La proposition

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Bobby était nerveux.

Il avait une vie stable à présent et il occupait son temps entre son métier de pompier et ses devoirs paternels. Buck et lui avaient leur routine aujourd'hui. Et ça fonctionnait si bien qu'il n'avait pas envie d'y apporter le moindre changement, de peur que l'équilibre de Buck ne soit perturbé.

Il y avait pensé toute la nuit et n'était pas sûr que revoir Marcy soit une bonne idée.

Il en avait parlé à Ray qui bien sûr approuvait l'idée qu'ils se retrouvent mais il savait à quel point il avait été amoureux d'elle et combien son départ lui avait fait du mal.

Mais il disait aussi que de rester seul n'était pas sain.

Bobby avait beau lui rappeler qu'il n'était pas seul, qu'il avait Buck, à chaque fois Ray lui faisait ce regard qui voulait dire « ce n'est pas pareil » et Bobby était conscient qu'il avait raison.

Malgré tout, il ne pouvait pas faire n'importe quoi.

Il devait veiller à ce que toutes les personnes qui entraient dans la vie de Buck étaient là pour le long terme. Il ne voulait pas que son fils s'attache pour être une nouvelle fois abandonné.

Malgré ses réticences, Ray l'avait convaincu d'aller au rendez-vous fixé et Bobby se demandait s'il le faisait dans son intérêt ou seulement pour avoir Buck avec lui toute la matinée.

Son ami aimait tellement Buck. Ils faisaient les quatre cents coups tous les deux, toujours à comploter ensemble. Et loin d'en être jaloux, Bobby encourageait Buck à être aussi proche de Ray.

Il se disait que si un jour son fils n'osait pas lui confier un problème, il le confierait à Ray et ça le rassurait.

Il entra dans l'établissement et vit que Marcy l'attendait déjà, installée à leur table.

Il s'approcha et elle leva les yeux sur lui avec un immense sourire. Elle se leva à son approche et le serra dans ses bras pour le saluer. Bobby lui rendit l'étreinte, une fois de plus surpris qu'après tout ce temps, elle soit toujours aussi tactile.

– Je suis contente que tu sois venu, lui sourit-elle alors qu'il s'installait.

– Oui, et bien, j'avais dit que je serais là, admit-il.

– Je sais mais je suis quand même contente.

Ils commandèrent leurs cafés et se contentèrent du silence jusqu'à ce qu'ils soient servis. Marcy ajouta du sucre avant du lui en proposer mais il déclina.

– Je croyais me souvenir que tu prenais ton café sucré, s'excusa-t-elle.

– C'était le cas mais j'essaie de faire... attention. Buck a une dent sucrée et j'essaie de limiter sa consommation de sucre.

– Ce qui t'oblige à limiter la tienne.

– Ce n'est pas un gros sacrifice.

– Comment va-t-il ? Il a tellement grandi.

– Il s'épanouit, lui sourit-il heureux de commencer par son fils. Il a quelques problèmes de confiance en lui mais rien de méchant et on y travail. Il est curieux, tellement curieux, il pose des questions sur tout et s'intéresse vraiment aux réponses. Il les absorbe et en garde toute la connaissance. Il a son petit caractère parfois mais il est plutôt facile à vivre.

– Je suis contente qu'il ait quelqu'un comme toi pour prendre soin de lui. Je présume qu'ils n'ont jamais retrouvé ses parents biologiques.

– Non, admit-il. Mais Buck mérite mieux qu'eux. Il mérite le monde.

– Et c'est ce qu'il a obtenu avec toi comme tuteur.

– En fait, je... Je l'ai adopté, lui apprit-il.

– Vraiment ?

– Oui.

– Bien sûr que tu l'as fait, sourit-elle. Buck et toi, ça a toujours été évident. Vous avez ce lien particulier depuis le tout premier jour. Je suis contente pour vous deux.

– Merci, lâcha-t-il en baissant les yeux sur sa tasse de café.

Parler de Buck lui faisait toujours autant plaisir mais il ne comprenait pas vraiment où Marcy voulait en venir avec ces retrouvailles.

C'était perturbant.

– Pourquoi es-tu revenue Marcy ? s'enquit-il en relevant les yeux sur elle.

– Ma mère...

– Je sais mais ça ne me dit pas pourquoi tu es restée.

– Je suppose que c'était l'excuse idéale, soupira-t-elle. Je n'aurais pas dû partir. Je l'ai su à la minute où je suis montée dans cet avion.

– Alors, pourquoi ne pas avoir fait demi-tour ?

– Je ne sais pas. Je suppose que je me suis laissée emporter par mon cursus. C'était ce que je voulais mais te perdre n'a jamais été dans mes projets.

– Marcy..., soupira-t-il.

– Je sais que j'ai laissé passer ma chance d'être heureuse avec toi et... je ne sais même pas pourquoi. Quand je t'ai vu hier avec Buck, je crois que j'ai pris conscience de ce qu'aurait pu être ma vie si j'étais restée.

– Mais tu es partie.

– Tu m'as encouragée à le faire.

– Je sais.

– J'aurais dû comprendre qu'en fait tu me demandais de rester.

– On ne refait pas le passé.

– Je sais. Et je sais que tu as ta vie et je ne veux pas la mettre sans-dessus-dessous...

– Alors qu'est-ce que tu veux ? Qu'est-ce que tu attends de moi ?

– Je sais que c'est égoïste de ma part, que je... Je n'ai eu personne tu sais, après toi. Je sais que je suis partie mais nous n'avions pas réellement rompu et j'aurais eu l'impression de te trahir et je...

– Je t'aime toujours, admit Bobby sans pouvoir s'en empêcher. Et il n'y a eu personne, de mon côté non plus.

– Je t'aime toujours aussi, lui sourit-elle après quelques secondes de silence.

– Mais ma situation a changé. J'ai Buck maintenant.

– Tu avais Buck aussi il y a six ans, lui rappela-t-elle.

– Tu sais ce que je veux dire.

– Oui mais j'aimerais vraiment avoir une deuxième chance, avec toi, avec vous deux.

Elle posa sa main sur la table paume en l'air et Bobby la considéra méfiant.

La dernière fois, elle était partie et ça l'avait laissé démuni, seul avec un nourrisson qui avait trop peur d'être abandonné pour le quitter des yeux ne serait-ce qu'une seconde.

Il ne voulait plus jamais souffrir comme ça.

Mais Ray avait raison. Il n'allait pas s'imposer une vie amoureuse réduite au néant par peur de souffrir de nouveau. Ce n'était pas sain pour lui, ni pour son fils de vivre exclusivement l'un pour l'autre.

Et puis, il était toujours certain que Marcy était la femme de sa vie.

Il déposa sa main dans la sienne et la laissa refermer ses doigts sur les siens. Il se sourient en silence, jouant avec leurs mains, se redécouvrant des yeux.

– Tu m'as manqué, Bobby.

– Tu m'as manqué aussi mais je vais avoir besoin de temps, d'y aller doucement. Marcy je ne sais pas dans quoi je m'engage... il y a Buck. Il n'y a eu que nous deux depuis ton départ et il ne m'a jamais vu avec personne.

– On prendra le temps dont tu auras besoin, lui promit-elle. Je ne partirai plus Bobby. Je te le promets.

Et Bobby allait devoir la croire sur parole.

9-1-1 - Dans le bleu de tes yeux - (AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant