Chapitre 24 - Ça te dis un peu d'urbex ?

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To build a home - The Cinematic Orchestra

Rebekah

  Le samedi après-midi est sûrement le moment que je redoute le plus. Il y a généralement tant de monde que je m'écroule de fatigue le soir. Aujourd'hui, j'ai l'impression que Londres s'est vidé de ses habitants. Il fait un froid glacial et pleut à torrent. C'est pourtant souvent le cas et ça n'a jamais empêché quiconque de sortir. Mais j'ai l'impression qu'une tempête se prépare, le vent menace de faire tomber les lampadaires. L'ambiance qui règne dehors est particulière, presque apocalyptique.

  Madeleine s'occupe des pâtisseries en cuisine depuis ce matin, si bien que nous n'avons eu aucuns échanges. Elle s'active et produit un stock bien trop important, et pour cause, en ce début d'après-midi, il n'y a pas un chat. J'ai dû nettoyer une dizaine de fois les mêmes verres tant je m'ennuie. Je soupire de lassitude et me laisse tomber sur une des banquettes, une tasse de café fumant devant moi et un livre emprunté dans la bibliothèque. Autant en profiter pour faire une pause ! La pluie frappe contre les vitres et m'apaise, comme à son habitude.

  Mon téléphone se met à sonner, le numéro d'Evan s'affiche. J'hésite à répondre.

Que me veut-il ? Il souffle sur le chaud et le froid, un jour il va vouloir m'arrêter, et le lendemain m'aider. Que cache-t-il ?

  Il y a également ce truc, que je ressens lorsqu'il est là. Si je suis encore mal à l'aise à son égard, en revanche je me sens en sécurité. J'ai l'impression qu'à ses côtés il ne m'arrivera plus rien. C'est bizarre, pas vrai ? Il faut croire que ma vie est régie par les contradictions.

  Je prends tellement de temps à réfléchir, que je rate l'appel. Tant pis, il laissera un message.

Je m'apprête à vider d'une traite mon café quand il m'appelle de nouveau. Les sourcils froncés et inquiète, je ne mets pas plus de trois secondes à répondre. La panique me gagne, que se passe-t-il de si urgent ?

   — Allô ?

  Il est essoufflé et a du mal à déglutir.

   — Écoute-moi attentivement. Tu n'es jamais allée dans ce club et tu n'as jamais revu Alex.

  Les rouages de mon cerveau sont déjà en marche, ils surchauffent même.

   — Pourquoi me dis-tu ça ?

   — Ils ouvrent une enquête pour sa disparition.

  Mon sang se glace. Je savais que tôt ou tard, ça arriverait.

   — Je ne lui ai rien fait. Je te le jure !

   — Mais tu risques d'être soupçonnée.

  Je suis terrifiée par cette situation. Que vais-je faire ? Et vais-je réussir à mentir pour Avery ?

   — Où es-tu ? me questionne-t-il

   — Je suis au boulot.

   — Je passe te chercher. dit-t-il avant de raccrocher

  Je regarde l'heure, il est déjà presque 16 heures. Il n'y a personne et je ne pense pas que ça dérange Madeleine si je décide de m'absenter un peu plus tôt. Je la préviens rapidement avant de rassembler mes affaires et de quitter le café en trombe, mon sac sur les épaules.

  La voiture d'Evan est une vieille mustang noir, elle m'attend devant l'entrée. Les faisceaux lumineux de ses phares m'éclairent à travers la pluie et le brouillard. C'est drôle comme les choses peuvent changer. Il n'y a pas si longtemps, nous nous détestions encore, et voilà qu'aujourd'hui il semble s'être rallié à ma cause. Est-ce un piège qu'il me tend ?

Oraison Funèbre (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant