Chapitre XXI

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Ghalia-Meen.
*Souvenir 1, il y a deux ans et demi.

« Sale petite garce ! »

L'injure prononcée par mon oncle est aussitôt accompagnée par une gifle qui retourne complètement ma tête. La vive douleur qui brûle ma joue fait écho du bruit sourd qui bourdonne dans mes oreilles. Comme à chaque fois qu'il me tape, il n'y va pas de main morte. J'entrouvre la bouche en essayant de replacer ma mâchoire puis je relève le regard vers Brice. Ses mains sont tremblantes de rage et son visage déformé par la colère. Il a toujours eu des problèmes de prise sur soi, lui. Il faudrait qu'il commence à suivre une thérapie.

« Je te le dis toujours, Brice, mais la gifle n'était pas nécessaire, dis-je simplement.

- Ferme-la !

- Respire. Je ne t'ai pas insulté, ni manqué de respect...

- C'est du pareil au même. Tu viens de me dire que tu quittes ce toit que je t'ai offert de grand cœur. Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Que je ne suis pas assez bien pour m'occuper de toi ?

- Je ne me rappelle pas avoir dit ça. »

Brice pousse un rire sarcastique avant de soulever son verre de whisky et de le vider d'une traite. Lui et sa sœur ont le même problème d'alcool. Ça doit être de famille.

« Pourquoi au juste ? Tu veux vivre avec ton salaud de petit-ami ?

- Je veux éviter ce genre de chose, je réponds en montrant ma joue encore chaude du doigt. Pour toujours.

- Arrêtes d'en faire tout un plat, ce n'était qu'une petite baffe de rien du tout.

- Je t'en mets une pour voir si on est d'accord ?

- Tu as beaucoup plus de répondant que d'habitude. J'en déduis que c'est ça ta vraie personnalité. »

Je ne confirme pas ses suppositions. De toutes les manières, ça ne fera que le mettre plus en rogne qu'il ne l'est déjà.

« Réponds ! C'est à cause de Dave ?

- C'est à cause de toi, Brice. Je ne raffole pas vraiment de risquer ma vie à chaque fois que je dis quelque chose qui te contrarie.

- Il est hors de question que je te laisse partir, Ghalia.

- Cherche-toi un autre punching-ball. », dis-je en me retournant pour sortir de la salle à manger.

Mon oncle agrippe mon poignet presqu'à en couper ma circulation sanguine. Je savais que lui annoncer une telle nouvelle allait l'énerver mais je le trouve particulièrement violent. D'habitude, il y a toujours un intervalle de dix minutes entre ses actes violents.

« Tu n'iras nulle part.

- Dans ce cas, tu me tueras aujourd'hui, parce que je ne compte pas passer la nuit entre ces murs. »

Ses pupilles dilatées plongent dans mes yeux. Je sens que son envie de m'envoyer un autre coup monte en flèche, pourtant, je ne compte pas céder.

Voilà plus de 2 ans que je vis avec mon oncle et chaque jour a été un véritable calvaire. J'ai vite compris que pour éviter de me balader de famille en famille, je devais tenir le rôle de la nièce un tant soit peu parfaite, mais je ne me suis jamais douté que je devais lutter pour ma survie à chaque fois que je disais quelque chose qui ne plaisait pas à Brice. La première fois qu'il a levé la main sur moi, c'était parce que j'avais dit du mal de sa sœur, ma chère mère. La deuxième fois parce que j'avais oublié de lui dire que j'allais rentrer tard après les cours du lycée. Et ensuite, les raisons sont devenues aussi banales que de passer devant lui sans le saluer. J'ai rapidement compris que je devrais fuir si je voulais préserver ma vie.

Certains temps, il était tellement gentil avec moi que j'avais l'impression d'avoir rêvé toute la scène de la veille. Finalement, il m'ait parut évident que c'est une personne extrêmement lunatique. À bien y réfléchir, il est bien du même sang que ma mère.

Voyant que la situation ne s'améliorerait pas, j'ai décidé de quitter cette maison avant que je meure par un malheureux concours de circonstances. Je ne sais pas exactement ce que je vais faire maintenant pour gagner de l'argent – même si j'hésite à accepter l'offre de ce couple qui a besoin d'une mère porteuse – mais je suis certaine d'une chose : je préfère pourrir dans la rue que de rester vivre ici quelques minutes de plus.

« C'est bien ce vaurien de Dave !, s'exclame-t-il en me lâchant.

- C'est toi, le problème.

- Tu es une tarée dégénérée qui n'est même pas capable d'exprimer une émotion qui n'est pas falsifiée. Tu ne survivras pas un mois en dehors de cette maison.

- Ça ne te regarde plus Brice. »

La main de mon oncle se lève pour abattre sur mon visage un nouveau coup mais l'entrée de sa fille, Landra, le stoppe un moment.

« Oh là, fait-elle en détaillant la scène. J'interromps quelque chose ? »

Nous la regardons sans rien dire et elle se concentre sur son téléphone entre ses mains avant de reprendre sa route vers les escaliers.

« Continuez en faisant moins de bruit s'il vous plait, j'ai un appel de Jason. »

Et elle disparait de mon champ de vision immédiatement. Ce n'est pas nouveau, elle n'intervient jamais quand son père me fait ça. J'ai à peine le temps de retourner la tête vers mon bourreau qu'il abat sa paume dure sur mon visage une nouvelle fois. La douleur n'est pas bien différente de celle de la fois précédente, comme il a été clément !

Je le regarde dans les yeux puis je tourne juste les talons pour aller récupérer mes affaires en bas des escaliers et sortir d'ici. Je crois que j'ai eu ma dose de coups pour toute ma vie.

« Reviens ici tout de suite Ghalia !, hurle Brice. Tu m'entends ? Ghalia-Meen ! Je t'interdis de sortir de cette maison. Ghalia-Meen !!! »

Je vais me gêner, tiens.


***

Kikouuu! Bien ou bien ?

Voici un petit souvenir de Ghalia, qu'en dites-vous ?

Vous vous attendiez à ce que son oncle soit violent?

La non-réaction de sa cousine ?

A votre avis elle a bien fait de les quitter quite à se battre pour survivre?

A vendredi pour un nouveau chapitre, xoxo

L'Ombre du Lilas Blanc, Tome 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant