Ghalia-Meen.
Maintenant mon récit terminé, je laisse tomber mon regard dans celui du garçon en face de moi. En une fraction de seconde, je vois tellement d'émotions l'animer que je n'arrive à distinguer aucune d'entre elles. En même temps, je pense que tout être humain normal réagirait de la même manière, non ?
Retenant son souffle, il cligne des yeux avant de froncer ses sourcils et de poser une main sur ma joue. Son geste est doux et affectueux, pourtant, je n'en veux pas.
Cette histoire, je ne l'ai jamais raconté à personne, même pas à ma mère dans le temps – elle n'avait jamais paru intéressée de toutes les manières. Même lorsque les policiers m'ont demandé de leur expliquer ce qu'il s'était passé des jours plus tard, je n'ai pas réussi à en parler. Je crois juste que mon cerveau a décidé de tout simplement l'effacer pour m'éviter de souffrir.
Les rares fois où je m'en rappelle, c'est quand j'entends – comme tout à l'heure – des feux d'artifice ou des coups de canon à confettis. C'est pourquoi j'évite les festivals ou les grandes fêtes mondaines. La première fois que j'ai entendu un bruit semblable à celui d'un coup de feu après l'assaut, j'ai plongé dans une panique telle que ma mère a dû faire appel à un médecin. Ayant compris que je n'arriverai jamais à gérer ça seule, j'ai décidé de m'éloigner de ce genre de bruit le plus possible.
Mais bon, je n'ai pas pu l'éviter aujourd'hui. J'ai bien cru que mon cœur allait sortir de ma poitrine quand ce feu d'artifice a résonné à côté de moi. Mes poumons, mon cerveau, mon estomac, aucun de mes organes ne fonctionnait normalement. J'ai eu l'impression, l'espace d'une seconde, de revivre toute la situation.
J'ai pratiquement revu mon père allongé devant moi, j'ai revu son sourire s'évanouir en même temps que la vie dans ses yeux, j'ai même senti son sang chaud toucher le bout de mes doigts. Pourtant, avant que je ne perde pieds, Ji-Min m'a ramené sur terre. Il m'a rassuré si facilement que je n'ai eu qu'une seule envie : tout lui raconter.
Pourquoi à lui et pas à ma génitrice ? J'ai su trouver dans son regard quelque de rassurant que je n'ai jamais trouvé chez personne d'autre. De toute ma vie, jamais personne – mis à part mon père – ne m'avait traité avec autant d'égard que Ji-Min. Il est le seul à me regarder avec des yeux remplis de tendresse, le seul à faire battre mon cœur par un simple sourire, le seul à comprendre aussi aisément mes regards... le seul à pouvoir calmer chacune de mes angoisses.
Il a toujours les bons mots et les bons gestes, il sait quoi dire pour stopper l'agitation qui se meut dans mon corps. Je suis vraiment... heureuse de le connaitre.
Ji-Min pose sa deuxième main sur mon autre joue puis m'incite à le regarder dans les yeux. Ses iris claires ajoutent de la douceur à son regard, ce qui fait fondre mon cœur. Après de longues secondes à le scruter, je vois des larmes naître dans ses yeux.
« Ne me dis pas que tu vas te mettre à pleurer !, dis-je difficilement avec mon visage dans ses mains.
- Comment réussis-tu à être aussi détachée après ce que tu viens de me raconter ?, questionne-t-il, les sourcils froncés.
- Cet évènement est la raison même pour laquelle je suis alexithymique, Ji-Min. En parler ne me dérange pas plus que ça, c'est le revivre qui pose problème. »
Il me lâche le visage puis me prend dans ses bras dans une étreinte chaleureuse. Ses mains caressant mon dos, il dit :
« Je suis tellement désolé pour toi, Ghalia.
- Il n'y a pas de quoi..., fais-je avec une petite voix qui dit le contraire de ce que je pense.
- Ce que tu as vécu est horrible, je n'ose même pas imaginer comment tu as dû le vivre. Reparle-m'en quand tu en auras envie ou besoin. Tout ce que je peux faire, c'est de te faire comprendre que je suis là pour toi maintenant. Tu n'as plus à porter ce fardeau seule. »
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L'Ombre du Lilas Blanc, Tome 1.
Romance"Il ne faut pas seulement penser à la chose elle-même mais il faut aussi la voir dans son environnement. Ainsi, le malheur peut se cacher derrière une belle chose." Ji-min est un jeune homme extraverti, joyeux, entouré d'amis loyaux et d'une famille...