Chapitre 16

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     — MAIS NON !!! hurla Sophia, les mains cramponnées sur le dossier du sofa et les yeux rivés vers l'entrée du salon-cuisine d'où venait d'émerger  Cassien.

     Cassien et son air fatigué, sa tignasse brune et un sourire qui peinait à grignoter l'entièreté de son visage. Il réceptionna la fougue de cette jeune femme toujours plus petite que lui d'une bonne tête et déposa un baiser contre sa joue alors qu'elle sautillait sur place, criant le nom de James qui s'était visiblement réfugié dans les toilettes pour y vider le contenu de son estomac.

     — J'Y CROIS PAS ! Mais c'est le jour des miracles ou quoi ?!

     — Je suis aussi content de te retrouver Sophia, répliqua Cassien en la repoussant gentiment.

     Il n'écouta qu'à moitié son blabla excité, trop occupé à embrasser tous les convives dont certaines têtes qu'il ne connaissait pas. Sophia le suivait comme un petit chien, parlant rapidement, mais le sapeur-pompier était bien trop appliqué à tenter de retenir tous les prénoms qu'on lui soumettait après chaque joue tendue.

     Il tiqua à peine quand le prénom de Loup franchit ses lèvres. L'étonnement n'était pas au rendez-vous puisque Lorenzo lui avait envoyé un succinct sms indiquant que le pestiféré avait fuit la fête. Tant mieux pour lui !

     — Putain Sophia, t'es obligé d'ouvrir ta grande bouche, là ?! maugréa James en réapparaissait du couloir avant de piler net devant son ancien camarade. Mais seigneur, qu'est-ce qu'il se passe ce soir ?

     — Nan mais vous abusez quand même ! râla-t-il alors que Lorenzo explosait de rire. C'est pas comme si j'étais un fantôme.

     — Aux dernières nouvelles, tu t'étais barré je-sais-plus où pour rejoindre l'armée alors excuse-moi d'être choqué de te revoir ici, après... ça fait combien de temps déjà ?

     — Sept ans.

     Les deux anciens lycéens ouvrirent grand leur bouche, choqué par ce nombre qui leur apparaissait si grand quand dans leur esprit, le lycée datait de quelques années à peine.

     — Et tu fais quoi là ? T'es en vacances ?

     — Non, j'ai quitté l'armée de terre pour les pompiers.

     Cassien se contenta de cette courte explication, peu désireux d'entrer dans les grandes lignes jusqu'à insulter la personne qui lui servait de géniteur. Il avait passé quelques jours à se calmer, il n'était pas question de relancer la machine.

     Sophia désigna son poignet entouré d'une attelle dont le but était de maintenir sa main pour que ses os se reforment correctement après le massacre qu'il leur avait fait endurer.

     — Tu t'es fait ça comment ?

     — Longue histoire. Bon, il y a quelque chose à boire ici ?

     — Tu sais me parler, toi, sourit Lorenzo en l'entraînant derrière le bar, conscient que la curiosité de Sophia risquait de rouvrir les portes de l'enfer à peine refermées.

     Cassien indiqua ce qu'il souhaitait boire à son ami qui s'activait en se dandinant sur la musique. Le menton calé dans le creux de sa main, le coude appuyé contre le bar, il observait les invités qui ne devaient plus être vraiment sobres, refusant de s'attarder sur des questions parasites qui venaient de temps à autre ronger son esprit.

     — Je pensais que tu dormirais.

     Lorenzo lui glissa son verre et il l'attrapa pour en absorber une première gorgée.

     — Non. Je regardais une série.

     Bien qu'il tentait de faire abstraction du regard persistant de son ami à sa gauche, un soupir franchit la barrière de ses lèvres, conscient des pensées intrusives de l'espagnol.

     — S'il te plaît, souffla-t-il.

     Pas un mot de plus, une simple supplique pour ne pas aborder ce sujet qu'il souhaitait enfouir très loin, dans les profondeurs de son âme. Lorenzo se pinça les lèvres puis avala une gorgée de sa bière avant de lui passer un bras autour des épaules, visiblement compréhensif.

     — Bon... ça te dit de te bourrer jusqu'au matin ? Comme quand on était jeune ?

     — Si tu considères que vingt-six ans, c'est vieux, je préfère te rappeler que je suis encore un éternel adolescent.

     — Ah ! C'est ce sourire que je veux, moi !

     Son doigt s'enfonça dans la joue de Cassien qui roula des yeux, feignant d'être excédé alors que ses lèvres s'étiraient déjà, amusé.

     — TCHIKITA ! CHEVEUX LONGS COMME TCHI-KITA ! hurlaient les filles en sautant dans tous les sens.

     — Ah non ! rugit Lorenzo pour les rejoindre, cherchant désespérément son téléphone qui avait mystérieusement disparu. Vous me foutez pas du JUL !

     Les pieds nus, Sophia se déhanchait avec peu d'harmonie et de sens sur l'assise du sofa, l'appareil dans la main. Quand l'objet fut repéré, Lorenzo lui crocheta les jambes, mais elle le lança à une de ses amies qui manqua de le faire tomber au sol.

     — MON PORTABLE BORDEL !!

     Accoudé au comptoir, Cassien pouffa en observant ce spectacle. Les petites fêtes de Lorenzo avaient bien changé en termes de quantité, mais restaient tout de même un brin folle. Et cette constante lui plut.



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Petit chapitre, je l'avoue mais soyez heureux de recevoir ces chapitres le bon jour 😆

Merci à vous 🫶🏻

Tome 2 - True LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant