Trouver sa place dans ce monde

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St Paul, le 17 juin 2012

– Bobby ! l'interpella Ray en arrivant vers lui en courant.

Il semblait surexcité et c'était assez rare venant de lui. Ray avait beaucoup perdu de son énergie depuis le départ de Buck et il commençait à parler de retraite.

– Ray ? Quoi de neuf ?

– C'est Buck, lâcha-t-il en lui tendant une carte venant de Georgie.

Bobby s'essuya les mains et récupéra la carte postale avec des mains tremblantes. Il ne put s'empêcher de sourire en reconnaissant l'écriture soignée de son fils.

« P'pa,

Je parie que tu es surpris de recevoir de mes nouvelles. Je ne suis plus en colère contre toi.

Enfin, presque plus.

Je bourlingue sur la côte est depuis quelques mois maintenant, en dégottant des petits boulots. Je n'ai pas encore trouvé ma place dans ce monde mais j'ai rencontré des gens sympas.

Pas aussi cool que toi, mais sympa.

Tu me manques. Maman me manque.

PS : J'envoie cette carte à la caserne parce que maman et toi aviez parlé d'un déménagement. Comment vont mon petit-frère et ma petite-sœur ? Embrasse oncle Ray et tante Dana pour moi.

Je vous aime.

Buck. »

Bobby ferma les yeux de soulagement.

Buck était vivant et il allait bien. Bobby sentait son cœur brisé se recoller. Ray déposa sa main sur son épaule avec un sourire humide de larmes de joie.

– Il est vivant, souffla-t-il.

– Ouais et il semble aller bien, confirma Bobby. Je dois... Il faut que j'appelle Marcy.

– Ouais, je vais prévenir Dana et le capitaine.

Bobby s'éloigna et composa fébrilement le numéro de téléphone de sa femme, son cœur battant la chamade dans sa poitrine. Chaque sonnerie semblait durer une éternité avant qu'elle ne décroche enfin.

– Marcy, dit-il d'une voix émue dès qu'elle répondit. Tu ne devineras jamais. C'est Buck !

La voix de Marcy était à peine audible, étouffée par les sanglots, mais Bobby pouvait entendre le soulagement dans chaque syllabe.

– Buck ? pleura-t-elle. Mon bébé est en vie ? Dis-moi qu'il est en vie !

Bobby sentit les larmes lui monter aux yeux, mais cette fois-ci c'étaient des larmes de joie.

– Il est vivant, confirma-t-il. Il nous a envoyé une carte postale, et il va bien. Il est en Georgie, il travaille et il... il dit que nous lui manquons.

Les sanglots de Marcy se firent plus forts, mêlés de rires étouffés.

Bobby lui lut la carte, ses propres yeux noyés de larmes. Il avait tellement de mal à croire qu'il avait enfin de ses nouvelles et en même temps, il reconnaissait l'énergie de son fils dans chaque syllabe.

– Je ne peux pas le croire. Notre fils est en vie, et il va bien. Nous avons réussi, nous avons élevé un jeune homme fort, responsable et courageux.

Bobby hocha la tête, même s'il savait qu'elle ne pouvait pas le voir à travers le téléphone.

– Oui, nous l'avons fait. Je suis tellement fier de lui, même s'il me manque.

Ils restèrent silencieux un moment, laissant la réalité de la nouvelle se déployer entre eux. Puis, Marcy parla de nouveau, sa voix plus calme cette fois-ci.

– Tu crois qu'il va revenir ?

Bobby pouvait entendre l'incertitude dans sa voix.

– Je l'espère, souffla-t-il. Mais qu'il revienne ou non, je sais une chose : nous l'aimons, et il le sait. Où qu'il soit, il sait qu'il a une famille qui l'attend, prête à l'accueillir à bras ouverts.

Ses mots semblèrent apporter un peu de réconfort à sa femme.

– Tu as raison. Notre amour pour lui ne changera jamais, peu importe où la vie le mènera.

Bobby se sentit rempli d'une gratitude profonde envers sa femme et envers leur fils.

– Exactement. Notre amour pour lui est inconditionnel. Et tant qu'il sait cela, il saura toujours où est sa maison.

Ils raccrochèrent après s'être échangé des mots d'amour et d'encouragement, chacun sachant que, quel que soit l'avenir, leur famille resterait unie par l'amour et la foi les uns envers les autres.

La vie reprit son cours et Bobby se sentait plus léger.

Il arrivait à faire des projets et même si son fils lui manquait toujours, et qu'il espérait le voir débarquer à l'improviste avec son énergie caractéristique. Il l'imaginait bronzé et rayonnant de bonheur.

Il espérait le voir revenir pour son anniversaire.

C'était idiot mais il voulait avoir son fils avec lui pour célébrer ce jour particulier même s'il savait que Buck n'avait aucune raison d'y attacher de l'importance, parce que ce n'était même pas sa vraie date de naissance.

Mais il ne pouvait pas s'en empêcher.

Il se dépêcha de rentrer le soir de l'anniversaire de Buck sachant que si son fils ne rentrait pas à la maison, il avait pensé à eux en leur envoyant une nouvelle carte postale pile dans le bon timing.

Marcy avait fait un gâteau pour ce premier anniversaire sans lui et ils le partagèrent en famille alors qu'il lisait ses nouvelles aventures. C'était leur façon de partager un moment avec lui malgré son absence.

– Papa ? demanda Bobby Junior alors qu'il le bordait.

– Oui, fils ?

– Tu peux me relire encore la carte de Buck ?

– Bien sûr, lui sourit-il avec tendresse.

Bobby chassa ses larmes de joie et de fierté en regardant les mots de Buck parfaitement alignés sur la jolie carte postale qu'il avait choisi.

« P'pa,

Et oui, j'ai terminé l'école.

L'école pour être barman. Je suis le barman le plus cool de Virginia Beach. J'ai rencontré une fille qui adore le surf et j'ai commencé à apprendre.

Quand je rentrerai j'emmènerai Bobby Junior et Brooke. Je leur apprendrais à surfer. Je suis sûr qu'ils vont adorer ça.

J'adore vraiment l'océan, c'est peut-être parce que je n'ai jamais eu l'occasion d'y aller avant. Quand j'y vais, j'ai comme l'impression que tout devient possible. Rien ne peut m'arrêter maintenant.

Vous me manquez tous. Embrasse tout le monde pour moi.

Je vous aime.

Buck. »

Bobby Junior se pressa contre lui et Bobby le serra contre sa poitrine.

– Tu crois qu'il va revenir un jour ? lui demanda son fils.

– Je suis sûr qu'il va revenir.

– Quand ?

– Je ne sais pas, fils.

– Il me manque.

– Il me manque aussi et nous lui manquons mais Buck a besoin de faire ce voyage pour se trouver lui-même. Quand ce sera fait, il reviendra.

– Et il va m'apprendre à surfer.

– Et il va t'apprendre à surfer, confirma-t-il, ému.

9-1-1 - Dans le bleu de tes yeux - (AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant