Pour ne plus souffrir

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Bobby était aux fourneaux alors que Bobby junior courrait après sa sœur.

Bobby jeta un œil à le pendule. Buck ne devrait plus tarder à les rejoindre maintenant. Il avait eu une journée assez intense à l'académie d'après ce que lui avait dit Ray.

Marcy entra dans la cuisine avec le sourire.

– Hey, qu'est-ce qu'on mange ce soir ? demanda sa femme en le rejoignant.

– Au menu ce soir, nous avons un bon ragoût de légumes, fraichement cueillit pas des gens qui me les ont ensuite vendus.

– Oh, vraiment ?

– Tiens, lâcha-t-il en lui faisant gouter directement à la cuillère en bois.

– Hum, ouah, chef Nash ! J'aime ça !

Bobby lui sourit et Marcy vint l'embrasser tendrement. Il la tint contre lui entendant les enfants courir vers eux.

– Beurk, lâcha Brooke. C'est dégoutant !

Ils se séparèrent avec un sourire complice et Bobby n'était vraiment pas pressé que sa fille ne trouve plus ça dégoutant.

Marcy attrapa les assiettes et mit la table pour cinq.

Ils s'installèrent et Bobby s'inquiéta que son ainé ne soit pas encore rentré mais Buck allait et venait un peu comme bon lui semblait ces derniers temps, et Marcy disait qu'elle pensait qu'il était amoureux. Son fils n'était pas du genre à trainer dans les rues en vue de faire des bêtises alors peu importait qu'il soit un peu en retard finalement.

Il finissait toujours par rentrer.

– Ça le fera venir, souffla Marcy en tendant les mains à leurs deux autres enfants.

Bobby en fit de même contemplant sa famille. Il avait tellement de chance de les avoir, il se sentait si bien avec eux.

– Seigneur, merci pour cette autre journée pleine d'amour et de famille, commença-t-il. Merci pour cette nourriture. Protège-nous tous. Amen.

Ils se lâchèrent les mains et il s'empara d'un plat alors que Marcy en faisait de même de l'autre côté de la table.

– Des pâtes ? s'enquit-il. Robert, tu peux te servir et en donner à ta mère ? N'oublie de servir ton frère, il est toujours affamé en rentrant.

Marcy avait les mains entièrement prises et Bobby savait qu'il avait encore trop cuisiné. L'appartement commençait à être trop petit pour eux cinq mais c'était leur cocon. Et puis, Buck avait son propre chez lui maintenant, c'était juste qu'il revenait toujours pour le diner.

– Comment allons-nous faire fonctionner ça ? s'enquit-il en souriant.

Il sursauta lorsqu'il entendit la porte d'entrée dans son dos.

– P'pa, M'man, je suis rentré, lâcha la voix de Buck.

– Nous sommes à table, l'informa Bobby sans se retourner.

– Laves-toi les mains avant de venir nous rejoindre, lui rappela Marcy avant de lui sourire.

– Oui, M'man, lâcha Buck disparaissant dans le couloir menant à la salle de bain.

Bobby eut un sourire amusé. Malgré ses vingt ans, Buck restait ce même gamin attachant qu'il avait toujours été.

Bobby reprit un peu de pâtes alors que Marcy attrapait son verre d'eau, quand il eut un flash.

C'était comme s'il y avait de l'orage mais seulement dans sa tête.

« Bobby ? lâcha la voix dans sa tête. Bobby ? Est-ce que tu m'entends ? »

Marcy sembla comprendre alors que Bobby se sentait comme dans du coton, comme s'il devait s'en aller de sa bulle de bonheur.

– Tu dois partir, lui lâcha-t-elle en le regardant.

– Je ne veux pas.

« Bobby ? »

– Je suis désolé, lâcha-t-il encore.

– Maman ? demanda soudain Brooke. Papa va bien ?

– Il va bien chérie, lui répondit-elle. Mais il doit partir.

– J'arrive p'pa, attends-moi, lâcha Buck de l'autre pièce.

– Il ne peut pas chéri, lança-t-elle plus fort. Mais on le reverra, bientôt. Promis.

Bobby était figé.

L'image floue de Ray au-dessus de lui se superposa au regard triste de Marcy.

Il ne voulait pas partir alors qu'il entendait les pas précipités de Buck dans son dos. Pas alors qu'il allait enfin revoir son fils après tout ce temps.

– Je vous aime tellement, leur assura-t-il alors qu'il oscillait entre l'image de sa famille et la réalité dans laquelle Ray et Dana s'affairaient au-dessus de lui.

« Electrochocs, lâcha Ray. Dégagez. »

– Papa ! cria Buck alors qu'il se retournait pour le voir.

Il fut soudain happé loin de son rêve, revenant durement à la réalité reprenant brusquement son souffle en ouvrant les yeux.

– Bobby, gamin, tu m'entends ?

Bobby se redressa vivement attrapant Ray par le col de sa veste. Il était en rage. Il ne voulait pas être ici, il voulait être avec sa famille.

– Pourquoi ? hurla-t-il. Pourquoi tu m'as ramené ? J'étais avec eux.

– Calme-toi gamin.

– Pourquoi ?

– Allez, ça suffit. On t'emmène à l'hôpital. Appelle le Cap, poursuivit-il à l'attention de Dana. Et ne dis pas son nom à la radio.

Bobby se réveilla une heure plus tard dans un lit d'hôpital, avec une douleur à l'estomac, signe qu'il avait subi un lavage gastrique. Il ne voulait pas être là mais il était bien trop faible pour s'en aller. Il avait bu jusqu'à ce qu'il s'effondre après avoir lu le rapport d'incendie de son immeuble.

Il soupira quand Ray entra dans sa chambre.

– Je suis viré ? s'enquit-il.

– Pour quoi ? demanda-t-il. L'alcoolisme ? Choisis un jour et je t'indiquerai dix églises où aller. Tu y verras des visages familiers.

Ce qui sous-entendait que l'alcoolisme était un problème récurrent chez les pompiers.

– Tu as lu le rapport, lâcha Ray mais ça ne sonnait pas vraiment comme une question.

– Oui, confirma Bobby. Ils m'ont innocenté. Je ne le veux pas. J'ai avoué car 148 personnes sont mortes là-bas, Ray.

– Tu étais saoul et défoncé et tu as laissé un radiateur allumé sans surveillance, il a surchauffé. Puis le disjoncteur n'a pas sauté. Le système d'extinction n'a pas fourni d'eau. Les piles des alarmes étaient vides et pas d'alimentation de secours. Il y avait des dizaines irrégularités, Bobby.

– Et je ne m'en suis pas rendu compte. J'en porte la responsabilité, je dois...

– Quoi ? le coupa-t-il. Te punir ?

– Oui.

– Alors, c'est ça ton super plan ? Te détruire jusqu'à ce que tu en crèves ? Super plan !

– Tu ne peux pas comprendre.

– Bobby, souffla-t-il.

– Je ne veux pas de ta pitié.

– Tu veux être puni ? tacla Ray. Ta punition, c'est de vivre. Fais-en quelque chose.

9-1-1 - Dans le bleu de tes yeux - (AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant