Ji-Min.
Mon smartphone entre les doigts, je visse mon regard sur l'écran en essayant de faire abstraction de la sensation dérangeante du vibreur qui émane de l'appareil. Le nom qui s'affiche est "Boss Lady" suivit d'un cœur rouge : c'est ma mère. D'habitude, je n'hésite jamais à répondre à ses appels puisqu'elle ne m'appelle que très rarement pour rien. Mais aujourd'hui, je n'ai pas envie d'entendre ce qu'elle a à me dire, parce que je sais pertinemment qu'elle abordera le sujet de mon comportement de la fois dernière.
Les vibrations s'arrêtent au bout d'un moment et l'écran de mon téléphone devient noir avant de se rallumer presqu'immédiatement pour montrer une nouvelle notification. C'est un message de ma mère écrit en coréen. Je grimace. Ça ne fait aucun doute, elle est furieuse.
Boss Lady : "Si toi et moi n'avons pas une discussion d'ici ce soir, je te promets que tu dormiras dans le jardin jusqu'à nouvel ordre ! Tu as intérêt à ne pas m'éviter en rentrant, j'ai pris 3 jours de congé pour pouvoir te parler en tête à tête et aujourd'hui est le dernier. Je t'attends ce soir."
Le message le plus menaçant qu'elle m'ait envoyé ces trois derniers mois. Je gratte le bord de mon sourcil droit avec mon téléphone en me souvenant de la fois où Ji-Hun a passé la nuit dans le jardin, il y a sept ans parce qu'il avait dépassé son couvre-feu de 5 heures. Il a eu beau frapper la porte d'entrée pendant des minutes, hurler des paroles de repentance à l'endroit des parents et même jurer que si on le reprenait à refaire ça, il fallait le déshériter, rien n'avait marché cette nuit-là. On l'avait trouvé le matin allongé sur le perron recroquevillé comme un escargot, le sommeil agité par ses gestes destinés à chasser les insectes qui lui montaient sur le corps. Ce souvenir me donne des frissons que je préfère oublier. Je pense que je dois avoir une conversation avec elle.
En rangeant mon appareil dans la poche de mon pantalon en tissu beige d'une main, j'ajuste le col roulé de mon pull blanc cassé de l'autre. Je continue ma route en me disant que maman a raison, je l'évite depuis presque une semaine maintenant alors que je sais que c'est moi qui suis en tort dans cette histoire. J'ai même eu l'audace de mal parler à mon père dans ma colère. Mais qu'est-ce qui m'a pris ? J'ai surréagi et je m'en veux tellement que je n'ose même pas affronter ma mère. Et depuis, je me demande quelle sera ma punition pour cet affront.
Je secoue vivement la tête pour flouter toutes ces pensées. Il faut vraiment que je sorte tout ça de ma tête.
Des pas plus tard, je vois le restau Yollie's se dessiner devant moi et rien que l'idée de revoir Ghalia me réconforte un petit peu. Je pousse la porte de l'établissement pour me retrouver dans une salle pleine de personnes. Chacune des tables du restau a l'air occupée alors que nous ne sommes même pas encore vendredi et qu'il fait encore jour. Cet endroit a vraiment beaucoup de succès.
Je promène mon regard de part et d'autre de la grande pièce et je finis par trouver ce que je cherche. À une table de quatre reculée et avec une vue que personne n'envie, se trouve G-Meen, assise dos à moi. Je me dirige vers elle à pas rapides et je m'installe en face d'elle une fois à son niveau.
« Hey ! Comment tu vas ? », je demande avant de m'assoir en face d'elle.
Ghalia relève la tête vers moi tout en stoppant sa main qui ramenait à sa bouche son repas. Elle me regarde avec une lueur... d'exaspération ? J'en souris. Depuis que je lui ai fait cette petite blague la dernière fois à la bibliothèque, je me suis découvert un réel plaisir à la voir exprimer des émotions aussi banales – mais très souvent inexistante chez elle – que de l'agacement.
Ça doit faire un peu plus d'une semaine que je m'amuse à tester jusqu'où ses émotions peuvent se dévoiler et je dois dire que c'est particulièrement jouissif. J'ai été tellement souvent près d'elle – en cours comme un peu partout sur le campus – que maintenant je fais naître un semblant d'irritation dans son regard.
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L'Ombre du Lilas Blanc, Tome 1.
Romantizm"Il ne faut pas seulement penser à la chose elle-même mais il faut aussi la voir dans son environnement. Ainsi, le malheur peut se cacher derrière une belle chose." Ji-min est un jeune homme extraverti, joyeux, entouré d'amis loyaux et d'une famille...