Besoin d'aide

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Los Angeles, le 30 Mars 2016

P'pa,

Je suis désolé de ne pas avoir écrit avant.

Pas que je ne pensais pas à toi ou que je ne le voulais pas mais j'avais des problèmes et je crois que j'avais honte aussi d'admettre ce qui s'est passé, que je me sois trompé.

Je sais que je devais aller au Pérou mais au dernier moment je suis parti pour New York. J'ai trouvé un job dans un bar et je suis tombé amoureux.

Mais je me suis trompé.

C'était une mauvaise personne, quelqu'un qui m'a fait vivre un enfer, sans que je m'en aperçoive vraiment.

C'était un cauchemar, et j'ai failli ne pas m'en sortir.

Le psy que j'ai vu à l'hôpital a dit que j'étais sous emprise. J'ai du mal à comprendre ce que ça veut dire mais je sais que j'ai été manipulé et que ça a failli me tuer.

Mais je suis là maintenant, grâce aux pompiers.

Un père et son fils. Ils m'ont sauvé. Ils m'ont sorti de cet enfer. Je vis chez eux, toujours à New York, pour le moment.

Je n'arrive pas à rentrer, j'ai trop honte. Honte de ce que j'ai fait, honte de ce que j'ai vécu. Ils m'ont convaincu de t'écrire cette lettre, de te dire ce qui s'est passé. S'il te plait ne le dit pas à maman, je ne veux pas qu'elle pleure à cause de moi, j'ai déjà du mal à m'arrêter moi-même.

Mais je veux que tu saches que je pense à toi et à maman chaque jour. Je pense à mon petit frère et à ma petite sœur, et j'ai tellement envie de revenir vous retrouver. Mais je ne suis pas prêt.

Je dois changer, guérir du traumatisme que j'ai subi.

J'y travaille chaque jour. Mes larmes ont taché le papier, mais je n'ai pas le courage de recommencer cette lettre.

Je veux que tu saches que je vais bien maintenant.

Je vais repartir pour le Pérou. J'ai besoin d'aller dans un endroit où personne ne me connaît, où personne ne me jugera. J'ai besoin de temps pour me retrouver, pour me reconstruire. Mais je veux que tu saches que je suis impatient de te revoir, d'être de nouveau entouré par l'amour de ma famille.

Je t'aime, p'pa. Et nous nous verrons dès que je serai prêt.

Je vais bien, je suis en sécurité maintenant.

Buck.

Bobby étudiait le visage d'Athena alors qu'elle finissait la lecture de la lettre.

Recevoir cette missive de son fils était aussi inquiétant qu'inespéré. Sa lettre était écrite par une main tremblante, mais les mots avaient une certaine assurance, une sincérité qui ne pouvait pas être contrefaite.

C'était lui, c'était bien son fils.

Buck.

Disparu depuis plus de deux ans.

Bobby le croyait mort mais avoir sous les yeux la preuve qu'il était encore en vie, savoir qu'il avait été maintenu hors de sa vie, contre son gré. Il avait relu chaque mot, chaque phrase, s'accrochant à chaque détail comme un naufragé à une bouée de sauvetage.

Il était bouleversé et ne savait plus vraiment quoi faire, excepter le retrouver et le protéger.

– J'ignorais que tu avais des enfants.

– Je n'en parle pas vraiment, admit-il.

Bobby se sentit soudainement nerveux, comme s'il ouvrait une boîte de Pandore qu'il avait gardée fermée pendant trop longtemps

– Buck, reprit-il. Il... Il est parti, sans laisser d'adresse mais il donnait des nouvelles jusqu'à il y a plus de deux ans... Je pensais qu'il était mort. Ce silence ne lui ressemblait pas. Mais cette lettre...

– D'accord.

Athena posa la lettre sur la table de façon respectueuse, ses yeux scrutant son visage avec attention.

– Et donc ? Pourquoi m'en parler à moi ?

– Parce que j'ai besoin d'aide pour le retrouver. Il dit qu'il va bien...

– Mais tu penses qu'il ment ?

Bobby hocha lentement la tête.

– Non, je le crois. Buck... Il a toujours été un peu impulsif, mais il n'a jamais menti. Je pense seulement, qu'il ne me dit pas tout et qu'il a plus besoin de moi qu'il ne le pense.

– Il dit surtout qu'il a honte.

– Il n'a pas à avoir honte. Quoi qu'il se soit passé, il reste mon fils, et je l'aime.

– Il a besoin de temps...

– Athena, j'ai besoin de ton aide. Je... Je ne sais pas quoi faire. Je veux le voir, mais il a dit qu'il n'est pas prêt. J'ai peur de le perdre à nouveau. Il est tout ce qu'il me reste au monde. Je t'en prie.

– Pourquoi moi ?

– Parce que je te fais confiance. Parce que je sais que tu es quelqu'un sur qui je peux compter, même si on ne se connaît pas si bien que ça. Parce que tu es une mère, et je pense que tu comprends ce que ça fait de ne pas savoir où est son enfant, de ne pas savoir s'il va bien. Et aussi, parce que tu es flic. Tu as des ressources, des contacts, des moyens que je n'ai pas. S'il te plaît, aide-moi à retrouver mon fils.

– Je suis flic à Los Angeles, lui rappela-t-elle. New York est vraiment très loin de ma juridiction.

– Je t'en prie. Tu as de la ressource et de la méthode. Moi, je... Je ne saurai même pas par où commencer.

Athena fixa Bobby avec sérieux, ses propres pensées tourbillonnant dans son esprit.

Il était clair qu'elle n'avait pas prévu être impliquée dans une affaire personnelle aussi délicate.

– D'accord, Bobby, céda-t-elle. Je vais t'aider. Mais il va falloir que tu me donnes tout ce que tu as sur lui. Des photos, des informations, tout ce qui pourrait nous être utile.

Bobby acquiesça avec reconnaissance, sentant un poids se soulever de ses épaules. Enfin, il avait quelqu'un sur qui s'appuyer dans sa quête pour retrouver Buck.

– Merci, Athena. Je te suis vraiment reconnaissant.

– Ne me remercie pas encore. On a encore du travail devant nous. Mais on va le retrouver, je te le promets.

– J'ai toutes ses lettres, dieu merci elle n'était pas à la maison lors de l'incendie mais à la caserne, lâcha-t-il en sortant les cartes et photos de Buck. Athena étudia les photos avec un sourire attendit.

– Il a l'air d'un jeune homme très gentil.

– Il l'est, confirma Bobby. Il ne mérite que de l'amour et du bonheur.

Athena posa sa main sur la sienne, lui offrant un soutien silencieux.

– Je suis là pour toi, Bobby. Nous trouverons un moyen de le ramener chez toi, en sécurité. Tu as ma parole.

– Merci, Athena. Merci de tout cœur.

Ils se regardèrent un moment, partageant un lien naissant mais profond, forgé par la confiance et le désir de rédemption. Bobby savait qu'il pouvait compter sur elle, même s'ils étaient encore presque des étrangers l'un pour l'autre.

En ce moment, cela lui suffisait.

9-1-1 - Dans le bleu de tes yeux - (AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant