Chapitre 15

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- On rentre de nouveau ensemble ? me demanda mon meilleur ami.

- C'est un prétexte pour encore dormir chez moi ?

Gêné, il se gratta légèrement l'arrière du crâne. Un jour sur deux il venait dormir chez moi et je commençais à croire que sa famille n'en avait pas grand chose à faire. Il était majeur de toute façon. Mais je m'inquiétais vraiment pour lui, car il ne me disait jamais entièrement pourquoi il restait.

Dans l'arrière de mon jeans, mon téléphone vibra. Je ne connais qu'une personne capable de m'appeler alors que je viens à peine de sortir de cours.
Je ne lui avais plus parlé depuis trois jours.

- Coucou trésor, ça va ? Honnêtement.

- Oui ça va, je vais plus en cours depuis que je suis sorti de l'hôpital, donc ça va un peu mieux. Mais j'aimerais quand même que tu sois là.

- Je sais, mais je t'avais prévenue qu'on pourrait pas beaucoup se voir. Les cours prennent le dessus c'est épuisant.

- J'espère que t'avances bien en tout cas. m'annonça-t-il. Ely, quand est-ce que tu compte reparler à papa ?

Lui, je l'ignorais un peu depuis, depuis cette nouvelle. Je lui en voulais de m'avoir toujours caché la vérité, d'avoir falsifié des document officiels, et de ne jamais avoir pris la peine de me raconter quelques chose sur ma mère.

- Ce n'est pas mon père. J'ai pas envie de le voir pour le moment d'accord ?

- D'accord d'accord, je comprend. Mais oublie pas que même si t'étais pas à fille de sang il t'a élevé toutes ces années alors que tu venais d'un homme qu'il ne connaissait pas. Tu resteras une Ivanovitch.

Il a raison...

- Écoute, t'as pas encore l'âge de tout comprendre. Oui il m'a élevé mais c'est plus compliqué que ça. Bon, je dois rentrer et bosser sur mon livre. Bisous.

- T'es déjà en train de me remplacer avec lui, fin bref, bisous.

- Je ne te remp-

On m'a de nouveau raccroché au nez. Sa sensibilité allait vraiment trop loin parfois. Avec Leonardo on a pris le bus en parlant de livre, de grand classique, et ce jusqu'à chez moi. J'étais de bonne humeur et je me demandais si c'était parce que j'avais encore la compagnie de Garcia. Les parisiens ne sont pas tous constamment de mauvaise humeur alors.

- Installe toi, pose tes affaires, fais comme chez toi quoi, tu connais l'endroit. Je vais faire à manger. lui souriai-je.

Il posa ses affaires dans le salon avant de me rejoindre.

- Qu'est-ce que tu fais ? me demanda-t-il juste derrière moi.

- Des pâtes... J'ai pas trop le temps de faire les courses ses derniers temps.

- Ça me va t'en fais pas, tout prend un autre goût quand on est avec toi.

Je me suis sentie rougir face à ses paroles. J'ai tellement envie de lui demander pourquoi c'est moi, qu'est-ce que j'ai de spécial, et surtout si j'ai la moindre chance avec lui.

- Pourquoi tu tiens tant à rester chez moi ? Qu'est-ce qui te fais fuir ton chez toi ? ai-je finalement demandé.

- Rien, je suis juste pas le fils qu'ils auraient voulu avoir. C'est un peu compliqué ma famille et moi, j'ai pas envie de t'entraîner la dedans.

J'aurais voulu ajouter quelque chose avant qu'il ne me fasse un énième câlin. Oui bon, c'était juste qu'il avait peut-être besoin d'attention.

- Le hasard fait très bien les choses quand même. Un colombien italien qui rencontre une russe en France, beaucoup en si peu.

- Je suis française...

J'ai immédiatement regretté ce que je venais de dire. On avait bien plus de chose en commun que ce que l'on pensait finalement.

- Comment ça ? T'es la russe en fin de compte ?

- Si mais nan... J'ai aussi sûrement un famille étrange.

- Je peux t'écouter tu sais ?

- Oui, mais si tu me lâche pas je avais faire brûler les pâtes.

Finalement il s'est éloignée pour s'asseoir à la table centrale le temps que je termine.

- Je commence si tu veux. Je suis né par erreur, mes parents étaient sous l'emprise de l'alcool à ce moment. Le 31 décembre 2003, personne s'attendait à ce que j'arrive, et c'est à partir de ce jour que j'ai gâché la vie de mes parents. Chaque chose que je faisais apportait un nouveau problème, mais au fond je faisais ça juste parce que je les aimais.

Il était horriblement sincère dans ce récit. Lorsque je me retourna pour lui faire face je vis qu'il ne me regardais même pas, fixant juste la table. Être rejeté en pensant faire bien, c'était juste un gamin.

- Ça c'était, continua-t-il, avant la naissance de ma sœur. J'imagine que tu sais ce qui arrive, on lui donne toute l'attention. Pendant 10 longues années j'ai été le vilain petit canard de la famille, et du collège. C'est fou hein ? De passer de ça au garçon que toutes les filles veulent. J'avais que 15 ans, et toute cette colère je pouvais pas la contenir, donc je m'en prenais à ma sœur. Je n'arrive pas à dire si je regrette ou pas aujourd'hui. On se battait tout les jours sans cesse, mon père comme ma mère prenait toujours son parti. En guise de punition on m'envoyait en Colombie pendant qu'eux se rendaient ensemble en Italie, puis j'ai compris que c'était la bas que je me sentais le mieux en fait. Alors j'ai fini par me calmer et faire la paix avec moi-même et ma sœur. Même si ce n'est pas son cas a elle.

Il a relevé les yeux dans ma direction.

- Tu te doutes bien que toutes les filles que je me tapais les unes après les autres c'était juste pour faire passer ces émotions de gamins. La vingtaine m'a changé plus que tout.

- Leonardo...

- T'excuse pas. On peut plus changer grands chose à l'heure qu'il est.

Dans le plus grand des silence, j'ai sorti deux assiettes. Je m'en voulais pour lui, personne ne mérite ça. Je voulais lui hurler que j'étais désolée, mon instinct ce grande sœur m'emmenait toujours ici, toujours s'en vouloir pour les autres. Prendre plus soin d'eux que de toi.

- C'est pour ça que j'ai toujours été très tactile avec les filles que j'ai fréquenté, ce qui mène souvent à confusion. J'ai jamais eu de câlins de la part de mes parents, pas un seul « bonne journée » pour mon premier jour d'école, pas un seul anniversaire. Mais je veux le dessus tout que tu comprenne que j'ai changé et que j'attend plus rien des gens. Juste besoin d'amis, des vrais.

- Je serais là. Tu méritais pas ce qui t'es arrivé. Je suis vraiment désolé Leonardo.

- Je t'ai dis, ne t'excuse pas cãrino.

- Tu sais, je pense que toi et mon frère vous êtes un peu pareils. avouai-je en rigolant. Aucun des deux n'a eu l'attention qu'il méritait durant son enfance, vous êtes tout les deux persuadés que pleurer en tant qu'homme est mal vu, et tout les deux vous avez le droit de vous ouvrir à moi.

Ces paroles ont apparement atteintes le cœur de mon meilleur ami, car celui-ci m'a fixé de ses yeux verts humides avec un des sourires les plus sincère.

- Putain, je savais qu'on s'était bien trouvés Elysian.

First love again Où les histoires vivent. Découvrez maintenant