Chapitre I

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Ji-Min.


« Allez mec, fais pas chier !

- C'est non, Ashtray. En quelle langue est-ce que je dois te le dire ?

- Peut-être en coréen, ça passerait sûrement. »

Je relève le regard de ma feuille de papier et fixe mon ami droit dans les yeux en essayant de savoir quelle est l'émotion qu'il essaie de me transmettre. J'hésite entre la blague et la connerie. Mais bon, le connaissant, ça doit être un mélange des deux.

« Ani-mnita !, dis-je.

- Hummm... finalement, ça ne change rien du tout !, répond-t-il, l'air pensif.

- Tu préfères que je te l'écrive ?

- Ouaiiis ! Carrément même. »

Je déchire rapidement une feuille de mon carnet et j'y griffonne ce qu'il me demande. Puis je tends vers lui le papier. Il l'inspecte pendant un moment avant de le prendre, les caractères lui semblant certainement faux puisqu'il me dit:

« Qui me dit que tu n'as pas écrit n'importe quoi ?

- C'est ma langue maternelle et paternelle Ducon ! Je comprends ce que j'écris.

- Mais rien ne me confirme que c'est vrai ! Tu aurais pu m'insulter.

- Si j'avais l'intention de t'insulter, je n'aurais pas eu besoin de l'écrire et tu le sais. Mais si tu n'es pas convaincu, tape ça sur Google et tu verras bien ! Et fous moi la paix, tu es casse-pied. »

Tentant de ne pas porter plus d'attention à mon pote, je reporte mon regard sur mon carnet. Qu'est-ce que je dois faire déjà ? Ah oui, une rédaction sur le pourquoi du comment j'ai choisi de m'inscrire à l'Université de Californie, Berkeley en option College of Environmental Design. Et jusqu'à présent, je n'ai réussi à écrire que deux choses : mon nom et mon prénom. C'est peu. Pourtant, j'ai l'intime conviction que seulement ça pourrait me faire admettre sans aucun souci... Mais bon, je préfère me dire que c'est ma sublime rédaction qui va me permettre d'entrer dans cette fac. Enfin, ce n'est pas gagné...

« Pourquoi est-ce que tu t'obstines à vouloir rendre une rédac parfaite alors que juste le fait que ton père soit Nam Dan-Ti...

- Nam Dan-Tae !, je le corrige.

- Ouais bon, Monsieur Nam... t'assure une putain de place à l'UC Berkeley ? »

C'est bien ce que j'évitais de me dire la seconde d'avant mais voilà que Ashtray vient mitiger mon esprit. Il a toujours eu le don pour ne jamais placer les bons mots aux bons moments.

« Tu sais Ashtray, j'essayais de ne pas trop penser à ça. Merci d'avoir flinguer mon moral.

- Je ne vois pas pourquoi ça te déprime autant. Tu n'as à fournir aucun effort ! À ta place, je serai en train de me prélasser sur la plage tout en draguant les plus belles nanas.

- D'un, tu n'es pas moi et heureusement ! Et de deux, qui dit encore "nana" de nos jours ?

- Bah moi.

- Eh bien arrêtes !

- Pff. »

Finalement, je décide de fermer mon cahier.

« Tu m'as cassé l'inspiration là ! Qu'est-ce que tu voulais qu'on fasse ?

- Mais c'est que te voilà beaucoup plus raisonnable. Allez debout ! »

Ashtray se lève d'un bond de sa chaise et commence à fouiller activement dans le bol à clés placé à l'autre bout de l'îlot central de la cuisine. Il en sort les clés de la Ferrari F8 Tributo de mon père. J'écarquille aussitôt les yeux et lui lance des dagues avec mon regard histoires de lui dire que c'est hors de questions qu'un seul d'entre nous deux ne mette les pieds dans cette bagnole hors de prix. Pourtant, il n'a pas l'air de prêter plus attention que ça à ma fusillade vu qu'il fait une grimace insatisfaite.

L'Ombre du Lilas Blanc, Tome 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant