Chapitre 13 - Chambre 313

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I am not who I was - Chance Peña

Avery
19h30

Je retombe lourdement sur mon siège en soufflant. J'ai tellement couru aux quatre coins de l'hôtel que je dois être recouverte de transpiration. Je n'ai même pas eu une pauvre minute pour respirer ! Le téléphone n'a pas cessé de sonner et j'ai pris du retard sur mon travail. Ce que je peux parfois détester dans ce boulot !

J'ai soif d'apprentissage, de reconnaissance et de réussite. Je me donne à 100% dans tout ce que je fais, une bonne habitude que je dois à Bekah. Lorsque votre meilleure amie transforme tout ce qu'elle touche en or, vous ne pouvez vous empêcher de l'envier. Vous aspirez à avoir un peu de son talent et travaillez autant qu'elle. Parce qu'au fond de vous, vous ne rêvez que de lui ressembler.

Alors quand sa mère s'est intéressée à moi, j'en ai presque pleuré. C'est tout ce que j'ai toujours voulu. Rebekah représentait tout ce que j'aurais dû être et avoir. Elle a toujours eu les meilleures notes, les plus belles tenues et un maquillage impeccable. A côté d'elle, mon sweat et mon jeans ne faisaient pas grand effet.

Ashley venait la déposer tous les matins à l'école, et chaque soir elle l'attendait les bras grands ouverts. Inconsciemment, je crois que j'étais jalouse de Rebekah. Parce que même si sa vie n'était pas parfaite, elle avait la seule chose que je n'aurais jamais: une famille. Je ne devrais pas jalouser celle que je considère comme ma sœur, mais une part de moi ne peut l'empêcher.

J'essaye de chasser cette triste constatation en me plongeant dans mon travail. Le hall de l'hôtel s'est vidé, le calme après la tempête et une grande partie des chambres est occupée. Soit je passe une fin de soirée dans le calme, soit je finis par me battre avec un ordinateur.

Courage Avery, il ne te reste plus longtemps à tenir.

Une sonnerie attire mon attention, le téléphone fixe m'indique que quelqu'un appelle de la chambre 313. Je souffle, exaspérée de devoir réaliser une tâche qui prendra encore une fois tout mon temps. Lorsque j'approche le combiné de mon oreille, un souffle très fort me parvient.

— La réception j'écoute.

Personne ne répond, pourtant le souffle se fait de plus en plus fort, j'entends distinctement mon interlocuteur déglutir. Puis la personne raccroche. Je fronce les sourcils et hausse les épaules.

Ce doit être une erreur.

Je saisis un énorme dossier, me préparant à me plonger dans de la paperasse soporifique. Le mot "devis" inscrit sur la pile des réservations de séminaire me fais presque trembler. Je n'aurais jamais le temps de terminer ! Le téléphone sonne à nouveau et je suis sur le point de l'envoyer valser contre le mur lorsque je regarde de qui provient l'appel. De nouveau la chambre 313. Mais qu'on me laisse tranquille ! Si c'est encore un de ces clients qui compte m'appeler dès qu'il a une question concernant le wifi ou le bar je jure de ne plus répondre.

- Réception bonsoir... Il y a quelqu'un ?

Je n'entends que le violon. Le son est puissant, doux mais inquiétant. Instantanément je le reconnais. Le même passage que nous a fait écouter ce taré lorsqu'il a appelé Rebekah. Il est là. Le sol tremble sous mes pieds et les murs se rapprochent. Je raccroche rapidement et je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'œil autour de moi. Suis-je bien seule ? Et est-ce que cette perspective me rassure réellement ?

J'envoie rapidement un message à Bekah pour la mettre au courant de la situation et j'épluche toutes les informations sur cette chambre. Le type tout droit sorti d'un asile psychiatrique se trouve à seulement quelques mètres de moi, il serait si simple de découvrir de qui il s'agit.

Oraison Funèbre (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant