Chapitre XXII

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Ji-Min.


Dans un geste lourd de fatigue, je dépose mon sac sur l'îlot de la cuisine avant de m'affaisser sur l'une des chaises de bar.

« Alors ? Comment il va ? »

Je lève le regard vers ma mère qui vient de me poser la question. Pour toute réponse, je hoche simplement la tête. Je ne sais pas si c'est la fatigue ou juste ma gorge sèche mais je n'ai aucune envie d'ouvrir la bouche. Tout ce dont j'ai besoin, c'est de me mettre quelque chose dans le ventre et de fermer les yeux. Ces dernières 24 heures passées au chevet de Ashtray n'ont pas été de tout repos.

« Et toi, ça va ? »

Je hoche une nouvelle fois la tête tandis que ma mère pose une assiette de pommes de terre sautées accompagnées de filet de bœuf devant moi. Bizarrement, c'est comme si mon estomac se rend compte que se remplir de boissons énergisantes en plus de vingt-quatre heures, ce n'est pas se nourrir. Avidement, je me jette sur la fourchette posée sur le repas et j'avale les premières bouchées plus vite que je ne respire. Comme il fallait s'y attendre, je manque de m'étouffer.

« Vas-y doucement Ji-Min !

- Merci. », je dis après avoir bu le contenu du verre qu'elle m'a apporté.

Quelques coups contre ma poitrine et je me sens déjà mieux. Il ne manquerait plus que je fasse un malaise moi aussi.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? », me demande-t-elle avant de venir s'assoir à côté de moi.

Je comprends assez vite qu'elle parle de Ashtray et ça a le don de couper net mon appétit. Il s'agirait peut-être d'arrêter de laisser des situations autant influencer mon état. Ma fourchette entre les doigts, je farfouille dans mon plat avant de lui répondre.

« Il a fait une overdose.

- Une quoi ? Ashtray se drogue ? »

Je reconnais dans la voix de ma mère de l'inquiétude, pas de l'indignation. De base, elle est très stricte en ce qui concerne toute sorte de substances illicites – elle a même l'idée que je boive en horreur – et elle a une tolérance zéro pour ça. Pourtant, c'est comme si ce n'était pas si grave à la voir aussi anxieuse. Je pousse un petit rire. C'est vrai que Ashtray est plus son troisième fils que l'ami de son enfant maintenant. Je croyais vraiment que ce petit con allait être mon ami le moins aimé mais c'est tout le contraire, même mon père l'apprécie.

« Il prend la drogue Ji-Min ?, insiste ma mère.

- Pas habituellement...

- Explique-moi que je puisse comprendre. »

J'avale la nourriture que j'ai en bouche et je me retourne dans sa direction.

« Je crois qu'il faisait une dépression, maman.

- Quoi ? »

Plus je parle, plus j'ai l'impression qu'elle passe aux niveaux supérieurs de surprise et d'inquiétude.

« Mais comment ? Pourquoi... ?

- Ses parents sont en instance de divorce. »

Quand Ashtray s'est réveillé après des heures insoutenables d'attente, on a tous accouru dans sa chambre – enfin toutes les personnes qui étaient présentes à ce moment. Tout comme j'ai été le premier à découvrir son corps inerte dans sa salle de bain, j'ai aussi été le premier à arriver à son lit. Je ne sais pas par quel moyen mais j'ai réussi à réprimer mes larmes dans ma gorge quand j'ai vu ses yeux ouverts et me fixant. J'étais tellement heureux de le voir moins pâle et blanc.

L'Ombre du Lilas Blanc, Tome 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant