Alors, comme je me l'étais promis, aux crépuscules de l'aube, lorsque le soleil pointe le bout de son nez, éclairant et écartant de sa lumière salvatrice les dernières noirceurs de la nuit, à cet instant précis, j'ai quitté le seuil de ma porte, sur mon épaule, mon sac de sport, remplis de mes affaires, et j'ai claqué la porte de mon petit appartement.
J'avais un léger pincement au cœur, j'allais une fois de plus recommencer une nouvelle vie, repartir de zéro.
Jusqu'à quand ?
Jusqu'à quand je devrais mentir à mon entourage quant à mes pouvoirs, quant à l'horreur que j'ai vécu durant mon séjour dans l'abîme monstrueuse de ces monstres.
Pourquoi personne n'en parlait ?
Il s'agissait d'une histoire si horrible qu'elle ne méritait pas qu'elle soit ancrée dans nos mémoires?
Ne devrions-nous pas, ne serait-ce que par respect auprès d'une génération entière de jeunes filles, honorer leur mémoire en parlant ?
En leur faisant honneur, en les érigeant comme des héros, des libératrices de l'espèce humaine et du massacre que mon peuple subissait depuis tant d'années qu'il m'était impossible de compter ?
Nous étions des lâches, tous, des putains de lâches de vivre notre vie sans même nous soucier d'elles.
Je repensais à ses filles, comment elles allaient ?
Étaient-elles toutes heureuses sans exception ?
Que s'était-il passé après mon départ ?
J'espérais ne pas leur avoir causé trop de sanctions après ma fuite.
Je marchais dans la rue concentrée par mes pensées, j'étais arrivé devant l'hôpital du nouveau qui avait cru bon me sauver la vie.
Je ne sais pas pourquoi je me suis retrouvé devant l'hôpital en premier, je devais me rendre au magasin puis finir par l'hôpital avant de prendre les voiles.
C'est comme si mes jambes s'étaient mises en pilote automatique, je n'avais pas pensé à l'endroit où je devais me rendre, j'avais seulement marché encore et encore.
Je regardais l'immense bâtisse jusqu'en haut, cet hôpital était immense.
J'allais rentrer à l'intérieur lorsqu'une voix intérieure m'a dit de fuir le plus vite possible.
Je regardais autour de moi :
personne.
d'où venait cette intuition ?
Et alors comme par magie mon regard s'est de plus en plus concentré sur chaque partie de la structure, devant moi se présentait des centaines de fenêtres, dans l'une de ces fenêtres attenante à une chambre se tenait dans son lit de malade, le nouveau, j'espérais qu'il ne soit pas trop blessé.
Et d'un coup furtif des frissons m'ont envahit dans la nuque, je l'ai vu, j'ai vu ce procureur, j'ai vu cette lueur dans ses yeux, dans les yeux de la créature, j'avais eu raison BORDEL c'était un putain de démon !
Il me regardait à travers la fenêtre au quatrième étage, sur la deuxième fenêtre en partant du milieu, il me regardait, un immense sourire démoniaque aux lèvres.
Des centaines de pensées venaient à moi, je devais fuir ?
Faire comme si je n'avais rien vu ?
Allait-il faire du mal au nouveau ?
Je n'avais pas le temps de réfléchir, si j'attendais encore quelques secondes de plus je n'aurais plus de porte de sortie et je ne pourrais feindre un comportement naturel.
Alors je me suis accroupi, la tête dans mes mains et feignant une anxiété surjouée à venir prendre des nouvelles de mon collègue.
Je me suis tourné sur le côté, tapant de ma basket un caillou que dieu avait posé par miracle ici, et j'ai fait demi-tour, tournant ainsi le dos à cette créature qui ne m'avait pas quitté des yeux durant toute ma scène digne d'un mauvais jeu d'acteur de SCREAM.
J'avais marché de plus en plus vite, allongeant mes pas le plus naturellement possible.
Je réfléchissais où aller, le Mexique ? Portland ?
Peu importait l'endroit je devais, une nouvelle fois, fuir d'ici le plus vite possible.
J'ai tourné à gauche après cette interminable rue donnant sur l'hôpital, sentant un regard toujours aussi pesant et au moment du virage je me mettrais à courir, le plus loin le plus rapidement possible.
Plus que deux pas et je serais libre, une toute petite porte de sortie, c'était ma chance, j'ai pris une grande respiration, et je me suis abaissée pour prendre de la vitesse :
Impossible de bouger, impossible de me mouvoir.
J'étais figée, mes jambes étaient solidement ancrées dans le sol.
J'ai tourné la tête aussi vite que j'ai pu et j'ai vu au loin le procureur Park courir vers moi à la vitesse de la lumière, les yeux exorbités rouge sang, avec son immense sourire dévoilant d'immenses canines pointues dans une demi seconde il serait face à moi..
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RIM
FantasyRim est une combattante dans l'âme, elle l'a toujours été par la force des choses. Mais, lorsqu'elle apprend qu'elle et des centaines d'autres jeunes filles vont devoir se rendre dans le monde des démons, sa vie s'arrête. Une seule émotion, une seu...