Chapitre 22 - Nos blessures ont besoin de compagnie

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Black Friday - Tom Odell

Rebekah

Je suis a peine sortie du café que la température me glace le sang et le vent hivernal frappe mes jambes presque nues. Pas de doutes, nous sommes bel et bien en novembre. Je prends une grande inspiration, la terre se met à tourner autour de moi et une image me vient. Un corps ensanglanté et le visage impassible de ma meilleure amie. Comment suis-je censé oublier cet épisode ? Comment est-ce que je peux avancer ? Depuis cette soirée, je suis constamment sur le qui vive. J'appréhende le moment où nous paieront pour notre crime. Dans 1 semaine, 1 année ou bien 10, nous allons plonger pour avoir ôté une vie. Nous attendons simplement notre châtiment.

Avery se tient à l'autre bout de la rue. Elle me sourit en me voyant et je finis par avaler la distance entre nous. Ces derniers temps, on s'est toutes les deux plongées dans le travail, si bien que nous n'avons pas eu une minute pour parler.

Elle à souvent dormi chez Clay, je crois qu 'il l'empêche de sombrer, à l'instar d'une bouée de sauvetage. J'espère simplement qu'il ne sera pas l'ancre qui la fera couler, l'entrainant dans les profondeurs.

Parce qu'elle ne le lâchera plus jamais, s'il tombe, elle tombe avec lui.

  Je considérais Clayton comme mon frère. Tous les trois, on passait le plus clair de notre temps ensemble, nous étions inséparables. Il était l'épaule sur laquelle je pouvais me reposer, il me protégeait et veillait à ce que je sois heureuse.
Nous pouvions discuter pendant des heures sans nous arrêter, depuis notre enfance et jusqu'à ma rencontre avec Lucas. Clayton et lui se sont tout de suite bien entendus, il disait qu'un homme comme lui été fait pour moi.
Il le sentait bien, apparemment. Quelle flaire de dingue pas vrai ?

Je me suis petit à petit éloignée d'eux. Lucas me faisait comprendre que je devais le faire, par respect pour lui. Un jour il a simplement caché mes clés et enchaîné mes mains. J'ai alors perdu tout contact avec mes amis. Quand je suis sortie de cet enfer, j'ai appris que Clayton n'était plus à Londres.

Avery a dû vivre seule, complètement détruite. Elle n'avait ni sa meilleure amie ni l'homme qu'elle aimait. Alors, le jour où l'amour de sa vie l'a abandonné, elle s'est éteinte. Où se réfugiait-elle quand la douleur était trop forte ?

Je me demande si les gens comme nous s'attirent. Sentons-nous le chaos chez l'autre ?
Peut être qu'on essaye de réparer ce que nous n'avons pas su faire dans notre propre vie.
Parce que c'est plus simple d'aider quelqu'un d'autre que soi-même.

Car il arrive un jour, ou vous êtes tellement brisés, qu'il n'y a plus rien a réparer. Vous êtes tellement épuisé, que vous vous contentez de contempler les dégâts.

Mais seul c'est moins drôle pas vrai ? A deux, on peut rendre tout ça supportable.

Faire confiance à quelqu'un pour panser ses plaies est difficile, mais si vous trouvez la bonne personne, le monde retrouvera sa couleur.

Nous n'avons pas à souffrir seul.

Sur le chemin de notre appartement, nous discutons de tout et de rien. Ça doit faire une éternité que ce n'est pas arrivé. On parlait meurtre et police mais jamais maquillage ou clients excentriques. Adieu les « on planque où le corps ? » et bonjour aux « on mange quoi ce soir ? »

C'est tout ce que je souhaite à présent, retrouver un semblant de vie normal.
Je ne veux rien d'autre. Des journée chargées, des soirées télé avec ma meilleure amie et une longue nuit de sommeil.

Je veux retrouver ma vie.

Avery joue avec sa bague et me regarde, soudainement nerveuse.

— Bekah je dois t'avouer quelque chose.

Oraison Funèbre (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant