Chapitre 26

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C'était comme si, je le connaissais depuis toujours, comme si c'était une évidence, et puis en même temps, comme si cette personne m'était inconnue.

Je ne sais pas comment vous le décrire, mais quand je l'ai regardé droit dans les yeux j'ai eu des frissons dans le dos, comme si mon corps avait compris avant mon cerveau, mon pauvre esprit, qui découvrirait la réalité quelque temps après.

-Yo

Son « bonjour » avait coupé court à toutes mes pensées.

Il est sérieux lui « yo »?

-Bonjour et bienvenue dans l'équipe, dit Nicolas en lui tendant la main, qui resta tendue en l'air pendant de longues secondes avant que Nicolas ne décide de la ranger bien au fond de sa poche, un peu gênée.

- Salut, dis-je à mon tour.

Il me regarda de haut en bas, puis il réitéra l'opération une seconde fois avant de suivre Nicolas dans la réserve afin qu'il lui fasse signer ses papiers administratifs.

J'étais sûre de le connaître, mais d'où ? Impossible de m'en rappeler.

Ce que je savais, c'est qu'il était incroyablement malpoli, et que travailler avec lui allait être un enfer.

La journée était passée à une vitesse folle, j'avais réussi à esquiver la formation avec le nouveau, en lui demandant de ranger les rayons, chose qu'il faisait avec la vitesse d'une limace, mais finalement ça m'arrangeait.

Il était 19h30, j'allais me diriger vers les portes du magasin pour les fermer à clé quand un client s'est présenté, il s'est excusé de l'heure tardive à laquelle il arrivait, et il voulait simplement acheter du lait, alors, dans mon humanité et malgré les règles du magasin je l'ai laissé rentré avant de refermer à clé la porte et je me suis dirigé machinalement vers la caisse le laissant tranquillement faire son tour.

J'étais en train d'éditer les tickets de caisse de la journée d'espèces afin de gagner du temps, après tout, nous payons tous en carte à l'heure actuelle, alors c'était plutôt intelligent de ma part, en revanche, ce qui ne l'était pas, c'est de ne pas avoir prêté attention à mon client.

-Ouvre ta caisse et donne-moi tout le contenu sale pute, mon agresseur tenait un couteau dans sa main.

Mon sang ne fit qu'un tour, j'étais en train de me faire braquer.

Étant dans une petite ville, il n'était pas venu au directeur de faire une procédure pour les situations comme celle-là, que devais-je faire ? lui donner l'argent ? ou essayer de jouer l'héroïne avec mes pouvoirs ?

Il t'a traité de pute..

J'avais relevé la tête vers lui, essayant de le fusiller du regard et ne pas lui montrer ma peur, et j'allais faire le vide pour libérer mon pouvoir meurtrier de mon corps.

Il avait une sale gueule, je l'aurais croisé dans la rue seule la nuit, j'aurais sans aucune hésitation changée de trottoir, il était incroyablement musclé, et il avait des yeux noirs, une cicatrice ancienne avait laissé sa marque sur sa joue gauche.

Si jamais je n'arrivais pas à le battre, je devais mémoriser chaque détail de ce voleur pour le dénoncer à la police.

Il avait un tatouage, un simple « I » sur la main gauche, il n'était pas visible en un coup d'œil, j'avais dû le détailler de longues secondes pour le voir, il se trouvait entre le pouce et l'index, il était tout petit et semblait avoir été fait depuis de nombreuses années.

-DÉPÊCHE-TOI SALE PUTE

On y était, c'était le moment, il sortait de ses gonds, il avait trop attendu, c'était maintenant.

Faire le vide,

ne penser à rien,

se focaliser sur son corps et seulement son corps,

le conceptualiser dans les moindres coins et recoins,

prendre conscience de chaque particule présente en nous,

se polariser en particulier sur sa respiration,

suivre son souffle s'écouter,

écouter son corps.

-Qui est-ce que tu traites de sale pute ?

J'avais ouvert les yeux, faisant disparaître la lueur de mes mains, sous le regard interloqué de mon agresseur, ne sachant pas vraiment ce qu'il avait vu.

Merde! le nouveau! je l'avais complètement éclipsé de la situation, m'avait-t'il vu ?

Si jamais il m'avait vu, il m'aurait dénoncé aux autorités pensant que j'étais un de ces monstres, un démon j'espérai au plus profond de moi qu'il n'avait pas eu le temps d'apercevoir ma lueur.

Le nouveau était appuyé contre le rayon, juste derrière le voleur qui fit volte-face pour voir d'où venait cette voix.

Le voleur explosa de rire face au nouveau, et au fond de moi, je le comprenais, le nouveau n'avait pas vraiment le physique pour le battre, il était certes grand, mais incroyablement mince, des bras et des jambes longs et fins.

-Tu crois que tu m'fais peur? Espèce de gami

En une fraction de seconde le nouveau avait sorti de son dos une bouteille de vodka de deux litres et l'explosa contre la tête du voleur.

Je m'étais reculé pour ne pas recevoir d'éclats de verre et dans la précipitation j'avais composé le numéro de la police pour qu'il vienne en urgence, lorsque j'ai relevé la tête, j'ai vu le nouveau à terre, et l'agresseur sur lui, lui asséner des coups de poings ne le lui laissant aucun répit et surtout, aucune chance de survie.

Je suis sortie du comptoir à mon tour, et dans la situation de l'urgence, dans la panique et l'urgence je n'ai pas eu besoin de faire le vide, ni d'écouter mon corps, d'un simple regard l'agresseur a été envoyé à plusieurs mètres du magasin, s'étalant contre un autre rayon.

Avec la force que j'avais mis dans cet enchaînement, il serait ko assez de temps pour que les policiers interviennent.

Je me suis précipité vers le nouveau pour l'aider, mais je n'arrivais plus à discerner ses yeux, étaient-ils toujours ouverts ? Il y avait du sang, tellement de sang...

Et d'un coup, comme par magie, lorsque j'étais entendu les sirènes des voitures de police, j'ai eu une réalité qui m'a rattrapé peut-être trop tard, j'ai regardé droit dans la direction de l'angle du mur derrière moi, au dessus de la caisse, la caméra de surveillance!

Caméra qui servait à surveiller que les caissiers ne vole pas de l'argent, ce soir, la caméra aura filmé une scène qui allait faire le buzz dans le monde entier, je devais me relever et aller supprimer le dernier extrait, personne ne devait voir ça, encore moins les flics, j'avais toujours un genou à terre, le second en l'air prêt à courir dans la réserve, je savais comment procéder, je savais qu'en allant sur le logiciel je pouvais supprimer la dernière scène avec une facilité déconcertante et..

- Police! mains en l'air plus personne ne bouge!

RIMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant