Chapitre 12 - L'antre du diable

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                                Heartless - The Weeknd

Evan
22h30, le Saphir.

Suite à mon entretien qui n'a mené nulle part avec Rebekah, j'ai décidé de suivre une piste trop longtemps mise de côté. Celle d'Alex Bellingham. Elle danse très souvent dans ce club, où elle y est d'ailleurs vue comme une star.

Les clients se bousculent pour avoir le droit à une danse privée pendant que les autres danseuses semblent vouloir lui arracher les yeux. Alex est élancée, avec un visage de poupée qui laisse croire à sa pureté. Ses longs cheveux blonds bouclés envoûtent Londres entier. On lui donnerait le monde et ses joyaux, allant jusqu'à vendre notre âme pour sa beauté.

Il y a bien longtemps, elle a fréquenté Lucas et son lit. À l'époque où elle n'était que bonté et générosité. D'après mes recherches, leur relation s'est terminée le jour où Rebekah est entrée en scène. Je brûle d'impatience d'écouter sa version. Un combat entre deux déesses blondes, ça ne peut qu'être jouissif !

Le Saphir est la définition même de la débauche, c'est ici que la perversion est à son paroxysme. Tous les vices y sont acceptés, dépourvus de toute pudeur. La salle est truffée d'éclairage rouge. Des femmes pratiquement nues dansent autour d'une barre ou sur une table. Certains couples sont déjà passés à l'action et se culbutent au centre de la pièce. D'autres s'en mettent plein le nez.

Sexe, alcool et drogue sont les mots d'ordres pour ce temple qui n'a plus rien de sacré. Une sublime femme, vêtue d'un déguisement à plume se trémousse sur la scène principale. Elle tourne autour de la barre avec une sensualité déconcertante. Ses cheveux violets attirent le regard et malgré ce détail je la reconnais immédiatement.

L'objet de toutes les tentations, la réponse à mes questions.

J'ai eu le temps de réserver un créneau avec Angel, ou Alex pour les intimes. Sérieusement, qui a eu l'idée de lui donner un surnom aussi ridicule ? Une femme aussi sexy qu'elle, portant un nom aussi peu original.

Elle capte mon regard, continuant à se déhancher d'une manière tout sauf naturelle. Elle fait tomber une bretelle et joue des épaules avant de se baisser , me laissant une vue imprenable sur son décolleté. Un sourire naît sur mes lèvres. Qui a dit que l'on ne pouvait pas mêler travail et plaisir ?

Je m'avance de plus en plus vers elle, le feu et le désir grandissant. Elle sait comment se faire désirer, elle sait exactement quoi faire pour qu'un homme ait envie d'elle. Au dernier moment, je tourne à droite, tend mon ticket à l'un des videurs qui attend devant un long et épais rideau rouge.

L'antre du diable. La pièce ou les fantasmes deviennent réalité.

Mon entrevue avec Alex s'avère finalement très intéressante. À peine quelques secondes plus tard, elle entre à son tour. Une musique résonne, ni trop forte ni trop basse, qui me laisse tout le loisir de la questionner.

Je m'assois sur le lit au centre de la pièce et l'observe se déshabiller, m'achevant délicieusement. Elle s'approche de moi, uniquement couverte de ses sous-vêtements. Elle m'enjambe et se frotte exagérément à moi. Ô oui, elle le sent. Elle sent l'excitation qui prend le contrôle de son corps et du mien. Son soutien gorge tombe et j'en profite pour la toucher. Un gémissement sort de sa bouche, elle perd pied, c'est le moment parfait.

— Oh, tu n'as pas idée de l'effet que tu me fais.

Mes doigts traversent la barrière de sa culotte. Elle est sublime, ressemblant étrangement à Rebekah, tout aussi angélique qu'elle. Je ne peux m'empêcher de voir son visage à la place. Le sang afflux directement jusqu'à mon entrejambe.

— Alex... Je n'imaginais pas que tu serais aussi incroyable.

Elle se fige et redescend de son nuage.

— D'où connais-tu mon prénom ?

Je mord doucement son épaule.

— Je connais un tas de choses sur toi.

Je retire doucement mes doigts, avant de la fixer de haut en bas. L'effroi se lit sur son visage.

— Je ne te balancerais pas. Uniquement si tu acceptes de me rendre quelques services de temps en temps.

Elle se relève et enfile son son joli déshabillé à toute vitesse.

— Je me doutais bien qu'un mec comme toi me rapporterait des problèmes. Tu veux quoi ? Une baise de temps en temps ? Le nom des types qui vendent ici ?

Un sourire suffisant sur le visage, je l'attrape par les hanches et l'embrasse. Sa langue danse avec la mienne. Un combat acharnée qui se terminera par la chute de Rebekah.

Ma victoire n'est plus qu'une question de temps. En m'écartant je ne peux empêcher un sourire de germer au creu de mes lèvres.

— Ce que je veux, c'est des informations. Je veux que tu laisses tes oreilles traînées un peu partout. Et je veux que tu me racontes tout ce que tu sais sur Lucas Wallace.

Son visage perd toute sa couleur, elle se fige entre mes bras. Vas y, laisse tes émotions prendre le dessus sur toi. Laisse moi lire en toi.

— Je n'ai rien à te dire, ce n'était qu'un petit flirt de lycée.

Mensonge, mensonge ton nez s'allonge.

— Fais donc un effort ma belle. Ce n'est qu'un flirt de lycée qui pourrait te rapporter de gros problèmes si tu ne te décide pas à parler. Je pourrais faire fermer cet endroit, te jeter derrière les barreaux. J'assure ta liberté en échange de quelques informations, c'est un marché plutôt intéressant tu ne trouve pas ?

Elle souffle brusquement avant de me rejoindre sur le lit, appuyant sur mes épaules dans une vaine tentative de garder le contrôle.

— Écoute, je suis sortie avec Lucas pendant à peu près trois mois. On a surtout baisé en fait, mais j'étais accro. On le faisait partout, n'importe quand. Un jour, il s'est découvert une nouvelle obsession : une garce frigide aux allures de miss parfaite. Aussitôt, le peu d'intérêt que me portait Lucas s'est évanoui. Il n'y en avait plus que pour elle ! Je l'ai surpris la queue entre ses jambes si tu veux tout savoir.

Une histoire de sexe entre adolescents ? Rien qui semble m'aiguiller sur une quelconque piste. Une partie de jambes en l'air entre deux devoirs, c'est d'un ennui.

— Et tu n'as jamais eu envie de te venger ? Une fille te pique ton mec, le seul à s'intéresser à toi. Alors quoi ? Tu retournes à ta solitude sans rien faire ?

Un rire cynique sort de sa gorge.

— Finalement elle m'a rendu service. J'aurai très bien pu finir à sa place. Je lui laisse volontiers le type instable si ça peut m'éviter d'en crever.

— Je ne te voyais pas te faire écraser par quelqu'un.

Son visage se transforme, elle est habitée par la rancœur. Elle brûle de vengeance, il ne me reste plus qu'à y balancer un peu d'essence.

— Personne ne m'écrase, c'est compris ?

Elle noue les lacets de sa tenue affriolante et coiffe ses cheveux de sa main.

— C'est bon ou tu veux autre chose ?

— Contente-toi de répondre quand je t'appelle. Et n'oublie pas de laisser tes oreilles traînées.

Je lui laisse mon téléphone pour qu'elle y enregistre son numéro, ce qu'elle fait immédiatement.

Rebekah je te tiens. Bientôt tes mensonges te rattraperont. 

Oraison Funèbre (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant