RIM

Chapitre 38

Je me suis réveillée d'un coup, comme un sursaut après un horrible cauchemar.

J'ai regardé autour de moi : personne.

J'étais toujours dans la chambre de Baal, assise à même le sol.

Où était-il ?

Avais-je rêvé ?

Il n'y avait aucune trace de sang, rien, comme si j'étais revenue en arrière dans le temps, je ne

- T U  ...   E S  ...   E N F I N ... D E  ...R - R - R E T O U R ?

Ma respiration se coupa net.

Ce son,

Cette intonation,

Des frissons dans le dos.

Une envie de vomir.

J'ouvris grand les yeux, et je balayais des yeux la chambre tout discrètement, comme si le fait de bouger trop vite pouvait me porter préjudice.

Je regardais craintivement de tous les côtés - rien.

Je ne sais pas pourquoi j'agissais de cette manière mais c'est ce que mon instinct me dictait de suivre.

La peur.

C'était la peur qui me faisait agir comme cela.

- E N   ...  H A U T ... M A - M A .... DOUCE

Alors, doucement, et timidement, j'ai commencé à lever la tête.

De la vision de mes jambes, je suis passée à celle du mur en face de moi, de cette vision, j'ai continué de lever la tête, doucement, redoutant la vision que j'allais avoir jusqu'au plafond.

Horrible.

Ma respiration s'arrêta une nouvelle fois, le plafond qui aurait dû se trouver face à moi avait été remplacé par un miroir brisé à chaque centimètre.

Si cassée qu'il m'a fallu quelques longues secondes afin de comprendre ce que je voyais.

Mon visage.

J'étais en train de me regarder,

Enfin je crois ?

Mais la luminosité semblait différente.

Dans le miroir, il faisait sombre, presque noir, il y avait de la brume.

Et avant même que mes yeux conceptualisent, mon cerveau, ma tête avait déjà compris où était l'horreur de la situation.

J'ai senti une infime goutte de sueurs dégringolait de mon aisselle pour se réfugier sur mes côtes, mouillant au passage le côté de mon tee-shirt.

-MON DIEU-

Il y avait quelqu'un.

Quelque chose.

A quelques centimètres de moi.

Si je baissais la tête, je pourrais voir qui il était.

Mais j'avais tellement peur qu'il m'était impossible de bouger.

Tétanisée.

Avant que je puisse le réaliser, une larme de peur était en train de couler sur ma joue droite.

Je ne VOULAIS PAS regarder, je transpirais de plus en plus à mesure que je regardais la forme via le miroir.

Ce quelque chose avait une forme irrégulière, je ne sais pas si c'était à cause du miroir qui était brisé ou si c'était la forme en elle-même qui était déformée, désarticulée, mais je ne voulais pas baisser la tête.

Trop peur pour voir.

Trop peur pour affronter.

J'ai senti une pression forte sur mon menton, j'ai senti qu'on était en train d'appuyer de plus en plus fort.

Cette chose veut me faire baisser la tête.

Elle veut que je la regarde.

Elle veut me dévorer tout entière - âme y comprit.

Je résistais tant bien et si mal que je n'avais plus aucune sensation sur le menton, ce n'est que lorsque mes mains restées jointes sur mes jambes ont reçu du liquide, que j'ai compris que je saignais.

Cette chose pouvait aisément me forcer à me baisser, mais elle voulait prendre son temps, elle voulait que j'abaisse ma tête de la même manière que j'ai regardé au plafond.

Alors, j'ai pris une grande respiration, j'ai fermé les yeux, puis j'ai refait le chemin inverse avec ma tête.