RIM

Chapitre 30

Le procureur Park se tenait face à moi, c'était lui qui était rentré dans la pièce qui était devenue une salle d'interrogatoire.

Il n'était pas en uniforme, et avait repris son apparence humaine.

Pas besoin de porter un uniforme quand on est un procureur, il faut seulement porter un masque, un masque qui cache la monstruosité du démon derrière le visage humain.

Il était accompagné d'un autre homme, qui s'était assis face à moi sans dire un mot et avec une rapidité révélatrice de son expérience dans les interrogatoires.

Il avait un visage doux et semblait bienveillant, le procureur lui, avait le visage fermé, aucune émotion ne transparaissait.

-Mademoiselle RIM, comment allez-vous ?

Je regardais l'homme assis à côté du procureur droit dans les yeux afin de déterminer si sa question était réellement dénuée d'ironie.

Bordel mec! Je suis attaché comme une prisonnière dans un putain de commissariat comme si je venais de tuer quelqu'un !!

Non, je devais la jouer fine, être stratège, et peut-être qu'avec un peu de chance je quitterai cet endroit en étant libre.

-Qu'est ce que je fais ici ? J'ai les mains attachées comme si j'étais une prisonnière ? J'ai le droit à un avocat ?

Le procureur à relever la tête dans ma direction, et le visage doux de son collègue s'est durci, il m'a dit :

-Madame, vous êtes ici pour une chose simple, nous avons regardé les caméras de surveillance de là où vous travaillez. Nous avons TOUS vu, vous comprenez ce que je viens de dire ?

Je n'avais pas d'autres choix à présent, je devais me défendre et leur dire la vérité, je n'avais rien fait de mal.

-Oui, j'ai bien compris, qu'est ce que j'ai fais de mal ou d'illégal ?

-Vous êtes un démon n'est-ce pas ? Selon la loi NC04 de la convention internationale pour le retrait des démons, vous auriez dû rentrer chez vous, vous auriez dû mais vous ne l'avez pas fait. Toujours selon cette même règle et en application de la procédure pénale, vous serez jugé par la cour martiale de cet état, état qui prône la peine de mort pour les bêtes de l'enfer comme vous.

"rentrer chez vous" ? mais mon monde était le monde des humains !

Mon monde, mon si petit monde s'était une nouvelle fois écroulé, je leur avais expliqué, je leur avais dit que je n'avais rien fait de mal, au contraire, j'avais sauvé mon collègue d'une mort certaine.

Je leur avais expliqué les larmes aux yeux qui j'étais et ce que j'avais vécu dans le monde des démons, mais malgré tout ça, je n'avais pas eu de chance, ils n'avaient pas voulu me croire.

Le procureur Park avait soufflé un long moment et m'avait dit :

-Vous êtes donc en train de nous dire que malgré le fait qu'il n'y ait aucun antécédent civil ni jurisprudentiel, vous êtes une humaine ayant subi une « empuse » et que de ce fait vous êtes un hybride ? Vous pensez sincèrement que l'on va vous croire RIM ?

Il n'y a pas de juste-milieu Rim, aucun, ce qu'à dit le président ce jour-là était faux.

Vous ne pouvez pas enfanter d'un démon, c'est tout simplement impossible biologiquement ! C'était juste une excuse, une excuse pour nous les humains, d'essayer de se débarrasser des monstres de ce monde, et si pour ça, il fallait sacrifier des centaines de jeunes filles, on allait le faire, et on l'a fait.

Il n'existe pas de race hybride ! conneries !

Vous pensez vraiment que cette défense au tribunal va vous faire gagner ?

Je n'avais pas répondu à cette question ironique, je savais que la réalité pouvait ébranler beaucoup de personnes, mais après tout les démons existent alors pourquoi pas croire en une nouvelle espèce ?

Et Katia dans tout ça, elle était humaine et pourtant elle était bien enceinte !

Le collègue du procureur Park avait quitté la pièce.

Le procureur s'était lui aussi levé et avait attendu d'être seul avec moi pour me dire :

-Vous avez merdé RIM, gravement merdé, vous auriez dû supprimer cette vidéo, vous auriez dû être discrète et ne pas faire d'esclandre, ainsi vous auriez pu vivre dans ce monde comme nous tous.

« Nous tous » dis-je à demi-mots en réfléchissant, il reste encore des démons ici ?

-Nous sommes des milliers comme vous, à vivre normalement auprès des humains, des milliers de RIM, et à présent vous nous avez tous mis en danger.

Sur ces paroles, il avait refermé la porte, ma seule porte de sortie me laissant dans l'abandon le plus total, refermant ainsi sur moi, toutes mes angoisses et mes peurs qui se déchaînaient en moi.

Qu'allais-je faire ?

Comme je pouvais savoir qu'il restait des démons, ici, sur terre ?

Comment aurais-je pu deviner que le procureur puisse être de mon côté ?

Des humains, des humains comme moi ? je n'étais pas la seule à avoir été transformée ?

Seule, j'étais seule une fois de plus, livrée à moi-même, dans cette pièce carré, assise sur une chaise en fer.

Face à moi cette table en fer, mais mains toujours nouées entre elles, mais cela ne me faisait plus mal à présent, du moins la douleur physique m'était supportable.

A présent, j'avais une autre douleur en moi, une douleur qui me cisaillait le cœur à mesure que je réfléchissais, j'allais mourir, seule, et je ne pouvais rien y faire.