoir toujours plus sur tout. Bobby devait d'ailleurs être vigilant sur ce qu'il laissait dans son environnement car Buck était passé maitre dans l'art de subtiliser tout type de lecture. Y compris, et même surtout, ce dont il était encore trop jeune pour avoir connaissance.

Il aurait sept ans dans quelques mois et Bobby se demandait encore quand le petit bébé qu'il tenait dans ses bras était devenu ce petit garçon éveillé, qui posait des questions sur tout ce qui l'entourait.

Buck était vraiment gentil et il donnait son amour à tous ceux qui l'entourait.

Il accordait sa confiance peut-être un peu trop vite mais Bobby restait vigilant pour lui. Buck restait un enfant solitaire par rapport aux autres enfants de son âge mais Bobby savait que c'était parce qu'il n'osait pas aller vers les autres.

Il devait admettre qu'il était désemparé à ce sujet.

Il n'arrivait pas à savoir si Buck était seulement un enfant timide ou s'il avait peur d'être rejeté. Il tenait de l'aider à prendre confiance en lui mais à chaque fois qu'il faisait un pas en avant, il reculait presque aussitôt.

C'était peut-être la raison pour laquelle il n'osait pas faire exploser son monde en y ajoutant une personne. Bobby ne savait pas comment Buck réagirait à une intrusion dans leur quotidien.

Ou alors, il cherchait une raison de plus de repousser l'inévitable et il se sentait lâche de se servir des insécurités de son fils à cette fin. Il aimait Marcy et il voulait faire sa vie avec elle. Il ne pourrait pas la cacher indéfiniment à son fils.

Il devait se lancer et voir ce que ça donnerait.

– Hey Buck, mon pote, on peut parler ?

Buck releva le nez de son livre, avant de le fermer et de se redresser lui accordant toute son attention et Bobby s'installa à ses côtés.

– Comment ça va en ce moment ?

– Bien, affirma-t-il.

– Ok, ouais c'est bien, moi aussi.

Buck fronça les sourcils.

Bobby était nerveux et son fils en était bien conscient. Buck baissa les yeux sur ses mains et commença à jouer nerveusement avec ses doigts. Bobby se maudit.

Il s'y prenait vraiment mal.

– Hey Buck, tu n'es absolument pas en difficulté. Et je veux que tu saches que quelle que soit ta réponse, je t'aimerais toujours aussi fort que la lune.

– Et les étoiles ?

– Ouais mon pote, aussi fort que la lune et les étoiles.

Buck lui fit un de ses merveilleux sourires qui pouvait illuminer une pièce, et dont il avait le secret. Il vint se glisser dans ses bras et Bobby le hissa sur ses genoux pour le tenir au plus près de lui.

– Je t'aime, papa.

– Je t'aime mon fils, et jamais rien ne pourra changer ça, lui promit-il.

Il ferma les yeux et prit le temps de reprendre courage.

Il devait parler à son fils de sa petite amie. Marcy lui laissait du temps et acceptait les rendez-vous pendant les heures d'école pour ne pas perturber le petit garçon et Bobby savait que c'était injuste de lui imposer ça, comme ça l'était de la cacher à Buck.

– Tu te souviens, mon pote, comment Ray et Dana sont tombés amoureux ?

Buck se redressa et le regarda en hochant la tête.

– Eh bien, qu'est-ce que tu en penserais si je te disais que j'étais aussi tombé amoureux ?

– Toi aussi tu es tombé amoureux de Dana ? demanda-t-il en penchant la tête sur le côté, signe qu'il ne comprenait pas vraiment de quoi il s'agissait.

– Non, mon pote, rit-il. J'ai rencontré quelqu'un d'autre.

– Oh ! souffla-t-il.

– C'est une personne très importante pour moi et on se connait depuis très longtemps. Elle... J'aimerais vraiment que vous vous rencontriez tous les deux.

– Pourquoi ?

– Pour faire connaissance.

– Je suis obligé de tomber amoureux d'elle moi aussi ?

– Non Buck, tu n'es obligé à rien et si tu n'es pas prêt à la voir, je ne t'y obligerai pas. Je pense juste que ça serait bien que vous vous voyiez.

Buck fronça son petit nez de la même façon que quand Bobby voulait lui faire manger des poireaux. Et sachant qu'il détestait ça, ça ne s'annonçait pas très bien pour Marcy.

Il devait trouver un autre angle d'attaque.

– Tu sais, elle te connait aussi depuis que tu es tout bébé.

– Ah bon ? s'enquit-il confus.

– Quand tu étais un tout petit bébé encore à l'hôpital, c'était elle qui s'occupait de toi.

Buck garda le silence et Bobby lui laissa le temps d'assimiler, de comprendre, ce qu'il venait de dire. Son front se plissa sous la concentration.

– Pourquoi je ne me souviens pas d'elle ?

– Parce que tu étais trop petit. Attends.

Bobby alla récupérer l'album photo et il l'ouvrit à la page qu'il recherchait lors du premier noël de Buck. Il avait pris Marcy en photo alors qu'elle lui donnait le biberon.

Il donna la photo à Buck qui l'étudia en silence.

– Waouh, souffla-t-il. C'est moi ce tout petit bébé ?

– Oui Buck, c'est toi.

– Et c'est ton amoureuse, là ? la désigna-t-il.

– Oui, c'est elle.

– Elle est belle, dis-donc.

– Oui très belle, lui sourit-il.

– Est-ce qu'elle est gentille ?

– Très gentille, tu sais c'est obligé quand on s'occupe des bébés.

– Ah oui, approuva-t-il. Mais elle était passé où alors ?

– Elle avait un travail très très loin, pour aider d'autres bébés.

– Mais..., commença-t-il en se mordant la lèvre. Elle ne m'aimait pas ?

– Elle t'aimait Buck, elle t'aimait très fort. Tu sais, quand on lui a proposé ce travail, c'est moi qui lui ai dit de l'accepter. Si je lui avais demandé de rester avec nous, elle l'aurait fait.

– Pourquoi tu ne lui as pas demandé ?

– Parce que c'était une grande chance pour elle et que j'avais peur qu'elle regrette plus tard. Je sais que c'est difficile à comprendre toutes ses histoires d'adultes mais elle est là maintenant et elle voudrait vraiment revenir dans nos vies mais tu dois d'abord être d'accord.

Bobby vit la lèvre de son fils trembler alors qu'il relevait des yeux embués de larmes vers lui.

– Est-ce que..., hoqueta-t-il. Est-ce que c'est elle ma maman ?

9-1-1 - Dans le bleu de tes yeux - (AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant