Oraison Funèbre (terminé)

Chapitre 41 - Fin de la partie

Hold on - Chord Overstreet

Avery

  Du jour au lendemain, je n'avais plus aucune nouvelle de Bekah. Elle m'a éloigné de sa vie petit à petit, puis une grosse dispute à finit par éclater.
  Nous étions une seule et même personne et pour cause, elle était la seule amie que je n'avais jamais eu. On s'entendait si bien, qu'il n'y avait rien que nous ne fassions sans l'autre. Elle était la sœur que je n'avais jamais eu, c'était bien plus fort que de l'amitié. J'aurais pu tuer pour elle, sans aucune hésitation. Je ne passais pas une seconde de mon temps sans elle. Elle était la famille que je n'avais jamais eu et la seule à comprendre tout de moi sans même avoir à parler. Lorsqu'elle m'a abandonné pour Lucas, mon monde s'est écroulé. J'étais seule face aux monstres cachés dans ce foyer. Personne ne me protégeait.
 
   Lorsqu'elle en a eu marre de ma compagnie, elle a fini par simplement me remplacer. Tout ça pour un garçon ? Je n'arrive pas à croire qu'elle ait pu être aussi égoïste ! Quelques jours plus tard, c'était au tour de Clayton de m'abandonner. Je n'avais alors plus personne, j'étais désespérément seule. Mon cœur avait cessé de battre, et je n'avais qu'une envie: mourir. C'est exactement ce que j'ai fini par faire. Je me suis ouvert les veines jusqu'à me vider de mon sang. La douleur était intense, mais pas autant que celle provoquée par leur abandon. L'horreur que je vivais au sein de ce foyer était telle que Clayton lui-même, perdait la tête. Coups après coups, je me sentais un peu plus mourir. J'ai alors su que tout était perdu d'avance. Alors à quoi bon continuer ?
 
  Rebekah, m'a abandonné. Elle n'a pas vu ma souffrance. Cette année, lorsque j'ai voulu m'ôter la vie, je fus internée dans cet hôpital psychiatrique. Cette fois-ci, je ne me raterai pas. Je rédige une lettre à l'intention de Rebekah, où je couche sur papier toute la vérité.
  Marchant jusque dans la salle de bain, je me sens prête. Prête à m'envoler.
 
   Le sang pulse dans mes veines à mesure que l'air quitte mes poumons. La respiration saccadée, et les mains tremblantes, j'inspire une dernière fois. Morte et vivante à la fois, bientôt mon corps rejoindra mon âme éteinte.
  Recroquevillée sur moi même, le carrelage glacé me fait frissonner. Les murs sont dépourvus de couleurs, aussi tristes que moi. Les deux mains couvrant mes oreilles je hurle. Je hurle à m'en briser la voix et personne ne m'entend. Plus personne ne me sauvera.
  Par pitié faites taire ces voix, je n'en peux plus. J'emporte avec moi mes rêves et cauchemars, mes maigres réussites et mes nombreux échecs.

  Crie ou meurs,
  Gorge tranchée, ou abdomen poignardé,
  une plaie béante dans mon coeur,
  Rouge sera notre destinée
  Décime le ou péris dans ses flammes,

  Je repense à cette petite fille, pleine de vie et d'espoir. Celle qui rêvait secrètement du prince charmant, sans se douter un seul instant, que ce serait la bête qui lui ferait quitter sa tour.
—Je suis désolée. Je n'ai pas pu nous sauver.
  Ma voix tranche le silence assourdissant. Le froid me ronge la peau, je sens la mort me rattraper. Le moment est venu pour moi de m'envoler. Sauter et tomber. Un dernier instant, une dernière pensée, et je déploierai les ailes qui m'ont été brûlées.

  Suis la lumière et éteins toi dans le plus majestueux des brasiers.
Douleur n'est plus, ton âme si légère s'envole
Tranche la, tranche la
Jusqu'à la veine

  Je fais distraitement rouler la boîte dans ma main, examinant les petits comprimés qu'elle contient. Hypnotique, qui n'a plus vraiment d'effet sur mon corps drogué. Un verre d'alcool dans l'autre main et le reste de la bouteille près de mes pieds nus.
Nouvelle boîte, nouveau verre. Cette fois, je ne me raterai pas.
Ma tête frappe la porte, la douleur me vole un sourire. Je souris d'avoir mal, car bientôt, toute souffrance m'aura quitté. Je répète cette chorégraphie rythmée par les ténèbres, avide de plonger dedans. Je cherche désespérément ce vide, cette noirceur qui m'habite depuis tant d'années.