Chapitre 25

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Je me suis relevée d'un coup, jetant des coups d'œil furtifs à gauche puis à droite : rien.

Je m'étais mise sur le côté de ma fenêtre donnant une vue sur une des rues les moins fréquentées de la ville et doucement j'ai décalé le rideau sur le côté, j'ai glissé un œil : rien, la rue était désertes, et les lampadaires éclairaient des voitures garées sur les rebords des trottoirs, vide de tout conducteur.

Je n'avais pas rêvé, j'en étais pourtant sûre!

Comme si X avait murmuré au creux de mon oreille, ce n'était pas une voix dans ma tête.

Par sécurité complètement inutile j'avais verrouillé ma porte à double tour, si les démons voulaient revenir c'est évident qu'il frapperait à la porte avant d'avoir ma permission pour entrer ...

Baal ? D'autres démons ? Aucune putain d'idée.

Je m'étais recroquevillée, sur ma table basse, en jetant les restes de mon dîner d'un coup de pied sur mon tapis, et j'attendais, guettant le moindre bruit, tendant l'oreille pour être sûr de ne rien rater : rien.

J'ai passé la nuit a attendre, recroquevillé sur ma table basse, prête à utiliser mes pouvoirs dès lors qu'ils franchiraient le seuil de ma porte, mais rien, pas un chat, pas l'ombre d'un démon.

J'avais dû rêver, c'était la seule option envisageable, réalisable.

Après tout, ils avaient signé un marché avec mon gouvernement, ils n'avaient plus le droit de revenir dans mon monde, c'était l'accord.

Mais, finalement, s'ils décidaient de revenir ici, quels moyens avons-nous pour les combattre efficacement ?

Aucun.

Nous ne faisons pas le poids contre eux, nous n'avons aucune arme pour leur faire peur, alors, en y réfléchissant bien, cet accord passé, n'est qu'un bout de papier sans valeur pour eux, qui n'aurait aucune conséquence pour ces bêtes.

J'étais toujours dans mes pensées essayant de réfléchir à quelle sorte d'armes pouvions nous mettre en place au cas-où ils décideraient de revenir.

La seule qui me venait en tête, c'était l'arme nucléaire quand mon réveil sonna, coupant court à toutes mes pensées.

Il était donc sept heures quand j'ai pris la décision de me relever, mon dos me faisait atrocement souffrir, mes jambes étaient si endoloris que j'ai failli retomber les fesses contre terre.

J'avais eu si peur cette nuit, qu'à aucun moment le sommeil ne m'avait gagné, j'étais resté en position, morte de trouille, mais prête à attaquer s'il le fallait, sans arme nucléaire malheureusement.

Nuit qui s'était soldée par un échec, j'aurais mieux fait de dormir, à présent je devais subir une journée de travail sans avoir fermé l'œil de la nuit, elle allait être longue cette journée, très très longue.

-T'as pas dormi cette nuit ou quoi ?

Je dévisageais mon collègue de travail de dix ans mon aînée, lui faisant comprendre que je ne comprenais pas sa question.

-bah t'as pas les mêmes baskets Rim.

J'ai machinalement suivi son regard jusqu'à mes pieds et effectivement, j'en avais deux différentes.

-Fais chier !

-Faut arrêter de faire la fête le soir dit Nicolas, en se dirigeant vers la réserve pour faire l'inventaire du vendredi.

Entre deux clients, Nicolas m'avait glissé à l'oreille qu'il y avait un nouveau venu dans l'équipe et qu'aujourd'hui je devrais le former.

Ce à quoi j'avais répondu que « je n'aimais pas former les gens », ce qui m'avait valu une leçon de morale de Nicolas, sur pourquoi je devrais être plus positive et sociable dans ma vie.

Nicolas était comme ça, toujours gentil, bienveillant et de bonne humeur, je dois avouer, que ce genre de personne était très agréable au quotidien.

Avec lui, on pouvait parler de tout mais à mon grand désarroi, avec lui, parler des démons était interdit, un sujet tabou, il ne fallait pas l'évoquer, sous aucun prétexte.

Je m'étais dit que c'était « normal » dans le sens où, il avait dû, connaître des malheurs dans son quotidien avec les démons dans l'Ancien Monde, comme nous tous finalement.

C'est comme ça que l'on appelle notre monde d'avant, où la vie n'était que peur et hasard, ou les pénuries était journalière, ou la mort elle-aussi était quotidien, « l'Ancien Monde ».

Puis, il est entré dans la boutique, alors que le soleil descendait de plus en plus bas, alors que les voitures mettaient leur feux de route, il est rentré, et j'ai cru, l'espace d'un court instant, déceler le mystère de l'Ancien Monde, j'ai cru reconnaître ce regard, cette solitude dans ses yeux noirs. 

RIMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant