Premier quart

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Bobby avait vite mis en place sa routine autour de Buck.

Un mois avait suffi pour qu'ils s'habituent l'un à l'autre. Depuis que Buck avait confiance dans le fait qu'il revenait toujours pour le chercher, leur vie était devenue plus facile.

Buck acceptait plus facilement de le laisser hors de sa vue et ce gros dormeur adorait passer du temps dans son lit, presque autant que dans ses bras.

Buck aimait également rester à la caserne, entouré de sa famille du feu. Et Bobby devait admettre que cela l'avait aidé de ne pas rester seul avec Buck.

Dana l'avait beaucoup rassuré sur ses capacités à prendre bien soin de lui et Bobby avait retrouvé sa confiance en lui, qu'il avait un peu perdu après le départ de Marcy.

Il était conscient que des sentiments aussi forts ne pouvaient pas s'oublier aussi facilement. Il l'avait encouragé à partir, à saisir cette chance inespérée, mais elle avait laissé un trou béant dans son cœur, qu'il s'efforçait d'oublier du mieux qu'il pouvait.

Sa priorité était Buck et il devait faire passer son bonheur avant tout.

Le gamin avait déjà bien trop souffert dans sa vie malgré ses quelques mois et Bobby ne voulait que le meilleur pour lui à présent.

Il reposa son livre et vérifia son téléphone.

Il avait déposé Buck à la garderie et était de retour au travail. Il l'y avait laissé toute la semaine précédent sa reprise et le laisser avait été un véritable déchirement mais il savait que c'était nécessaire pour qu'il s'habitue en douceur à être séparé de lui.

Buck pleurait malgré tout dés qu'il tournait les talons et c'était tellement difficile de ne pas revenir le serrer contre lui pour le rassurer mais le petit se calmait apparemment assez vite et observait beaucoup ce qui se passait autour de lui.

Bobby aimait aussi le fait qu'il lui offrait un magnifique sourire dès son retour. Il aimait tellement ce gamin.

Il regarda de nouveau son téléphone.

– Tu sais, s'exclama Ray en venant le rejoindre. Ces trucs sont censés nous rassurer et nous rendre joignable à tout moment mais en fait ça va rendre tous les parents encore plus angoissés.

– Quoi ?

– Le regarder toutes les deux minutes ne va pas le faire sonner, lui rappela-t-il. Et estime-toi heureux qu'il ne le fasse pas de toute façon. Ça veut dire que le gamin va bien.

– Je sais, soupira-t-il. Je l'ai acheté au cas où. Je ne veux pas qu'il pense que je l'abandonne. Je l'aime tellement.

– Il sait que tu l'aimes. Les bébés sentent ces choses-là, tu sais. Et il t'aime aussi, tu es son point d'ancrage, son repère, son héros...

– Ray...

– Je suis persuadé qu'il sait au fond de lui que tu lui as sauvé la vie, c'est même certain, mais ce n'est pas lui plus important pour lui. Le plus important, c'est que tu t'occupes de lui, tu es là pour lui et tu es littéralement son père à ce stade.

– Seulement son tuteur, le corrigea-t-il.

– Oublie la paperasse, gamin. Dans quelques mois, tout au plus, il t'appellera « papa » et ça te rendra l'homme le plus fier et le plus heureux de cette planète.

– Je n'arrête pas de me dire que, à un moment, ses parents biologiques vont réapparaitre et...

– Et ces monstres ne l'approcheront plus jamais, lui assura-t-il de nouveau. Son seul vrai parent c'est toi et avant de t'en rendre compte, tu seras de retour au tribunal pour faire une demande d'adoption officielle.

– J'ai déjà rempli les papiers, admit-il le faisant sourire. J'attends juste de voir si Buck est heureux avec moi.

– Il l'est gamin, lui assura son ami. Il te regarde comme si tu avais accroché la lune pour lui.

– J'en serais capable, je pense, rit-il. Je crois être capable de tout pour lui.

– Alors envoies ces foutus papiers et adopte ton fils une bonne fois pour toutes. Deviens le père que tu dois devenir et putain, aime le plus que ta propre vie.

– Merci, Ray.

– A ton service gamin.

– J'ai quand même un service à te demander.

– Je t'écoute, lâcha-t-il curieux.

– Tu sais qu'on fait un métier dangereux et comme tu l'as dit, Buck est tout pour moi. Si jamais, il m'arrive quelque chose, je refuse qu'il retourne dans le système.

– D'accord ?

– Si je ne peux plus prendre soin de lui, j'aimerais que tu sois celui qui prenne la relève, que tu t'occupes de son bien-être et de son éducation.

– Moi ? souffla-t-il ému.

– A ce stade, t'es ce qui se rapproche le plus d'un frère pour moi. En plus, Buck t'adore.

– Je suis honoré de la confiance que tu as en moi et ouais, bien sûr gamin. Rien ne me ferait plus plaisir. Dana va te haïr.

– Je sais que tu ne l'empêcherais pas d'être cette tante envahissante qu'elle est déjà.

– Elle me roulerait dessus avec l'ambulance si je faisais un truc pareil, rit-il les yeux humides.

– C'est une possibilité, se moqua Bobby.

– Tu pourras toujours compter sur moi, lui promit-il. Maintenant, je vais aller me cacher dans un placard pour pleurer de joie et tu vas envoyer ces papiers au tribunal.

– Promis.

– Oh et excellent choix, le bouquin, affirma-t-il en se levant de sa chaise.

– Ouais, je me suis dit que ça serait bien que Buck sache d'où vient son nom.

– Alors, bonne lecture, lui sourit-il.

Ray le quitta et Bobby reprit son livre ignorant délibérément l'engin de malheur posé à côté, qui restait obstinément muet.

Il poursuivit sa lecture amusée par les facéties du chien héros et aussi impressionné par son intelligence et sa détermination.

Il espérait que Buck en serait aussi doté.

Il sursauta quand l'alarme sonna et corna sa page, avant d'abandonner le livre sur la table et de sauter dans le camion avec tous ses collègues.

Il écouta le briefing de leur capitaine en regardant le paysage défiler.

Il pensait à son fils et à la façon dont il avait littéralement changé sa vie, presque trois mois plus tôt, à la façon dont il allait changer sa vie jusqu'à la fin de ses jours.

Bobby allait faire ce qu'il fallait pour lui assurer une belle vie.

Il croisa les regards de ses collègues et il leur sourit. Quoiqu'il arrive à présent il ne ferait pas ça tout seul. Il avait une formidable famille et Buck ne pouvait pas être mieux entouré.

Il camion se stoppa et il en sauta, récupérant son matériel, avant de courir vers le site de l'accident. Des dizaines de voitures semblaient s'être encastrées les unes dans les autres. Ce n'était plus qu'un immense amas de ferraille et Bobby espérait qu'ils pourraient trouver des survivants.

Il se mit immédiatement au travail avec l'objectif d'en sauver le plus possible.

9-1-1 - Dans le bleu de tes yeux - (AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant