Chapitre 26 - London Eye

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               The night we met - Lord Huron

Rebekah

  La soirée s'est déroulée dans la peur et la panique. Nous avons ressorti notre tableau il y a quelques jours, une mise à jour était nécessaire. Malgré tous nos efforts, j'ai l'impression de tourner en rond. Chaque fois que nous pensons avoir un coup d'avance, cet enfoiré nous prouve que non. Nous étions certaines d'avoir mis la main sur le coupable, la partie devait se terminer.

Il faut croire que, peu importe son identité, il a toujours les rênes en main. Il sème de faux indices et s'infiltre dans notre cerveau, ce jeu est perdu d'avance. J'ai beau retourner les récents événements dans tous les sens, je suis complètement perdue.

  Evan m'a envoyé un message juste avant de dormir en me demandant comment j'allais.
En règle générale, personne ne le fait. Alors, c'est tout naturellement que je me suis sentie apaisée.

Il m'apporte l'attention dont je manque terriblement. Je ne saurais comment décrire notre relation, est-ce de l'amitié ou uniquement professionnelle ? Mais plus que tout, dois-je lui faire confiance ? Tant de doutes et si peu de certitudes.

  Je viens de terminer mon service, il est bientôt 20 heures et je suis épuisée. Mon sac sur l'épaule, je sors du café et le ferme à clé, quand mon corps se tourne et se heurte contre quelque chose. Ou plutôt quelqu'un.

   — Evan ? Qu'est-ce que tu fais là ?

  Sérieusement ? Ça devient carrément une habitude maintenant.
Il sourit franchement et me tend sa main.

   — Je viens te changer les idées. Une balade, ça te dit ?

   — C'est dans un but criminel ? Parce que tu sais, si tu m'enlèves, personne ne paiera de caution. Quelqu'un a déjà essayé et le résultat n'était pas beau à voir, crois moi.

  Son sourire s'efface brusquement. Merde. Il doit me prendre pour une folle.

   — Pardon. C'était de l'humour noir, une mauvaise habitude.

  Il hoche la tête et je finis par attraper sa main, le suivant jusqu'à sa voiture.

  Nous roulons plusieurs minutes, la musique à fond. Nous chantons, dansons et rions comme si plus rien n'avait d'importance. La scène est à la fois aussi étrange que naturelle, s'en est d'autant plus déconcertante. Il finit par s'arrêter sur un parking.

   — Où on est ?

  Je me détache et sors de la voiture, scrutant les environs. Je reconnais le chemin que j'emprunte pour rejoindre cette grande allée pavée d'arbres, du London Eye. Nous avons une vue incroyable sur la Tamise où les lumières colorées sont reflétées.

  Je me tourne vers Evan qui pose son manteau sur mes épaules, suivant ses mouvements du regard. Quelle imbécile je suis d'avoir oublié le mien en plein hiver ! Les habitants de cette ville ne semblent pas craindre le froid tant leurs vêtements sont courts. Qu'on me donne la recette secrète moi aussi je veux mettre des jupes !

  Je le remercie timidement avant de me blottir à l'intérieur, humant son parfum. 

   — Pourquoi m'as-tu amené ici ?

  Il garde ses mains sur mes épaules et plonge ses iris verts dans les miens.

   — On est déjà venu ici toi et moi, seulement j'aimerais changer ce souvenir. Pour une raison que j'ignore, cette grande roue semble particulièrement compter pour toi. Tu as peut-être besoin de prendre de la hauteur sur ta vie. Et c'est exactement ce que nous allons faire aujourd'hui.

Oraison Funèbre (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant