Oraison Funèbre (terminé)

Chapitre 37 - S'aimer dans le chaos

Dead of night

Rebekah

  La bouche d'Evan s'ouvre mais il ne dit plus rien. À cet instant, je suis persuadée de le dégoûter. Bon sang Bekah pourquoi ne continue pas à mentir ?
   — Dis quelque chose, s'il te plaît.
  Il se rapproche de moi et attrape ma main, traçant des cercles sur celle-ci.
   — Écoute moi bien Rebekah, c'était de la légitime défense. Tu n'avais pas d'autre choix. 
  Je ne perçois aucune forme de jugement dans sa voix.
   — Mais j'ai pris une vie, et depuis la mienne n'est qu'un cauchemar. J'ai beau tout faire pour me réveiller, je suis coincée dans cette boucle infernale sans aucune lumière.
   — Tout ça sera bientôt derrière toi, n'en doute pas. Bientôt, le soleil reviendra dans ta vie, je te le promets.
  Comment fait-il pour me rendre le sourire ? Même un aussi maigre que celui-ci. Il a toujours les mots pour calmer mes peurs, apaiser mes maux.
   — Quoi qu'il advienne, ne le répète à personne. ordonne-t-il
  J'hoche vigoureusement la tête et ferme les yeux. S'ouvrir s'avère libérateur, je décide de placer ma confiance en lui et je sais alors que je ne le regretterai pas. De terribles images surgissent et je dois me faire violence pour les chasser. J'ai besoin de me confier, de partager un peu de la noirceur qui m'habite.

   — C'était Clayton.
  Voilà, la bombe est lâchée, plus de retour en arrière. Je me livre à cent pourcents et advienne que pourra.
   — De quoi tu parles ?
   — Le fossoyeur, c'était lui. Il m'attendait devant chez moi, le soir où il s'est suicidé. Il a essayé de me tuer Evan.
  Il se lève, le visage derfomé par la rage.
—Je n'aurai jamais dû te laisser !
Je me lève à mon tour, lui faisant face. Je lis tant d'inquiétude en lui.
—Tu n'y es pour rien. chuchote-je
  Il encercle mon visage de ses grandes mains, ses iris verts rencontrent les miens.

—Plus rien ne t'arrivera, je t'en fais la promesse.
Il dépose un léger baiser sur ma mâchoire, m'arrachant des frissons.
—Je peux rester ici ce soir ?
—Évidemment, allons nous coucher. Je te laisse mon lit.
  Nerveuse, je me mords la lèvre. Je l'observe déplier le canapé, il a visiblement l'intention de dormir ici. Je ressens le besoin pressant de l'avoir près de moi.
—Evan...?
  Il fait volte face et me m'observe avec une douceur déconcertante.
—Est-ce que ça ne te dérangerais pas de dormir avec moi ? Je crois que je n'ai pas vraiment envie d'être seule.
—Oh, bien sûr que non.
 
Il attrape ma main et m'entraîne jusqu'à sa chambre. C'est une pièce magnifiquement décorée, un véritable havre de paix. Nous nous installons dans son lit, ses doigts caressent mes cheveux.   Je tourne la tête et nos yeux se rencontrent. Un sourire naît sur nos lèvres.
—Revoilà cette lumière dans ton regard. dit-il
—C'est parce que tu es à mes côtés.
  Ma main se pose délicatement sur sa joue et je fixe ses lèvres. Il finit par les plaquer sur les miennes, tirant légèrement sur mes cheveux. Ma langue rencontre la sienne et très vite, je monte à califourchon sur lui. Ce qui n'était qu'un baiser chaste se transforme en brasier ardent. Je tire sur ses cheveux et un gémissement sort de sa bouche. Ses mains se placent sur mes fesses et les serrent sans retenue. Je décolle soudainement ma bouche de la sienne.
—Attends.
  À bout de souffle, il m'observe perplexe.
—Je ne peux pas faire ça.
 
   Je me décale et m'assois à ses côtés, son regard se fait encore plus inquiet. Je n'ose pas le soutenir tant j'ai honte. Qu'est ce qui peut bien clocher chez moi ?
—Explique moi. J'ai fait quelque chose de mal ?
—Non, ce n'est pas toi. Je triture mes ongles nerveusement. En fait, depuis ce que Lucas m'a fait, c'est impossible pour moi d'avoir un quelconque rapprochement physique.
  Il ne répond pas et je ne peux m'empêcher de lui demander si c'est un problème pour lui.
—Absolument pas. C'est toi ma priorité Rebekah. Toi et ton bonheur. J'en ai rien à faire du sexe ! Si je dois attendre des mois ou des années, je le ferai.
  Soulagé, je me blottis dans ses bras, bercée par les battements de son cœur. Il finit par s'endormir et je me contente de l'observer, tombant irrévocablement amoureuse de lui.